QUÉBEC

Les défis de l’industrie du ski

Entourées des géants du Nord-Est américain qui ne cessent d’investir, exposées à la concurrence croissante d’autres sports et confrontées à des frais d’exploitation toujours plus élevés, les stations de ski du Québec font face à de nombreux défis. Mais le président de l’Association des stations de ski du Québec (ASSQ), Yves Juneau, préfère parler du plaisir de skier et de l’accessibilité des stations présentes dans tous les coins du Québec. Et au passage, il explique les défis auxquels fait face son industrie.

CRÉER UNE RELÈVE

« Le vieillissement de la population et la multiplication des offres d’activités sportives en hiver freinent le développement de la relève skieuse. La concurrence est maintenant forte avec des sports comme le soccer, qui peut se pratiquer à l’intérieur même l’hiver. Il y a aussi la propension de plusieurs à dénigrer le froid et l’hiver. Il faut donc créer une relève. C’est pour ça que nous avons développé six centres d’initiation au ski dans des parcs de villes du Québec, dans les régions de Montréal, Québec, Saint-Hyacinthe et Gatineau. On installe un tapis roulant, on fournit l’équipement, des moniteurs, on y reçoit des groupes scolaires. Il faut aussi mettre l’accent sur le plaisir du ski, le bénéfice du sport, le fait que c’est une activité familiale. Les parents n’ont pas à aller conduire leurs enfants et à les regarder des gradins », explique Yves Juneau. Il ajoute que le développement des équipements ces 20 dernières années a rendu le ski plus amusant et facile pour les novices et fait retourner à leurs anciennes amours certains skieurs qui avaient abandonné le sport.

LA CONCURRENCE AMÉRICAINE

« La concurrence est très forte dans notre milieu, surtout du côté du Vermont, où il y a eu des investissements importants dans les stations de ski ces dernières années. Surtout grâce au programme d’investisseurs étrangers. Jay Peak bénéficie de ce programme qui lui a permis d’investir massivement et de devenir très attrayant. Nous n’avons pas d’équivalent au Québec », déplore Yves Juneau.

Le programme américain EB-5 dont il parle permet à des étrangers, en échange d’un investissement minimal de 500 000 $ permettant de créer ou préserver 10 emplois dans une région au fort taux de chômage, d’obtenir pour eux et leur famille la résidence permanente aux États-Unis.

Cette manne a permis à Jay Peak de développer son secteur immobilier et de construire un immense centre de jeux aquatiques.

AIDE DE L’ÉTAT

« Il existe de notre côté quelques programmes d’Investissement Québec avec lesquels on peut aller chercher un peu d’investissement. Mais en cette période d’austérité, nos attentes envers l’État ne sont pas très grandes », admet M. Juneau.

Il parle du Plan de développement de l’industrie touristique québécois, qui vise entre 2012 et 2020 une augmentation de 7 millions du nombre de visites touristiques au Québec et des recettes additionnelles de 7 milliards.

« Il va falloir que l’industrie du ski bénéficie de ce plan. Déjà une des nos stations, Montcalm, dans Lanaudière, a pu investir cette saison grâce au Programme d’appui au développement des attraits touristiques [qui est associé au plan 2012-2020] », dit-il.

M. Juneau se félicite de la présence d'acteurs de classe mondiale au Québec, comme Intrawest à Tremblant, et Resort of the Canadian Rockies à Québec. Mais tous les propriétaires de stations n’ont pas les poches aussi profondes.

COÛT DE L’ÉNERGIE

L’électricité représente de 20 à 60 % des coûts d’opération des stations de ski du Québec. C’est trop d’argent, qui plus est dans une province qui dispose de surplus énergétiques, plaide l’ASSQ. Les stations de ski militent depuis longtemps auprès du gouvernement et d’Hydro-Québec pour trouver une façon de réduire ces coûts, par des tarifs préférentiels, par exemple.

« Aux États-Unis, les stations profitent de meilleurs tarifs que nous. Leur marché est plus ouvert, ils peuvent donc négocier avec plus d’un fournisseur d’électricité, et obtenir de bons tarifs en faisant de l’achat groupé », explique M. Juneau, qui rêve de voir la même chose au Québec.

COMMENT VENDRE LE QUÉBEC

Ses montagnes ne sont peut-être pas les plus hautes, mais le Québec a tout de même beaucoup à offrir aux touristes de l’extérieur de la province, plaide Yves Juneau. « Nos montagnes sont variées et nous pouvons vendre un tout, pas juste du ski. Par exemple, dans la région de Québec, vous pouvez skier la montagne de votre choix avec un billet unique et passer du temps à Québec. Dans les Cantons-de-l’Est, en plus du ski, il y a tout l’aspect produits du terroir et gastronomie. À Tremblant, c’est le fait que tout soit intégré qui attire. Il y a tout l’aspect sauvage de l’est du Québec, avec ça, nous avons de quoi vendre le ski au Québec aux Ontariens et aux résidants de la Nouvelle-Angleterre », décrit Yves Juneau. Il ajoute que notre situation nordique atténue l’effet des redoux hivernaux sur les conditions de ski.

Ce qui rend toutefois la vente plus difficile, c’est le désengagement de Québec dans la promotion de son industrie touristique.

« Ce sont maintenant les régions qui sont responsables de leur publicité et elles se concurrencent entre elles. On a un tire-pois pour attaquer le marché du tourisme de destination », critique-t-il.

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