Canadien–Ducks

Ça fait mal…

À son troisième et dernier arrêt en Californie, le Tricolore se fait renverser par une proie pourtant facile, ce qui complique sérieusement ses chances dans la course aux séries.

ANALYSe

Le pari perdu

ANAHEIM — D’un côté, la pire attaque de la Ligue nationale. De l’autre, la possibilité de mettre dans les pattes de cette attaque un gardien qui est dominant depuis trois mois.

À première vue, le pari pris par Claude Julien semblait destiné à réussir. Même si la défaite de jeudi à San Jose a fait mal en raison d’un effort collectif convaincant, une victoire hier à Anaheim aurait tout de même permis au Canadien de rentrer de la Californie avec quatre points sur une possibilité de six. Et contre des Ducks d’Anaheim qui n’avaient gagné que 7 de leurs 33 matchs précédents, ces mêmes Ducks qui étaient si désorganisés à Montréal il y a un mois, comment prévoir un tel résultat?

Ce résultat, c’est une gênante défaite de 8-2 aux mains de – répétons-le – la pire attaque de la LNH. Une attaque qui ne marquait que 2,18 buts par match avant le festin d’hier.

« Ça fait un peu plus mal cette fois, a admis Shea Weber. Au moins, on a du temps pour digérer ça et on pourra travailler en vue de mardi. »

« Ce n’était évidemment pas suffisant comme effort. J’espère qu’on aura oublié cette défaite mardi. »

— Shea Weber

Comme la veille à San Jose, le Tricolore a été victime d’une défaillance du gardien en début de match, quand Daniel Sprong a ouvert la marque sur un tir du côté du bloqueur, le genre de tir que Price arrêtera 22 fois sur 23 (on vous laisse calculer le pourcentage que ça donne).

Mais les erreurs de couverture, les mauvais changements et, évidemment, les beaux jeux des meilleurs éléments des Ducks ont réellement torpillé le CH. Car en se rapprochant à 2-1 sur le but de Paul Byron, puis à 3-2 sur celui de Weber, les Montréalais s’étaient bel et bien remis du cadeau accordé par le gardien dès le départ.

Mais comme on l’a vu à quelques reprises cette saison, toujours sur la route (souvenez-vous d’Edmonton, du New Jersey et du Minnesota), la proverbiale chaîne a débarqué. Seulement, c’est un peu plus troublant quand ça survient contre un adversaire qui connaît tant de difficultés, avec votre gardien numéro 1 bien reposé devant le filet.

« C’est aux entraîneurs de décider qui joue quand et c’est à nous de fournir le même effort, peu importe les circonstances », a rappelé Weber.

« Les Ducks sont peut-être une équipe plus faible au classement, mais si vous regardez leurs derniers matchs, ils sont bien meilleurs que l’équipe qu’on a vue à Montréal. Mais si on avait joué comme on en est capables, on aurait pu avoir un meilleur résultat. »

— Shea Weber

Peut-être la seule bonne nouvelle de la soirée pour le Canadien : les rivaux directs dans la course aux séries éliminatoires ont eux aussi ralenti. Comme le Canadien, les Hurricanes de la Caroline ont également subi une bastonnade hier. Ils l’ont certes subie à domicile, mais ils accueillaient les puissants Jets de Winnipeg, qui sont bien capables d’en donner, des bastonnades.

Le Canadien peut aussi se consoler à l’idée que les longs voyages sont chose du passé. Il reste un seul voyage de deux matchs cette saison, un difficile périple Columbus-Winnipeg. Du reste, ce sera toujours un match à la fois à l’étranger, de quoi aider cette équipe qui perd de son lustre loin de la maison.

Regardez les victoires à l’étranger en 2019 : Los Angeles, New York (Rangers), Detroit, Columbus (avant la vague de transactions) et Detroit. Pas exactement la crème de la crème... Et si séries il y a, le CH ne pourra pas s’en tirer en gagnant seulement à la maison.

Ils ont dit

« On n'a pas été bons »

« On est dans une bagarre pour les séries et j’aurais aimé voir mieux de la part de mon équipe, ce soir. On s’est creusé un trou en partant. On avait besoin que certains joueurs en donnent plus. Pour gagner, ça prend une équipe au complet. On n’avait pas ça ce soir. »

— Claude Julien

« Défensivement, on n’a pas été très bons. Quand on joue bien, on est cinq joueurs ensemble. Ce soir, il y avait beaucoup d’espace entre nos attaquants et nos défenseurs. Ça a donné aux Ducks de l’élan. Ils sont forts autour du filet, et on l’a vu ce soir. »

— Claude Julien

« On a marqué un gros but en avantage numérique, mais on leur en a donné un tout de suite après. Tous les changements de momentum allaient en leur faveur. Ils ont marqué huit buts, c’est notre faute. Deux matchs en deux soirs sur la route, il faut être plus intelligents. »

— Brendan Gallagher

« On ne peut pas se servir de la fatigue comme excuse. Ça a peut-être joué un peu. Mais on avait de l’énergie par moments. On a fait des erreurs mentales et on a laissé notre gardien à lui-même. »

— Shea Weber

« J’ai des bonds favorables que je n’avais peut-être pas en début de saison. Je joue avec plus de confiance. C’est bien d’avoir ces bonds, et c’est bien plus agréable quand ça arrive dans la victoire. »

— Troy Terry, auteur de sept points à ses trois derniers matchs

Propos recueillis par Guillaume Lefrançois, La Presse

Sprong aussi !

On vous parlait hier de ce groupe de jeunes (Kevin Roy, Sam Steel, Troy Terry) formés par Dallas Eakins dans le club-école à San Diego. Daniel Sprong s’est assuré qu’on ne l’oublie pas. Sprong ne fait pas partie de ce groupe, car il est arrivé de Pittsburgh dans une transaction en milieu de saison. Mais à 21 ans et avec tout le talent qu’il possède, le Néerlandais, Montréalais d’adoption, pourrait devenir un bon attaquant top 6 pour les Ducks. Auteur du premier but des siens grâce à la générosité de Carey Price, Sprong a été l’attaquant le plus menaçant des palmipèdes au premier vingt. Une belle façon de répondre à ses entraîneurs après avoir été laissé de côté lors du match précédent des Ducks, mercredi. Trois pouces en l’air également à Troy Terry, qui a bien alimenté ses compagnons de trio.

Perry, enfin

La tendance était lourde depuis deux ans, mais ça saute maintenant aux yeux : Corey Perry n’est plus le marqueur dangereux qu’il était jadis. Son but hier était seulement son troisième en 18 matchs cette saison, et mettait fin à une séquence de huit matchs de suite sans point. Perry n’a plus le coup de patin pour dominer dans la LNH d’aujourd’hui, et ce, même s’il joue dans l’Ouest, où le jeu est plus basé sur la robustesse. L’ennui pour les Ducks, c’est qu’il reste à Perry deux autres années de contrat, à 8,625 millions chacune. À ce sujet, notons que Ryan Kesler (trois autres années à 6,875 millions) n’a pas joué hier en raison d’une blessure à la hanche qui le ralentit depuis des mois. Des contrats lourds sous le plafond salarial.

Une présence exemplaire

Parce qu’il n’y a pas eu que du négatif dans le camp montréalais... Jordan Weal a répondu hier avec une performance plus convaincante que celle qu’il avait livrée jeudi à San Jose. Sur une présence en particulier, il a montré en quoi il pouvait être utile à sa nouvelle équipe. C’est en avantage numérique en deuxième période. La mise au jeu est en zone neutre, du côté droit. À titre d’unique centre droitier du CH, c’est lui qui prend la mise au jeu, et la gagne. Son équipe pénètre en zone adverse et une bataille pour la rondelle se dessine dans le coin. Confronté au colosse Josh Manson, il tient bon et les hommes en blanc ressortent avec la rondelle. Un instant plus tard, Shea Weber marque d’un boulet de canon. L’utilisation de Weal en avantage numérique en dit long sur les problèmes du Tricolore, mais s’il continue à faire des jeux de la sorte, il va mériter ses présences.

En hausse

Andrew Shaw

Pendant que plusieurs de ses coéquipiers étaient léthargiques, Shaw a affiché sa fougue habituelle.

En BAISSe

Jonathan Drouin

L’absence de Tomas Tatar lui a permis de revenir au sein du trio de Phillip Danault. Il a répondu avec une autre performance sans éclat. Elles commencent à s’accumuler.

Le chiffre du match

200

Le but de Shea Weber était son 200e dans la LNH. Il est le 21e défenseur de l’histoire à atteindre ce chiffre. Malgré ce but et ses sept tirs, il a lui aussi connu ses difficultés en zone défensive.

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