Personnalité de la semaine

Alex Harvey

Skieur d’exception, le fondeur Alex Harvey enfile les victoires depuis le début de 2017. L’athlète originaire de Saint-Ferréol-les-Neiges est notre personnalité de la semaine. 

« Non, l’entrevue à 20 h, ça ne marche pas… Je vais encore être en train de manger. Il faut comprendre, je suis en Italie… »

Alex, on comprend très bien.

Et franchement, on s’imagine la scène et elle est plutôt sympathique : des skieurs de fond d’élite qui ont passé la journée à s’entraîner comme des dingues dans les Alpes italiennes et qui terminent ça devant un bon repas, histoire de refaire le plein de protéines, de glucides et d’autres carburants savoureux et nutritifs… Oh, les pâtes, oh, les fromages divins…

« Ah oui ! », poursuit le champion de ski de fond avec un sourire qui déborde de l’écran FaceTime nous permettant de discuter en direct, même s’il est dans le nord de la Lombardie, à Livigno, tout près de la Suisse, pour s’entraîner en altitude. « J’avoue qu’ici, pour les carbs, c’est pas mal bon… »

Alex Harvey est la personnalité de la semaine pour l’ensemble de son œuvre, bien sûr, puisque l’athlète de 28 ans fait preuve d’une longévité remarquable au sommet de son sport, mais plus particulièrement parce que depuis le début de 2017, il enfile les victoires.

Une médaille de bronze au relais 4 x 7,5 km à Ulricehamn en Suède, une épreuve de la Coupe du monde, le 22 janvier, une première historique pour le Canada. Et cette médaille arrivait le lendemain d’une médaille d’or au 15 km individuel, aussi à Ulricehamn, et peu de temps après une autre médaille d’or en sprint par équipes à Toblach en Italie, cette fois, autre épreuve du circuit…

« Je suis très très content, confie en entrevue le skieur de fond qui a grandi à Saint-Ferréol-les-Neiges, près de Québec, mais surtout au pied du mont Sainte-Anne. Ce sont des années d’entraînement qui paient. Mais en fait, c’est un mélange de raisons. »

« Ça va bien du côté physique et de l’équipement. Et j’ai eu un bon début de saison qui m’a mis en confiance. »

— Alex Harvey

Donc la tête, le corps et les skis vont bien. Alex vient de changer de fournisseur. Il travaille maintenant avec Salomon, qui lui a affecté un technicien le suivant pas à pas, en plus de ceux de l’équipe. Donc les outils sont aussi bons que possible et les conditions sont optimales. Et ça se voit sur le podium.

Là, Harvey arrive de Suède, il s’est posé en Italie pour deux semaines, histoire d’utiliser l’altitude pour pousser son corps plus loin et développer son endurance. La prochaine compétition de Coupe du monde est en Estonie. Suivront les courses du Championnat du monde en Finlande. L’horizon est chargé.

Le Québec, qu’il ne voit pas de l’hiver – il rentre au printemps et en été pour poursuivre ses études de droit, mais le reste du temps, c’est ski, ski, ski –, lui manque.

« Le plus dur, c’est d’être loin de ma famille, de ma copine, même si ici, on est vraiment dans de beaux endroits. Et c’est comme une deuxième famille. »

Une épreuve à Québec

Bonne nouvelle cette année, toutefois : la dernière épreuve de la Coupe du monde aura lieu à Québec, sur les plaines d’Abraham. « Je suis super content de ça », dit-il. L’athlète espère qu’on ira le voir, qu’on suivra les courses. Et que tout cela nous donnera tous envie de faire du ski de fond.

Est-ce qu’il aimerait qu’un jour ce sport soit aussi pratiqué et populaire que la course en ce moment ? « La course à pied, c’est quand même plus simple », répond-il. On n’a pas besoin d’équipement à part une paire de chaussures. Mais le ski de fond demeure beaucoup plus abordable que le ski alpin. Et comme entraînement cardiovasculaire, on est pas mal proche de la course. Donc il y a des affinités. Et même si on n’a pas la technique parfaite du premier coup, Alex nous dira sûrement de persévérer. C’est sa cause. Celle qu’il va défendre auprès des enfants, dans les écoles. Être bon, gagner, réussir, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Tout demande de l’effort, de la ténacité. C’est le message de l’athlète.

De la persévérance et de l’honnêteté, est-on tenté d’ajouter. Parce qu’actuellement, dans ce sport, il y a beaucoup de tricherie. « Le ski de fond, c’est comme le vélo des sports d’hiver », dit-il. Du dopage, il y en a. Six skieurs russes ont été suspendus. Et certains l’ont déjà privé de podiums. Tout cela nuit grandement au sport. « La seule chance que j’ai, c’est que c’est un sport où tout ne repose pas uniquement sur la capacité physique. »

Il y a des aspects techniques, des aspects stratégiques. Une victoire s’explique par la forme d’un athlète, mais aussi par la collaboration avec les autres membres de l’équipe ou la précision d’un fartage. « Donc, les tricheurs, dit-il, il y a quand même moyen de les battre. »

Alex Harvey en sept points

Ton film préféré ?

Je suis un grand fan des James Bond. Spectre était très bon !

Ton livre préféré ?

Shantaram, un livre d’action et d’aventures de Gregory David Roberts

Ta citation préférée ?

« Shoot for the moon. Even if you miss, you’ll land among the stars » (« Vise la lune. Même si tu la rates, tu atterriras parmi les étoiles »), de Norman Vincent Peale, pasteur américain, père du concept de la pensée positive.

Si tu allais manifester, ce serait pour ou contre quoi, et qu’écrirais-tu sur ta pancarte ?

En ce moment, fort probablement contre Trump ! J’écrirais : « We’re all humans » (« Nous sommes tous des humains »).

Ton personnage historique préféré ?

Abraham Lincoln.

Ton personnage contemporain préféré ?

Barack Obama.

Ton conseil pour les skieurs de fond du dimanche ?

« Renseignez-vous bien pour savoir exactement quel fart utiliser. Si souvent au Québec, j’ai entendu des gens sacrer parce qu’ils n’avaient pas mis la bonne cire. C’est dommage. Parce qu’après, ça enlève le goût de skier. Et c’est tellement une bonne façon de profiter de l’hiver. »

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