Technologies

Montréal inaugure sa « cité de l’intelligence artificielle » 

Avec plus de 700 personnes travaillant en intelligence artificielle, Mila représente la plus grande concentration de chercheurs dans ce domaine au monde.

« Moment historique », selon le recteur de l’Université de Montréal, les chercheurs, étudiants et experts de l’intelligence artificielle à Montréal seront désormais regroupés dans un complexe de 90 000 pieds carrés, dans le Mile-Ex.

Ouverts depuis le 7 janvier, les locaux de Mila – Institut québécois de l’intelligence artificielle – ont officiellement été inaugurés hier. Ce sont au total plus de 700 personnes, œuvrant notamment à la recherche fondamentale, aux transferts technologiques, au démarrage d’entreprises et à l’enseignement, qui occuperont ces vastes espaces.

Mila (acronyme de « Montreal Institute for Learning Algorithms ») regroupe les experts en intelligence artificielle des universités McGill et de Montréal, avec l’appui de HEC Montréal et de Polytechnique Montréal. Fondé en 1993 par l’UdeM, organisme indépendant depuis 2017, il est considéré comme le pôle montréalais de la recherche en intelligence artificielle (IA), surtout dans sa spécialisation qui connaît un grand succès depuis presque une décennie, l’apprentissage profond.

Proximité et synergie

Pour le cofondateur et maintenant directeur scientifique de Mila, Yoshua Bengio, ce complexe est « un endroit où on va pouvoir non seulement travailler, mais exercer une passion ». 

Montréal est « sans doute l’endroit où il y a le plus de concentration de chercheurs dans le domaine de l’apprentissage profond, dans le milieu [universitaire] », a-t-il expliqué en entrevue.

Et que va changer le fait de regrouper physiquement tous ces cerveaux ?

« C’est super important. On est des êtres humains. La synergie, quand on se croise, on se rencontre, que c’est facile d’aller aux réunions des uns et les autres, ça fait toute la différence. »

— Yoshua Bengio

Considéré comme un des trois pères de l’apprentissage profond, alors qu’il a redonné du souffle au concept de réseaux de neurones en 2003, M. Bengio rappelle que Montréal n’est pas seul dans la course à l’IA. « Le reste du monde n’est pas là à attendre… C’est quoi, notre avantage ? Pourquoi tant de compagnies ont décidé d’ouvrir des laboratoires de recherche ? Le cœur de tout ça, c’est l’excellence en recherche fondamentale, avec la masse critique de chercheurs. »

À cet égard, il a salué l’apport peu médiatisé des quelque 300 étudiants qui font partie de Mila. « Ils ne font pas que suivre des cours, ils créent de la science. Ce sont eux qui font le vrai travail. »

Jeunes exemples

Signe de l’engouement pour l’IA, les gouvernements ont été particulièrement généreux ces dernières années avec Mila. Aux 80 millions de dollars sur cinq ans annoncés par Québec s’ajoute un financement d’Ottawa de 44 millions, par l’entremise de l’Institut canadien de recherches avancées (ICRA). Les activités du nouveau complexe tourneront autour de quatre axes : la formation, la recherche, le transfert technologique et la responsabilité sociale.

Ce qu’on y fera ? « Tout, de la recherche fondamentale à la commercialisation d’une application », résume Pierre Bovin, président du conseil d’administration de Mila. Tout ce qui sortira de cette « cité de l’intelligence artificielle » devra respecter les valeurs d’humanisme, de conscience sociale, de rigueur scientifique et de transparence, précise-t-il.

Le maillage avec le secteur privé est une des priorités de l’organisme. On a notamment prévu des locaux pour héberger les entreprises partenaires, ainsi qu’un espace réservé aux jeunes entreprises. Hier, lors de la visite des nouveaux locaux dont beaucoup sont encore vides, on a ainsi mis en valeur quelques-unes des applications de la recherche. Tootelo, par exemple, a permis une réduction moyenne de 29 % du temps d’attente et a été déployée dans une trentaine de cliniques québécoises.

Chez les jeunes entreprises dont les produits sont en développement, Notio donnera des recommandations de posture aux cyclistes à partir des données récoltées par un petit appareil. UEat, elle, proposera un menu personnalisé selon les habitudes des utilisateurs, pour les commandes en ligne de restaurants.

Mila en chiffres

35 professeurs

300 chercheurs étudiants au doctorat et au postdoctorat

100 étudiants à la maîtrise

150 collaborateurs industriels

20 experts technologiques IA

13 laboratoires d’entreprise

19 « jeunes pousses »

9000 étudiants dans des domaines liés à l’IA

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