Saint-Tite

La grand-messe des cowboys

Paul-Émile Landry a eu une grosse semaine. Le curé de Saint-Tite a célébré sept messes et un mariage « western » dans son église, attirant au total 10 000 fidèles. Pleins feux sur une liturgie haute en couleur.

Des cowboys à l’église

Quand il est arrivé à Saint-Tite en 1994, le curé Landry a eu la surprise de constater que ses fidèles s’attendaient à ce qu’il décore son église et mette un chapeau de cowboy durant les messes coïncidant avec le Festival western, en septembre. « J’ai décidé de m’y mettre, explique le prêtre. J’ai contacté un petit cousin, Claude Lefebvre, qui faisait du country religieux avec sa famille, et on a élargi le concept. On est arrivés à un total de neuf messes. Là, il y en a sept et il y a aussi un mariage western à l’église. » Claude Lefebvre, au fil des ans, a composé plusieurs disques de chansons comme Elle s’appelait Marie, Dieu revient ou Entends ma prière. « Ma préférée, c’est Entrez chez moi », dit M. Lefebvre, en entrevue de Trois-Rivières. C’est aussi celle du père Landry. « Il y a plusieurs moments forts, comme quand on joue Entrez chez moi au début, le Gloire à Dieu sur un rythme western, avec les gens qui battent des mains, ou le Notre Père, qu’on chante en faisant une chaîne de fraternité. La culture western est très proche des valeurs chrétiennes : l’accueil, la célébration, la joie. Des fois, on me demande pourquoi je m’associe à un événement commandité par une brasserie, et je réponds que Jésus, quand on a manqué de vin aux noces de Cana, a transformé l’eau en vin. » Durant le festival, l’église, qui accueille normalement 300 fidèles le dimanche, est remplie à craquer, soit 1000 personnes, selon le père Landry.

Se marier au festival

Chaque année, le Festival choisit un couple qui peut se marier lors d’une cérémonie western. « On a une vingtaine de demandes par année », explique le responsable du dossier au Festival, Hugues Carpentier. « On privilégie les gens de l’organisation, puis ceux de Saint-Tite, mais cette année c’était un couple de Blainville. » Nathalie Genest et Marc Bazinet ont présenté leur demande deux fois. « Cette année, on a envoyé une vidéo pour expliquer pourquoi c’était important pour nous de nous marier durant le festival », expliquent le pompier et l’infirmière de Blainville, qui sont en couple depuis 27 ans et ont deux enfants adultes, Vincent et Marc-Olivier, qui ont été garçons d’honneur. M. Bazinet a fait des rodéos jusqu’à la vingtaine et Mme Genest a toujours aimé la musique country. Était-ce important pour eux de se marier à l’église ? « Oui, dit Mme Genest. On n’est pas pratiquants, même si en fait on pratique plus souvent qu’on pense dans la vie, mais ce sont quand même nos croyances. » Le couple prévoit faire son voyage de noces en 2019 à Nashville avec leurs garçons, eux aussi fans de country.

Le country en région

La tradition de la messe western dérive de celle des « messes à gogo », selon l’animateur David-Éric Ouellet, aussi connu sous le nom de MC Gilles. « Dans les années 70, on s’est dit que les jeunes retourneraient à l’église si on jouait de la musique populaire durant les messes. Finalement, ce sont les messes westerns qui sont restées. Le country est très populaire en région, j’ai déjà vu une affiche avec Cayouche en haut et Roch Voisine en petit en bas. Et dans les villages, comme chez nous à Sainte-Anne-de-la-Pérade, l’église est souvent le lieu principal de rassemblement, où ont lieu les spectacles. J’ai des amis en Gaspésie, de jeunes chanteurs, qui ont fait baptiser leur enfant récemment. C’est normal, ça ne veut pas dire qu’ils sont particulièrement croyants ou pratiquants. »

Au Mexique aussi

À l’occasion de l’Épiphanie, le 6 janvier, des centaines de cavaliers convergent vers la montagne de Cubilete, au centre du Mexique, pour la « chevauchée du Christ-Roi ». L’événement, qui dure plusieurs jours, se termine par une messe en plein air à laquelle les fidèles assistent en selle. La Cabalgada de Cristo Rey commémore une guerre dans les années 20 entre un gouvernement anticlérical et une guérilla catholique.

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