Montréal occupé par les révolutionnaires américains
En ce début des années 1770, la colère gronde dans les 13 colonies britanniques d’Amérique du Nord. Les habitants refusent de nouvelles taxes imposées par Londres sans avoir, en retour, de représentants élus au Parlement. Cette colère mènera éventuellement à la guerre d’indépendance américaine (1775-1783). Dès son amorce, ce conflit s’étend d’ailleurs dans la province de Québec et à Montréal.
L’occupation américaine de Montréal en cinq dates
22 juin 1774
Face aux menaces autonomistes des Américains, Londres adopte l’Acte de Québec par lequel le territoire de la province est étendu jusque dans la vallée de l’Ohio, en plus de rétablir le droit civil français et la liberté de pratiquer la religion catholique. Les Américains dénoncent ces concessions qui ont pour but de convaincre les Canadiens de rester dans le giron britannique.
26 octobre 1774
Les colons américains insatisfaits de Londres terminent leur premier Congrès continental, genre d’assemblée législative. Une lettre est envoyée aux habitants de la province de Québec pour les inciter à rejoindre leur mouvement. Ces demandes seront tièdement accueillies, notamment parce que « le clergé canadien-français, les propriétaires fonciers et les citoyens influents » appuient les Britanniques, soutient un article de L’Encyclopédie canadienne.
19 avril 1775
Batailles de Lexington et de Concord au nord-ouest de Boston, dans le Massachusetts. Il s’agit des premiers échanges de coups de feu entre Américains et Britanniques. Dès lors, les Américains songent à foncer vers le Canada, visant Montréal et Québec. Des batailles avec les défenseurs britanniques ont lieu dans les mois suivants, notamment au fort Saint-Jean, sur le Richelieu. Des miliciens canadiens se rangent des deux côtés mais, en général, la population du pays désire rester neutre.
11 novembre 1775
Montréal tombe aux mains des troupes américaines menées par le brigadier général Richard Montgomery. « Le 13 novembre, les clauses de reddition sont signées et les troupes révolutionnaires s’installent à Montréal », écrit l’historien Martin Landry, de Montréal en histoires.
Avril-juin 1776
Au début du mois d’avril 1776, David Wooster va prendre la relève de Benedict Arnold qui assiège Québec. Les Américains, dans un dernier effort pour convaincre les habitants de la province à rejoindre leur mouvement, dépêchent Benjamin Franklin à Montréal. Ce dernier arrive le 29 avril et repart le 11 mai, convaincu que sa mission n’aboutira nulle part. Selon le site du Château Ramezay, il déclare qu’il aurait été plus simple d’acheter le Canada que de convaincre ses habitants d’épouser la cause américaine. Pendant ce temps, des renforts britanniques sont arrivés au Québec et reprennent le dessus. Québec tombe, suivi de Montréal, le 15 juin. Le gouverneur britannique Guy Carleton y rentre avec ses troupes le même jour.
Vestige (et symbole) du passage américain
Ce buste du roi George III d’Angleterre est, en soi, un vestige et un symbole du court passage des insurgés américains à Montréal. Selon ce qu’en dit le musée McCord, la sculpture, envoyée à Montréal en 1766 et installée sur la place d’Armes, est vandalisée par des anglophones opposés à l’Acte de Québec lorsque celui-ci entre en vigueur, au printemps 1775. Durant le siège américain, elle est décapitée. La tête est retrouvée en 1834 au fond d’un puits de la place d’Armes. Elle est depuis conservée au musée McCord.