CHU Sainte-Justine le Combat pour l’autonomie

La médecin qui a fait reculer Gaétan Barrette

Très peu de gens ont fait reculer le ministre de la Santé Gaétan Barrette. La Dre Valérie Lamarre, elle, a réussi. La médecin n’avait jamais milité de sa vie avant de plonger corps et âme dans un combat pour l’autonomie de l’hôpital Sainte-Justine. Bienvenue dans les coulisses d’une victoire « de toute une communauté », précise celle qui a le triomphe modeste.

Un vendredi chargé

« Yeeeeeeee ! Bravo ! Tu as eu l’annonce, j’espère ? »

Nous sommes le 20 avril. Il est 16 h 04. Lorsque la Dre Valérie Lamarre reçoit le texto de la Dre Diane Francoeur, elle ignore à quoi fait référence sa collègue au CHU Sainte-Justine désormais à la tête de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ).

« Non ? ! ? », lui répond la Dre Lamarre, intriguée.

Ce vendredi-là, la pédiatre infectiologue est de garde à l’hôpital du chemin de la Côte-Sainte-Catherine. Sa fin de journée est très chargée. Elle a quatre externes en médecine à rencontrer pour leur évaluation. De petits patients hospitalisés à voir. Beaucoup de paperasse à remplir. Tout doit être fait avant le week-end.

Dans deux semaines, le 6 mai, une grande manifestation doit culminer devant Sainte-Justine pour réclamer au gouvernement de Philippe Couillard qu’il redonne à l’hôpital pédiatrique une gouvernance autonome. De 3000 à 5000 personnes, dont des enfants malades et leurs familles, sont attendues.

Mais pour l’instant, la Dre Lamarre est dans un couloir d’une unité de soins, les yeux rivés sur son cellulaire.

La présidente de la FMSQ lui transmet alors une photo du bref communiqué de presse que le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, vient d’envoyer. Il annonce son intention de procéder au « dégroupement » du conseil d’administration du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et du Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine.

La leader de la Coalition pour l’avenir du CHU Sainte-Justine relit le communiqué plusieurs fois. Elle ne rêve pas. Elle a réussi à faire reculer le gouvernement. Le ministre Barrette, qui maintient fermement depuis deux ans qu’il n’a aucune intention de revenir sur sa décision de centraliser les administrations des deux hôpitaux universitaires, a finalement changé d’idée.

Prudence

Le communiqué d’à peine trois paragraphes publié ce vendredi-là n’explique pas les raisons de sa volte-face, que la Dre Lamarre apprend « en même temps que tout le monde ».

« C’est une vieille technique de publier un communiqué un vendredi après-midi pour que la nouvelle passe sous le radar », note l’ancienne ministre libérale Marguerite Blais, qui a publiquement appuyé la Coalition.

« On était soulagés, mais prudents. Tout ce qu’on avait, c’était ce communiqué », a résumé la Dre Lamarre lors d’une entrevue accordée à La Presse la semaine dernière.

La médecin a accepté de revenir sur la « campagne marathon » qui l’a opposée au gouvernement de Philippe Couillard et à son ministre de la Santé seulement après que le décret sur le « dégroupement » eut été publié dans la Gazette officielle (ce fut le cas mercredi).

Jusqu’à la dernière minute, la Dre Lamarre a craint que le gouvernement ne lui réserve une « autre mauvaise surprise ». Elle ne voulait surtout pas crier victoire trop vite.

C’est que le 3 septembre 2015, le gouvernement Couillard a « pris tout le monde par surprise » en annonçant que le CHUM et l’hôpital pédiatrique partageraient désormais une seule direction générale et un seul conseil d’administration.

Le CHU Sainte-Justine avait pourtant été exclu des fusions d’hôpitaux annoncées à l’automne 2014. « L’inquiétude est née au conseil des médecins, dentistes et pharmaciens [CMDP] à la seconde où le regroupement a été annoncé, se souvient-elle. Ça a commencé par des conversations de corridor. Je me souviens de mon chef de service qui, le jour même, m’a dit : “Il n’y a rien de bon là-dedans pour Sainte-Justine.” »

Maintenant que sa victoire est confirmée noir sur blanc, la Dre Lamarre accepte de raconter comment la coalition dont elle était le visage public a réussi à faire plier Gaétan Barrette, un ministre « autoritaire », selon elle, « qui change peu d’idées ».

Le plan de match

« Il ne faut pas que ça reste une affaire de docteurs. »

Au printemps 2016, le bureau de direction du conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) du CHU Sainte-Justine prépare son plan de match.

Réunis en assemblée générale quelques mois plus tôt, en février, les professionnels de l’hôpital lui ont donné le mandat d’entreprendre des actions pour « protéger l’avenir » de l’établissement.

La Dre Valérie Lamarre – qui hérite de la présidence du CMDP ce printemps-là – se prépare à livrer la lutte de sa vie. Son premier combat public, en fait, puisqu’elle n’a jamais milité de son existence.

Cette femme « hyper conciliante » « n’a pas l’habitude de brasser trop d’eau », décrit le chirurgien Michel Lallier, aussi membre du bureau de direction du CMDP.

« Ce n’est pas une femme qui cherche les projecteurs. Elle est plutôt du genre à redistribuer le mérite à toute l’équipe de soins lorsqu’elle fait un bon coup pour un patient. »

— Mona Beaunoyer, chirurgienne et vice-présidente du CMDP

En même temps, affirme le Dr Lallier, il ne faut pas se surprendre de son implication, car elle s’est toujours investie corps et âme pour offrir les meilleurs soins aux patients.

Large appui

D’entrée de jeu, le bureau de direction s’entend : les professionnels de l’hôpital doivent obtenir des appuis variés et diversifiés à l’intérieur et à l’extérieur de l’établissement.

Et surtout, il faut « rester dans le respect ». « On était tous d’accord que ce ne serait pas une campagne pour démolir des individus », raconte la Dre Lamarre.

Des gens qui ont croisé le fer avec le ministre Barrette dans le passé l’ont mise en garde. « Plusieurs m’ont dit : “Fais attention, ça va se revirer contre toi” », dit la médecin de 51 ans, qui exerce à Sainte-Justine depuis plus de 20 ans.

Sauf que l’infectiologue estime qu’elle n’avait rien à perdre « personnellement », au contraire de l’hôpital, qui avait tout à perdre dans ce regroupement « forcé ».

Depuis l’annonce du gouvernement Couillard, survenue en septembre 2015, que le CHUM et l’hôpital pédiatrique partageraient désormais une seule direction générale et un seul conseil d’administration, le bureau de direction du CMDP avait consulté plusieurs experts en gouvernance.

« Tout le monde nous répondait la même chose : “Tôt ou tard, vos décideurs vont avoir à faire des arbitrages entre le monde adulte et le monde pédiatrique, et comme la médecine adulte pèse plus lourd, ils vont pousser en faveur des projets du monde adulte. La médecine pédiatrique va en souffrir.” » — La Dre Valérie Lamarre

« La tête du ministre Barrette ne nous a jamais intéressés, poursuit-elle. Ce qu’on a toujours voulu, c’est défendre une institution laissée en héritage par les femmes qui l’ont fondée il y a 110 ans et les artisans qui ont passé les 110 dernières années à l’améliorer, à la construire. »

Alors, même si elle a toujours préféré le compromis à l’affrontement, en plus d’avoir horreur de prendre la parole en public, la Dre Lamarre est devenue la porte-étendard de la cause. Elle ne voulait pas être de « la génération qui était de garde » lors de la fusion et qui a « laissé tomber » l’hôpital.

Tatoué sur le cœur

La première fois qu’elle a mis les pieds à Sainte-Justine, en 1989, Valérie Lamarre était étudiante en médecine à McGill. Elle venait y faire un externat optionnel en pneumologie. « Quand tu arrives comme externe dans une unité de soins, tu es toujours comme un cheveu sur la soupe, illustre-t-elle. Tu déranges tout le temps, mais tu as un travail à faire. Ici, les infirmières m’ont tout de suite donné un coup de main. Elles étaient dévouées, aidantes. J’ai eu le coup de foudre pour le milieu de travail. »

Fille d’un père avocat et d’une mère à la maison, elle a su qu’elle deviendrait médecin dès la fin du secondaire. Cette première de classe aimait le « défi intellectuel » et le contact avec les gens que la médecine permet. Admise à la faculté de médecine de McGill alors qu’elle parlait à peine anglais, la jeune femme originaire de Chicoutimi dit à la blague qu’elle devait être le « quota ethnique » de McGill cette année-là.

La Dre Diane Francoeur, qui la côtoie à Sainte-Justine depuis 20 ans, affirme que la Dre Lamarre a toujours été « très engagée » pour améliorer son service pédiatrique même si elle n’avait jamais mené de combat sur la place publique. Elle n’a donc pas été étonnée de la voir « conduire le train » de la Coalition – puisque le regroupement était mû par cette même mission de faire avancer la médecine pédiatrique.

Accusée de fabuler

« Des gens qui veulent absolument revenir en arrière », qui « ont peur d’avoir peur », qui « pensent qu’il y a un complot contre eux » : le ministre Barrette n’avait montré aucun signe d’ouverture aux arguments des professionnels de Sainte-Justine depuis 2015. Et il avait refusé les trois demandes de rencontre officielle que la Coalition lui avait envoyées.

Alors que le ministre accusait les membres de la Coalition sur la place publique de « fabuler », la Dre Lamarre ne cache pas avoir vécu des « moments de doute ». « Dans un hôpital, on est toujours en train d’attendre un budget, une décision ministérielle. Avec les réponses [du ministre] qu’on recevait, on se disait : il ne faut pas que l’hôpital subisse des mauvaises conséquences de notre mouvement. Mais en y réfléchissant davantage, on se rassurait : il n’y a pas de raison de subir de mauvaises conséquences, c’est un débat de fond sur l’avenir d’une institution. »

La Dre Lamarre était toujours celle qui rappelait aux collègues qui piaffaient d’impatience devant l’obstination du ministre qu’il fallait faire un travail argumentaire minutieux et ne pas précipiter les actions, confirme la Dre Beaunoyer.

« On savait que Gaétan Barrette n’allait jamais plier si on se contentait de dire qu’on n’aimait pas sa décision. C’est un être intelligent et… entêté, alors c’était à nous de présenter des arguments solides pour lui faire entendre raison sans jamais attaquer son intégrité, celle du premier ministre ou celle du DG Fabrice Brunet. »

— Le Dr Michel Lallier

Le bureau de direction du CMDP était convaincu à l’époque – et l’est toujours – que le regroupement s’est fait pour une unique raison : régler les problèmes du CHUM en confiant les rênes du superhôpital au Dr Brunet, le très dynamique directeur général de Sainte-Justine qui tenait à conserver son poste à la tête de l’hôpital pédiatrique en plus de ses nouvelles fonctions au CHUM.

La fille « dans les médias »

Durant cette période, la Dre Lamarre et le ministre de la Santé se sont croisés deux fois dans des évènements officiels.

« Ah, c’est toi qu’on voit dans les médias », lui a lancé le ministre lorsqu’ils ont été présentés l’un à l’autre pour la première fois en 2016. « Pas autant que vous », lui a répondu la Dre Lamarre, qui affirme que leurs brefs échanges ont toujours été courtois.

La seconde fois, alors que le ministre avait été invité à prononcer un discours à Sainte-Justine, des médecins s’étaient postés stratégiquement aux entrées. Ils y distribuaient des macarons invitant les gens à la grande manifestation du 6 mai.

Le ministre a décliné l’offre de porter le macaron – en disant, avec une pointe d’humour, que ça allait abîmer son veston.

Les actions

Lettres ouvertes dans les journaux, campagne sur les réseaux sociaux, envoi de peluches aux élus, démarches devant les tribunaux, appuis publics des syndicats, des partis de l’opposition, d’associations de familles d’enfants malades et de vedettes artistiques, projet d’une grande marche rassembleuse : la coalition menée par la Dre Valérie Lamarre n’a pas lésiné sur les moyens d’action pour faire valoir sa cause.

Lorsqu’on lui demande ce qui, à son avis, a fait reculer le ministre Gaétan Barrette, la Dre Lamarre répond : la variété des appuis récoltés à l’hôpital et dans la population.

« La solidarité de l’ensemble de la communauté [de Sainte-Justine] a été extraordinaire », souligne cette femme d’équipe qui a insisté auprès de La Presse pour que soit photographié le « noyau dur » de la campagne – des médecins, mais aussi des représentants des syndicats locaux de professionnels en soins, des employés d’entretien et de plusieurs corps de métier qui travaillent dans l’hôpital.

La présidente de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, la Dre Diane Francoeur, croit aussi que « la mobilisation de la population a fait la différence ». Celle qui a souvent croisé le fer avec le ministre Barrette au cours des dernières années y voit une source d’inspiration.

« J’encourage tous les médecins de toutes les régions à s’allier aux patients et à leur famille quand des décisions du gouvernement n’ont pas de sens », lance la Dre Francoeur.

Militer « entre deux patients »

Malgré le nombre incalculable d’heures qu’elle a consacrées à la campagne, la Dre Lamarre s’est fait un devoir de ne pas réduire sa pratique comme pédiatre infectiologue. Durant ses semaines « de garde », la médecin arrivait à 7 h le matin pour quitter l’hôpital « au plus tôt » à 18 h.

Ses activités militantes avaient lieu « entre deux patients », les soirs et les fins de semaine. « Mon mari et mes filles ont été patients », dit cette mère de deux jeunes femmes, toutes deux étudiantes en médecine, qui suivent donc les traces de leurs parents – son mari aussi est docteur.

Un jour, toujours à l’affût de gazouillis et de commentaires en leur faveur sur les réseaux sociaux, la Dre Lamarre a remarqué que l’ancienne ministre libérale Marguerite Blais semblait appuyer la campagne.

« C’est l’appel le plus facile que j’ai fait », raconte la Dre Lamarre, qui a rencontré – avec les autres membres du comité vigilance et mobilisation du CMDP – une cinquantaine d’associations et de personnalités publiques au fil des derniers mois.

« Injuste »

Alors retraitée de la politique depuis trois ans, Mme Blais a accepté tout de suite de leur donner un coup de main dans la campagne.

« Je trouvais que Sainte-Justine était victime d’une injustice », raconte l’ancienne libérale qui a annoncé récemment qu’elle faisait un retour en politique, cette fois à la Coalition avenir Québec. « Le Dr Barrette avait promis de respecter l’autonomie de l’hôpital en 2014 et il n’a pas tenu parole. »

Mme Blais dit avoir découvert en la Dre Lamarre une femme « très accessible », qui « nous fait rapidement sentir comme une amie ». « Pour s’opposer au ministre de la Santé, on sait qu’il est très directif, ça prend quelqu’un de fort », poursuit Mme Blais. 

« Mais une personne seule a peu de chances de réussir, il fallait quelqu’un comme la Dre Lamarre, capable de fédérer beaucoup de monde à sa cause. »

— Marguerite Blais, ex-députée libérale et candidate pour la CAQ

Ainsi, à la fin de l’été dernier, 80 % des médecins de Sainte-Justine ont signé une lettre argumentaire envoyée au premier ministre Philippe Couillard dans laquelle le CMDP déconstruisait les arguments du ministre de la Santé sur le regroupement.

Le ministre Barrette a toujours soutenu que le regroupement aurait une « valeur ajoutée » en permettant « un continuum de soins, de recherches et d’innovation de la naissance à la mort ». Selon lui, le suivi médical des enfants se ferait plus facilement lors de leur passage à l’âge adulte.

Or, les médecins de Sainte-Justine ont fait valoir que, sur les quelque 300 000 visites annuelles d’enfants par année, environ 1000 enfants ont besoin d’un suivi plus rigoureux pour un transfert en centre hospitalier adulte. De ce nombre, seulement 200 sont dirigés vers le CHUM pour des procédures très spécialisées.

« La seule réponse qu’on a eue, c’est : “J’avais le droit de faire cela, j’ai des bonnes raisons de le faire et je ne veux pas vous rencontrer” », se souvient la Dre Lamarre. Plutôt que de la décourager, cela a motivé l’équipe à vérifier l’aspect légal du regroupement (le CMDP obtiendra ensuite un avis juridique jugeant illégale la fusion et s’apprêtait à avoir recours aux tribunaux lorsque le ministre a reculé).

Des moments forts

La Dre Lamarre retient deux « moments clés » de ce long combat.

Pour le lancement de sa campagne de sensibilisation sur les réseaux sociaux, le comité de mobilisation avait invité tout le personnel de l’hôpital à une conférence de presse.

L’amphithéâtre de 300 places de l’établissement avait été réservé pour l’occasion, sur l’heure du dîner. La réponse a dépassé ses attentes. L’amphithéâtre était bondé. Des gens étaient debout à l’arrière et sur les côtés de la pièce. Des infirmières en congé de maternité s’étaient déplacées avec leur bébé naissant.  « On s’est dit : “Wow, tout l’hôpital est derrière nous” », se rappelle la Dre Lamarre.

Autre moment marquant : lorsque des parents d’enfants malades ou handicapés ont décrit leur attachement à l’hôpital à l’occasion d’une autre conférence de presse. « C’était tellement touchant de voir ces mères-là, qui ont des enjeux significatifs dans la vie quotidienne, se déplacer pour nous, dit la Dre Lamarre. Comme personnel soignant, on s’occupe de leurs enfants, mais ce jour-là, c’est elles qui étaient venues s’occuper de nous. »

La Coalition a multiplié les occasions de se faire entendre. Ainsi, lors de la Journée internationale des femmes, le 8 mars dernier, une manifestation devant l’hôpital a été organisée pour « rendre hommage aux fondatrices » de l’établissement.

Venu appuyer la cause, l’ex-ministre de la Santé et fondateur du régime d’assurance maladie Claude Castonguay s’est alors dit choqué de voir que le ministre Barrette avait respecté l’autonomie de l’Institut neurologique de Montréal et de l’Institut de cardiologie de Montréal, deux établissements créés et dirigés par des hommes, alors qu’il avait forcé la fusion de Sainte-Justine, « un hôpital créé par des femmes, qui a toujours été animé par des femmes ».

Les trois grandes centrales syndicales – d’abord la CSN, puis la FTQ et la CSQ – ont donné leur appui au mouvement. Tout comme les partis de l’opposition.

À la fin du mois d’avril, l’organisation de la grande manifestation du 6 mai allait bon train. Des milliers de personnes étaient inscrites. « On s’enlignait vers l’évènement le plus fort de la campagne », dit la Dre Lamarre.

Puis le communiqué du ministre de la Santé a été publié un vendredi après-midi. La manifestation a été annulée. À la place, aujourd’hui, la Coalition invite tous ceux qui l’ont appuyée à déguster croissants et crème glacée devant Sainte-Justine à 11 h.

« On ne restera pas en mode combat, mais il faut utiliser nos forces à l’interne et le dévouement que les gens ont envers leur hôpital pour bâtir l’avenir de l’institution. » — La Dre Valérie Lamarre

Est-ce que cette première expérience militante lui a donné envie de sauter dans l’arène politique ?

La question la surprend. « Ce n’est vraiment pas dans les plans, répond-elle. J’ai beaucoup de respect pour ceux qui font du service public, c’est vraiment un don de soi, mais j’ai beaucoup de plaisir à faire mon vrai métier. »

À la fin de l’entrevue, vers midi, la Dre Lamarre s’excuse, mais elle doit partir car il lui reste une heure avant le début de ses consultations et elle consacre son heure de dîner à une patiente – une nouvelle maman qui a perdu l’un de ses jumeaux à cause d’une maladie infectieuse durant sa grossesse. La mère a plusieurs craintes concernant la santé du bébé qui a survécu. La médecin veut prendre le temps nécessaire pour la rassurer sans faire attendre les autres patients de la clinique. Tant pis pour l’heure de dîner.

La réaction du ministre

« Le ministre tient à féliciter toutes les équipes qui ont réussi à mener à bon port deux projets immobiliers majeurs, incluant deux déménagements complexes, mais également le projet Grandir en Santé du CHU Sainte-Justine. Face à ces succès, nous entrons dans une nouvelle ère où il nous apparaît opportun de disposer d’un modèle administratif légèrement modifié, en revenant à un modèle plus traditionnel de deux institutions comprenant leur propre conseil d’administration et leur propre direction. Elles devront toutefois s’assurer de demeurer complémentaire dans leur mission respective », a fait savoir par courriel le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, par la voix de son attachée de presse, Catherine W. Audet. Aucun autre commentaire ne sera fait puisque le dossier est clos, a-t-il précisé.

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