À QUOI RÊVENT LES QUÉBÉCOIS ? VIE À L’ÉCOLE

L’école rêvée par les hommes

Dans le sondage commandé par La Presse sur les rêves des Québécois, là où les réponses des hommes et des femmes ont été le plus polarisées, c’est au sujet de l’école idéale.

Une majorité d’hommes interrogés souhaite davantage d’activités physiques intégrées au programme scolaire, alors que de leur côté, les femmes rêvent surtout de voir leurs enfants faire moins de devoirs.

Devant ces différences, nous avons sondé à notre tour quelques rares hommes qui enseignent à l’école primaire. Comment, avec leur perception masculine des choses, changeraient-ils le monde de l’éducation ?

S’ils croient qu’ultimement, leur vision se rapproche de celle de leurs collègues féminines, ils assument leur différence. « Je commence la réunion de parents en lançant à la blague que, pour ceux qui n’avaient pas remarqué, eh oui, je suis un homme, et que oui, je vois les choses autrement que si j’avais été une femme. Mon côté plus ludique, je l’exploite à fond ! », indique d’abord Damir Metz-Fleury, enseignant à Montréal.

Encore en début de carrière, il rêve d’une école où les jeunes bougeraient davantage, mais aussi d’un milieu plus axé sur les technologies. « On ne peut pas se lancer sur n’importe quel truc informatique n’importe comment, mais j’aimerais que l’école soit plus adaptée à son temps, plus ouverte », expose-t-il.

Un souhait largement partagé par Richard Angeloro, orthopédagogue dans une communauté crie au nord de Chibougamau. « Mon école rêvée ? Entre autres, j’amènerais le milieu scolaire au XXIe siècle, pour que l’on mette de côté la nostalgie d’Émilie Bordeleau. J’amènerais encore plus de technologie dans les classes. Pas pour les loisirs, mais pour la mettre au service des apprentissages. Notre rôle est d’amener les élèves à accéder à toute forme de savoir, et leur enseigner à exercer leur jugement. »

UNE ÉCOLE MIEUX ADAPTÉE AUX « ACTIFS »

Le débat a déjà fait couler beaucoup d’encre, mais la question préoccupe toujours les enseignants : le milieu scolaire doit se montrer plus inclusif avec les élèves les plus actifs, les garçons en particulier.

« Comme prof gars, je pense que je suis plus sensible à cette question. J’ai moi-même vraiment besoin de bouger ! », raconte Claude Nepveu, enseignant en 4e année du primaire à Montréal. Il ajoute que, dans son approche, il fait un peu moins attention « aux petits détails » dans le comportement des élèves les plus actifs.

«  Inconsciemment, on est formés pour enseigner surtout aux filles, et quand je dis filles, j’inclus les garçons qui sont du même spectre affectif. » — Richard Angeloro

« Ceux qui sont dans le spectre actif – les garçons, surtout – , on les met un peu de côté sans qu’on s’en rende compte. Mais plus ça va, plus l’écart s’accentue », poursuit M. Angeloro. Il faudrait plus d’activités physiques, comme le suggèrent les répondants du sondage de La Presse, mais une approche plus active en classe, aussi. « J’aime bouger, me promener dans ma classe, explique Damir Metz-Fleury. Peut-être que cette approche plus physique plaît aux garçons… et aux filles aussi ! »

Richard Angeloro ajoute que le sport peut aussi servir de prétexte à de nouveaux apprentissages. « Ce n’est pas seulement ajouter de l’activité physique juste pour faire du sport, mais de chercher ce que l’enfant peut développer comme apprenant à travers ces activités », suggère-t-il.

TOUT PRÈS DE L’ÉCOLE IDÉALE

À quelques années de la retraite, Claude Nepveu ajoute un bémol au concept d’école idéale : il constate que son quotidien n’est pas très loin de ce qu’il souhaitait en début de carrière. «  Tout n’est pas parfait, mais la pédagogie a tellement évolué ! Par exemple, tu ne vois presque plus de jeunes se faire humilier par des adultes, comme c’était le cas avant, illustre-t-il. Quand je vois à quel point les enseignants sont dévoués, je me dis que les jeunes d’aujourd’hui sont chanceux. »

N’empêche. L’enseignant constate que, dans certains milieux, le manque de ressources est criant. Hommes ou femmes, tous les enseignants travaillent dans des conditions souvent difficiles, rappelle-t-il. « On comprend mieux les problèmes d’apprentissage aujourd’hui, explique-t-il. Le manque de ressources nous apparaît donc pire, car on sait maintenant que l’on peut agir ! »

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