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À l’ombre de l’orthorexie

Jordan Younger paraissait éclatante de santé sur son blogue The Vegan Blonde. La réalité était tout autre, dit-elle : « J’étais misérable. J’étais devenue obsessive à l’extrême, j’avais éliminé tous les groupes alimentaires un à un, et j’avais développé toutes sortes de phobies. »

« Je passais 100 % de mon temps à préparer mes repas, explique-t-elle. Si je n’étais pas en train de cuisiner, je pensais à mes prochaines recettes ou à ma liste d’épicerie. Je planifiais des semaines à l’avance. Je me couchais en pensant à ce que j’allais manger au déjeuner, et je déjeunais en pensant au dîner. »

Le désir de manger sainement, une bonne chose en soi, peut basculer vers l’orthorexie lorsqu’il devient une obsession maladive. « Les gens développent une rigidité et ça devient impossible de dévier. C’est un job à temps plein », explique la psychologue Stéphanie Léonard, qui précise qu’« il faut être prudent dans les interprétations parce que c’est un trouble qui n’est pas encore officiellement reconnu ». (Cela pourrait changer prochainement, puisque l’orthorexie a failli être intégrée à la version la plus récente du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, le DSM.)

Il n’existe pas pour l’instant de critères officiels permettant de diagnostiquer ce trouble alimentaire. De manière informelle, cependant, il y a le test de Bratman, conçu il y a une vingtaine d’années par le médecin californien qui a inventé le terme « orthorexie ».

Test de Bratman

1. Passez-vous plus de trois heures par jour à penser à votre régime alimentaire ?

2. Planifiez-vous vos repas plusieurs jours à l’avance ?

3. La valeur nutritionnelle de votre repas est-elle à vos yeux plus importante que le plaisir de le déguster ?

4. La qualité de votre vie s’est-elle dégradée alors que la qualité de votre nourriture s’est améliorée ?

5. Êtes-vous récemment devenu plus exigeant envers vous-même ?

6. Votre amour-propre est-il renforcé par votre volonté de manger sainement ?

7. Avez-vous renoncé à des aliments que vous aimiez au profit d’aliments « sains » ?

8. Votre régime alimentaire gêne-t-il vos sorties, vous éloignant de votre famille et de vos amis ?

9. Éprouvez-vous un sentiment de culpabilité dès que vous vous écartez de votre régime ?

10. Vous sentez-vous en paix avec vous-même et pensez-vous bien vous contrôler lorsque vous mangez sainement ?

Le site Extenso de l’Université de Montréal indique que vous souffrez peut-être d’orthorexie si vous avez répondu oui à quatre de ces questions ou plus, et vous suggère alors d’en parler à un nutritionniste et à un psychologue.

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