Protéine végétale

Une PME québécoise rivalisera avec Beyond Meat

Les produits de Vegeat débarquent en épicerie

Une première solution de rechange québécoise aux boulettes végétariennes Beyond Meat et Lightlife produites aux États-Unis arrive dans nos épiceries. La jeune PME Vegeat a conclu une entente d’exclusivité avec la société mère d’IGA et de Rachelle Béry.

« Mon thrill, c’est quand je vais rentrer chez IGA et que je vais voir mes produits. Et encore plus quand je vais voir un consommateur en mettre dans son panier ! », lance avec fébrilité le fondateur de Vegeat, François Cardinal.

Après avoir travaillé à temps plein sur son projet pendant 18 mois, l’entrepreneur est en pleine production de ses premières barquettes de haché végétal dans une usine du nord de Montréal. Celles-ci seront vendues en exclusivité dans les épiceries de Sobeys à « un prix plus alléchant pour les consommateurs » que les équivalents américains, promet l’entreprise.

Ce partenariat donne évidemment un bon coup de pouce à la PME de cinq employés qui n’a pas obtenu de subventions ou d’aide financière grâce à un programme quelconque. « Un conteneur de protéines de pois, c’est à peu près 125 000 $ US et je ne peux pas commander moins d’un conteneur. Quand tu vas voir un courtier [et que] tu dis que ton client est Sobeys, ça aide énormément. »

Déjà des projets d’investissement

De plus, Sobeys pourrait à un moment donné vendre les produits de Vegeat dans ses autres enseignes à l’extérieur de la province. Évidemment, François Cardinal ne dirait pas non. Surtout qu’il discute déjà de la possibilité d’investir dans l’usine avec son sous-traitant, dont il préfère taire l’identité pour le moment.

« Aujourd’hui, on commence et on a déjà des plans d’agrandissement et de modernisation pour gagner en efficacité. Ce n’est pas nécessairement facile sur le plan de la main-d’œuvre. Et pour améliorer le produit. »

L’entrepreneur de 43 ans, issu du milieu de la restauration, raconte que l’un de ses « grands défis » était de trouver une usine de transformation de viande ayant « le bon équipement » et la capacité de production. « Heureusement que j’en connaissais plusieurs. […] Je voulais absolument un haché, et ça, à peu près personne n’a cette machine-là », car les supermarchés hachent généralement leur viande sur place.

François Cardinal aurait bien aimé que ses produits soient entièrement composés d’ingrédients québécois, mais ils afficheront plutôt le logo « Aliment fabriqué au Québec ».

La matière première, c’est-à-dire de la protéine et de la protéine texturée issue du pois jaune, n’est pas fabriquée au Canada, explique-t-il. « On n’a pas les usines de transformation pour ça ici. Elles sont toutes aux États-Unis et en Europe. » En tout, une douzaine d’entreprises lui fournissent les 18 ingrédients qui entrent dans sa recette. À titre de comparaison, les boulettes Beyond Meat en contiennent 21.

Séduire le marché

Le développement de Vegeat s’est fait rapidement.

Après avoir gagné en janvier le prix DUX (récompensant les initiatives en matière de saine alimentation) dans la catégorie « Produit en ébullition – Entreprise en démarrage », François Cardinal raconte avoir été inondé de demandes. « Ç’a été fou ! » Surtout que sa recette n’était pas encore au point…

Dès février, il a passé bien des heures avec des décideurs de Sobeys pour leur présenter ses produits d’une façon peu commune dans l’industrie.

« François nous a fait plein de recettes succulentes avec ses produits. Pas dans le but de nous convaincre, mais pour nous montrer leur versatilité, le potentiel de la marque. »

— Mireille Thibodeau, vice-présidente des achats et de la mise en marché des produits périssables, Sobeys (IGA)

Il faut se remettre dans le contexte ; à ce moment-là, les marques Beyond Meat et Lightlife n’étaient pas offertes au Québec et la catégorie de la protéine végétale imitant le bœuf haché vendue au rayon de la viande était inexistante. Alors même les acheteurs des supermarchés avaient besoin d’être éduqués.

François Cardinal se réjouit que Sobeys ait été « la première à croire au projet ». Et il ne cache pas son grand enthousiasme face à ce qui l’attend dans quelques jours. « On va être sur le front de la circulaire ! Je suis vraiment chanceux ! »

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