2000-2004

Poussée de croissance

Les succès des trains de banlieue et l’engouement du public pour les services de transports collectifs qu’elle met en place contribuent au rayonnement politique de l’AMT. En octobre 1998, le premier ministre Lucien Bouchard promet de prolonger le métro vers Laval, juste avant de déclencher des élections générales. Réélu, son gouvernement confie la direction du projet à l’AMT. Ce sera un désastre.

La jeune et dynamique agence n’est visiblement pas prête pour un projet de cette ampleur. Dans son plan stratégique de développement 1997-2007, adopté seulement un an avant l’annonce du premier ministre, l’AMT n’avait prévu aucun prolongement du métro. Ce plan prévoit plutôt des investissements relativement modestes de 2 milliards de dollars sur 10 ans, centré sur l’amélioration de services existants.

La publication du plan triennal d’immobilisations (PTI) 2000-2002 marque un virage. En plus d’assumer le développement du projet de Laval, l’AMT étudie des prolongements du métro sur la branche ouest de la ligne 2 (orange), sur la ligne 4 (jaune), avec une station dans le Vieux-Montréal, et sur la ligne 5 (bleue), jusqu’à Anjou.

La tendance se confirme en 2002 lors de la révision du plan stratégique de 1997. La valeur des projets à réaliser passe de 2 à 6 milliards. Ce plan révisé introduit un projet de tramway dans l’avenue du Parc, entre la gare Jean-Talon et le centre-ville, un bus express entre Repentigny et Montréal, le Via-Bus, et les premières études sur un train de type SLR dans le corridor du pont Champlain.

DÉPASSEMENTS DE COÛTS

Le magnifique élan de l’AMT s’arrête brutalement à l’été 2003. Alors qu’on n’a guère que deux grands trous creusés de chaque côté de la rivière des Prairies, le budget prévu de 379 millions de dollars pour le métro de Laval est à sec. Forcé d’allonger 200 millions additionnels pour permettre la poursuite de travaux, le gouvernement libéral de Jean Charest, élu depuis avril, apprendra plus tard que le projet, annoncé à 179 millions, pourrait finalement coûter plus de 800 millions.

En novembre 2003, la présidente de l’AMT, Florence Junca-Adenot, est poussée à la démission par Québec. En avril 2004, le gouvernement retire la direction du projet à l’AMT pour la confier à un comité d’experts indépendant.

En juin 2004, un rapport du Vérificateur général du Québec révèle que la direction de l’AMT savait, dès le début de l’année 2000, soit deux avant de commencer les travaux de construction, que le budget de 379 millions consenti par le gouvernement était insuffisant.

Le prolongement du métro à Laval, inauguré en 2007, aura finalement coûté 745 millions.

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