Artères commerciales  Avenue Monkland

Le village grossit

La Presse vous présente chaque semaine une artère commerciale à travers ses détaillants incontournables, originaux ou charmants. Aujourd'hui, l'avenue de Monkland, à Montréal.

Le cœur commercial de NDG, l’avenue de Monkland – ou Village Monkland pour les intimes –, bat à un bon rythme. L’été, même en semaine, les terrasses dans le coin chaud de l’artère sont bondées. Un peu plus à l’ouest, où les commerces sont plus disséminés, la pizzéria Bacaro annonce en grand son arrivée, cet automne.

Les chaînes Starbucks, Sushi Shop, Pizzédélic, Second Cup et Yeh ! Yogourt glacé & café sont autant zieutées que le café indépendant Melk. « Ça se développe bien ici, estime Elias Assaleh, qui gère la boutique d’accessoires de fête Sparkles Confections. L’avenue du Mont-Royal, sur le Plateau, où j’ai aussi un magasin, a changé… en se dégradant. Alors que l’achalandage a augmenté sur Monkland. »

Systématiquement, le client est accueilli en français et en anglais dans les commerces. « C’est une obligation d’être bilingue ici, dit Sophie Rayef, directrice du marketing de Gastronomia, propriétaire des boutiques de plats surgelés Cool & Simple. On a déjà eu des problèmes, car on ne disait que “Bonjour !”. On a dû revoir toute notre communication. »

« Cela dit, mes clients anglophones parlent un français impeccable », note Dominique Jacques, propriétaire de Melk.

Le quartier, où l'on dénombre 191 commerces, a attiré plusieurs jeunes familles francophones du Plateau et d’Outremont depuis 15 ans. 

« En 1990, on retrouvait The Gazette, mais très peu La Presse sur Monkland ! La hausse depuis du nombre de francophones s’est répercutée sur le type de produits et services offerts. »

— Claude Lauzon, directeur de la Société de développement Côte-des-Neiges– Notre-Dame-de-Grâce

Francophones, anglophones, jeunes et moins jeunes se côtoient harmonieusement. « Deux écoles secondaires se trouvent à quelques minutes de notre local. Les étudiants constituent ainsi une grande partie de notre clientèle », dit Pascal Salzman, propriétaire du restaurant Le Cheese, qui vante le côté « communautaire » du quartier. « Une force dans NDG ! Les gens aiment nous appuyer. On est comme leurs amis. »

Des exemples ? Pour marquer le début des vacances estivales, Ben & Jerry’s a comme tradition de distribuer gratuitement de la crème glacée aux écoles du quartier. « Ça coûte une fortune ! lance Claude Lauzon. Et lorsque la Cordonnerie Monkland est passée au feu, en 2012, spontanément, la gérante de la Banque Royale a organisé une collecte de fonds pour la relocaliser. Le couple propriétaire était abasourdi. »

Autre attrait distinctif : avec ses restaurants, son fleuriste, le magasin de meubles Zone, ses institutions bancaires, le supermarché Provigo, la SAQ et les services de santé, Monkland s’autosuffit ! « Dans le secteur, c’est une des rares rues qui offrent tout, estime Claude Lauzon. Hampstead, Westmount, Montréal-Ouest et Côte-Saint-Luc n’ont pas d’artères avec des bars et restos, mis à part Sherbrooke et Greene. Monkland est donc à la fois une rue de proximité et de destination. Toutes les banques y sont. La Caisse Desjardins sur Décarie s’en vient bientôt ici ! »

VICTIME DE SON SUCCÈS

Le revenu familial élevé et le type de professions de ses résidants favorisent le fourmillement de la rue. Le revenu médian des ménages propriétaires de Côte-Saint-Antoine, le quartier où se situe le Village Monkland, est de 110 000 $. Et 23 % des ménages de ce quartier ont un revenu familial de plus de 125 000 $. « Environ 10 % de la population active du secteur sont des travailleurs indépendants, souligne Claude Lauzon. Sans prendre la voiture, on peut vivre, travailler et se divertir sur Monkland. »

Cependant, victime de sa popularité, Monkland offre de moins en moins de locaux abordables aux commerçants. « La rue a beaucoup changé en 25 ans, explique Claude Lauzon. Non pas au niveau de son aménagement ni de sa convivialité, mais du type de commerces. Aujourd’hui, on voit plus de bannières, de restos et de bars. Les loyers ont donc grimpé, ce qui a désavantagé le commerce indépendant. »

Le propriétaire d’Alex H en sait quelque chose. En 2000, après avoir tenu un restaurant pendant dix ans sur Monkland, il a déménagé son menu et ses tables dans un local rue Sherbrooke. « J’aimais beaucoup Monkland, mais le loyer devenait dispendieux, se remémore Alex Haddad. Sur Sherbrooke, c’était la moitié du prix ! »

Heureusement, quand on s’éloigne de la rue Décarie, les baux sont « de trois à quatre fois moins chers », note Pascal Salzman.

« Mais comme on est hors secteur, c’est plus difficile pour nous d’attirer des gens, dit Sophie Rayef. On a donc une carte de fidélité, on fait des promotions et on adapte l’offre localement. Les week-ends, on organise des dégustations gratuites. » 

DÉCOUVREZ LES COMMERÇANTS DE L'AVENUE MONKLAND

Chocolats Geneviève Grandbois, 5600

La clientèle de Monkland découvre le caramel à la fleur de sel et les emballages métallisés de Geneviève Grandbois depuis l’automne dernier. Avis aux futurs palais conquis : on y offrira prochainement une nouvelle déclinaison de la tablette chocolatée carrée, un incontournable de la chocolaterie. « C’est la première fois que nous nous établissons dans un quartier anglophone, dit la consultante Laetitia Shaigetz. Les gens nous découvrent. Le chocolat n’a pas de langue, mais il faut réussir à les faire entrer chez nous ! »

Melk Bar à café, 5612

Envie d’un scone fait maison ? Direction Melk ! « On ne trouve pas ça bon habituellement, concède le copropriétaire Dominique Jacques. Un scone, le lendemain, pris dans le frigo, ce n’est qu’une boule de pâte ! Mais frais, c’est délicieux ! On les fait avec de la farine bio et on coupe beaucoup le sucre. » Depuis deux ans, le café de 450 pi2 se tient bien droit devant les Starbucks et Second Cup à proximité. « On l’a rendu accueillant pour tous, note Dominique Jacques. Nous l’avons vraiment réaménagé à notre arrivée. Et la clientèle nous a tout de suite encouragés. »

Sparkles Confections, 5615

C’est le paradis des bonbons ! Le local de 2700 pi2 en compte 2000 sortes ! « Et ce sont plus que des gummies de supermarché, lance l’associé Elias Assaleh. On a des bonbons rares telles des réglisses d’Australie. On a aussi beaucoup de sucreries rétros, comme on en trouvait dans les années 70, 80 et 90. » Le reste de l’espace est consacré à des accessoires pour des anniversaires, mariages, événements d’entreprises et autres bar-mitsvah. Un arc-en-ciel pour les yeux !

Cool & Simple, 5855

Bienvenue à l’épicerie du surgelé ! Les longs congélateurs du commerce zen et aéré contiennent 350 pizzas, viandes confites, amuse-bouches et viennoiseries. « De l’entrée au dessert, résume Sophie Rayef, directrice du marketing de Gastronomia, propriétaire de Cool & Simple. Nous avons des produits occasionnels et pour tous les jours. On mise toutefois de plus en plus sur le quotidien. On propose davantage de produits locaux et de plats à partager. » On peut aussi souvent profiter de dégustations et de promotions.

Le Cheese, 5976

Lors d’une fringale, à midi comme à 3 h du matin, rendez-vous au Cheese. D’abord un camion de bouffe de rue, l’endroit s’est converti, en 2014, en charmant resto jaune soleil de 18 places où l’on sert du macaroni au fromage et des grilled cheese qui goûtent… le pâté chinois, le Big Mac ou les ailes de poulet ! « Nous proposons des classiques de notre enfance qu’on réinvente avec des produits et fromages d’ici, résume le propriétaire Pascal Salzman. Et ça plaît aux petits et grands ! »

Espace Tricot, 6050

L’endroit tout blanc renferme des murs de balles de laine regroupées par couleurs. L’effet ne laisse pas indifférent, qu’on soit un féru de tricot ou un débutant. Depuis cinq ans, Espace Tricot attire des femmes et hommes du quartier et de toute la ville. « Internet a vraiment aidé à la popularité du tricot, à cause des sites et des forums de discussion », note la consultante Amalia Siontas. Espace Tricot est spécialisé dans la laine fabriquée au Canada et teinte à la main au Québec. Vendues de 5 à 50 $, les balles peuvent être utilisées à la maison ou sur place lors de « Knit Nights ».

Garde-manger italien, 6132

On sait que ça goûtera bon dès qu’on met le pied dans ce charmant garde-manger ! Depuis cinq ans, le minuscule endroit chargé propose des boulettes de papa, lasagnes et bons sandwichs. « On est comme un petit dépanneur italien, résume le copropriétaire Steve Marcone. Et on aime conseiller la clientèle. » Pour se gâter davantage, on traverse chez le voisin De’ Mercanti pour un biscuit ou un café. « Ce sont des amis à qui on a vendu le local, précise Steve Marcone. On forme vraiment un beau duo ! »

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