NOËL EN PATROUILLE

Sans famille, sans jouets

Quelques jours avant Noël, le patrouilleur Éric Beauchamp est appelé à intervenir d’urgence dans un logement. Le jeune agent doit retirer une enfant de 8 ans de son foyer. La petite n’est plus en sécurité dans sa famille.

Avant de quitter le logement, le policier lui demande d’apporter ses jouets préférés, conscient qu’elle n’y remettra pas les pieds avant longtemps. Peut-être même jamais.

L’agent Beauchamp amène l’enfant au poste de police en attendant que la DPJ vienne la chercher. Il l’installe dans un local où elle étale ses possessions les plus chères sur une table.

Le temps passe. La petite échappe à la supervision du policier quelques instants à peine. Lorsque l’agent revient dans le local, les jouets ont disparu.

« Où sont tes jouets ? », lui demande-t-il.

La petite montre du doigt une salle adjacente dans lequel traîne un vieux coffre-fort : « Je voulais les mettre en sécurité. » Or, ce coffre-fort « fait partie des meubles ». Personne au poste n’a la combinaison pour l’ouvrir. L’agent Beauchamp le sait trop bien.

« Je me suis senti tellement cheap. La petite fille n’avait plus de famille. Son Noël était ruiné. Tout ce qui lui restait, c’était quelques jouets. »

— Éric Beauchamp

La petite n’a même pas pleuré. « C’est le genre d’enfant qui a davantage de vécu que la plupart des adultes », ajoute-t-il.

« REGARDEZ SON SOURIRE »

En rentrant chez lui ce soir-là, l’agent Beauchamp a demandé à sa femme si elle voyait un inconvénient à ce qu’il pige dans leur budget réservé à l’achat de cadeaux. À 8 h pile le lendemain, le policier – en congé ce jour-là – était devant les portes d’un grand magasin.

L’agent Beauchamp a rempli son panier, puis il a fait trois heures de route pour rendre visite à l’enfant. Le policier a immortalisé le moment. « Regardez son sourire », dit-il en nous montrant une photo qu’il conserve précieusement dans une chemise. C’était il y a deux ans. Il prend des nouvelles de la petite de temps à autre. « Elle va bien. Son jouet préféré que je lui ai acheté, c’est une lampe-veilleuse en forme de champignon, raconte-t-il. Sa famille d’accueil m’a dit que ça la rassurait lorsqu’elle avait peur la nuit. »

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