Laos

L’exotique archipel des 4000 îles

Le Laos, ce pays sans mer, a tout de même son archipel : 4000 îles baignées par le Mékong. Ici, la vie coule très doucement et le site s’avère parfait pour se mettre au diapason du rythme lao, ou d’en prendre une dernière surdose avant de quitter le pays. Portrait – au ralenti – d’un luxuriant endroit qui s’est imposé comme une escale incontournable sur le circuit des voyageurs en Asie du Sud-Est.

DON DET — Les 4000 îles, Si Phan Don en lao, le nombre est peut-être exagéré. Ou alors, il faudrait compter chaque minuscule îlot de verdure dépassant des eaux couleur café au lait du fleuve mythique. Et encore.

Mais peu importe, cet archipel situé à l’extrémité sud du Laos se compose d’une vingtaine d’îles principales et disons de quelques centaines de plus petites, qui s’étalent sur toute la largeur du Mékong (14 km lors de la saison des pluies). La première impression quand on arrive en pirogue à travers ce véritable dédale de terres émergées, c’est que, quels que soient leur nombre et leur taille, elles ont toutes un point commun : le vert des palmiers et des cocotiers se détachant sur l’azur du ciel leur va très bien.

AU RYTHME LAO

Si l’on débarque au pays (la frontière du Cambodge est toute proche), on passe par une phase d’adaptation : au Laos, rien ne sert d’être pressé et tout prend du temps. Mais malgré leur air nonchalant, les îliens sont loin d’être inactifs. Sur ces terres très fertiles, l’agriculture et la pêche restent encore les principales sources de revenus. 

Au centre se trouvent des rizières où semblent aussi pousser des buffles débonnaires. Le long des berges, les maisons traditionnelles en bois et bambou se dressent en haut de pilotis. Dessous, les familles profitent de l’ombre pour démêler les filets de pêche, faire cuire le riz gluant, se reposer…

De tout l’archipel, seules trois îles sont équipées pour accueillir les visiteurs. Don Khong, la plus grande de toutes, n’est pas la plus charmante et elle le sera encore moins une fois achevé le pont la reliant à la terre ferme. Don Det et Don Khone sont nettement plus attirantes. Rattachées l’une à l’autre par un vieux pont en pierre, on en fait le tour en quelques heures de vélo en empruntant de bucoliques sentiers. Le tourisme s’est développé ici depuis une quinzaine d’années. Les voyageurs d’alors étaient accueillis dans les familles. Aujourd’hui, les touristes ont le choix entre une soixantaine d’établissements (hôtels, auberges, bungalows).

PARADIS ARTIFICIELS

Outre la beauté des lieux, nombreux sont les locaux qui affirment sans détour que ces deux îles doivent leur succès touristique au fait que la marijuana y est en vente quasi libre. Ceci, en contradiction totale avec la loi laotienne, qui s’assouplit par endroit. Ce fut longtemps le cas de Vang Vieng dans le nord du pays, jusqu’à ce que l’État mette fin à une débauche qui dépassait largement les limites du simple pot.

Ici, les menus de certains restaurants se complètent d’une version « happy » des plats et boissons (rien à voir avec les menus pour enfants de Ronald le clown), mais une certaine discrétion reste de rigueur. Un changement d’humeur de la police locale pourrait se traduire en amendes salées, au mieux. En attendant, beaucoup de jeunes voyageurs retiendront surtout de leur passage à Don Det le paysage flou d’une rivière admirée longuement via l’éventail de leurs orteils sortant d’un hamac.

AU-DELÀ DU HAMAC

Pourtant, ce ne sont pas les activités qui manquent. Apprendre la pêche traditionnelle puis faire griller ses prises, découvrir de belles plages cachées dans des îles désertes, se laisser porter par le courant en kayak, observer les rares dauphins de l’Irrawaddi, admirer d’impressionnantes chutes d’eau, il y a de quoi remplir quelques journées.

Aller à la rencontre de l’histoire de cet archipel est aussi passionnant. Car au temps de l’Indochine française, ces îles et les rapides qui les séparent étaient un obstacle aux navires à vapeur cherchant à remonter le Mékong. Vers 1894 la solution fut trouvée : les bateaux seraient démontés au sud de Don Khone puis transportés jusqu’à Don Det par chemin de fer et réassemblés avant de poursuivre leur voyage. Tout simplement. De 1897 aux années 30, des centaines de navires, leur cargaison et leurs passagers furent ainsi transbordés. Reste de cette épopée d’intéressants vestiges, tels le port de Don Khone et de vieilles locomotives rouillées rappelant un temps où les îles bouillonnaient d’animation.

Bien heureusement, cette époque trépidante (et sûrement très bruyante) est révolue. Aujourd’hui, le calme n’est perturbé que par le bal des pirogues qui passent et repassent du soir au matin. Habiles pêcheurs lançant leur filet, écoliers en uniforme mettant le cap vers la classe… Un spectacle continu qui, vu de la terrasse de son bungalow, rappelle que ne rien faire est un art, et qu’il se cultive particulièrement bien ici.

Carnet pratique

Quand y aller ?

La saison sèche (novembre à mars) est la plus agréable mais elle attire aussi le plus grand nombre de touristes. Juste avant la mousson, la période d’avril-mai est très chaude (40ºC) et orageuse, mais la végétation reprend des couleurs et les visiteurs se font plus rares.

S’y rendre

Pakse, la grande ville du sud du Laos, est accessible en avion ou en autobus depuis Ventiane et Bangkok. De là, comptez 2 h de bus et 1 h de bateau pour rejoindre Don Det ou Don Khone.

Hébergement

Une large palette d’établissements permet de trouver l’hébergement adéquat à tous les budgets et toutes les envies. Pour une ambiance festive, le village de Ban Hua Det (extrémité nord de Don Det) s’impose. Il suffit de s’éloigner de cet endroit bruyant et commercial pour profiter de la sérénité des îles. Dans Don Det, les bungalows situés le long de Sunrise Blvd sont les plus agréables. Dans Don Khone, des hôtels d’une gamme supérieure se concentrent dans le village de Ban Khone.

Crazy Gecko : à Don Det, à deux pas du village mais loin du bruit, deux superbes chambres donnant sur une grande terrasse. 12 $

Mama Leuah Guest House : à Don Det, sept petits bungalows tout simples mais propres et isolés, donnant directement sur le fleuve. 10 $

Auberge Sala Done Khone : une adresse chic à Don Khone. À partir de 55 $

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.