En vedette

Le courage de la vérité

Happy Hour 
À la Salle intime du Théâtre Prospero, du 19 au 22 février 

Happy Hour, un duo théâtral « indiscipliné » avec Thomas Leblanc et Anna Beaupré Moulounda, sera à l’affiche de la petite salle du Prospero dès mercredi soir. Cette création à six mains (les deux interprètes et la metteure en scène Ana Pfeiffer Quiroz) est une variation sombre et ludique autour du thème de la honte. Sur scène, les deux protagonistes dévoilent crûment leur intimité, à travers de courtes vignettes. Entre performance et monologue théâtral, l’un aborde « sans fard » son enfance, la découverte de son homosexualité ; l’autre se confie sur ses origines et son rapport à la maternité.

« On veut faire entendre l’indicible, l’innommable, avec des textes crus, parfois violents, qui nous confrontent à la monstruosité du monde et de nous-mêmes, explique en entrevue Thomas Leblanc. Loin du cynisme, la mort, le sexe, la violence et la famille y sont scrutés sans pitié. »

Leblanc, un artiste hors-norme, gravite entre la contre-culture et la culture populaire et refuse d’être enfermé dans une petite case. Il collabore avec deux autres « outsiders » rebelles comme lui : Ana Pfeiffer Quiroz, une Péruvienne installée à Montréal qui fait un doctorat en théâtre à l’UQAM et s’intéresse à la diversité dans le milieu culturel, et Anna Beaupré Moulounda, une comédienne née à Rouyn-Noranda dont la mère est québécoise et le père, congolais. « Nous nous sommes trouvés, aimés, et avons fondé ensemble, en 2017, la compagnie Parrêsia », dit-il. Leur travail favorise des gestes artistiques comportant « une part de risque et qui nécessitent un certain courage. Avec des œuvres qui sont des manifestes enracinés dans nos contradictions : intérieures, politiques, artistiques, sociales et physiques. »

Cirque

La crème de la crème

5es Coups de cœur

À la TOHU, du 18 au 29 février

La TOHU reprend dès mardi soir sa formule des Coups de cœur. Une dizaine de numéros de cirque qui se sont distingués au cours des derniers mois par leur originalité, présentés sous forme de cabaret, animé et mis en scène par Anthony Venisse. Parmi les invités cette année, mentionnons la présence d’Angelica Bongiovonni, virtuose de la roue Cyr, qu’on a notamment vue dans Seul ensemble du Cirque Éloize ou Luzia du Cirque du Soleil ; Kyle Driggs, brillant jongleur, qu’on a pu voir dans la pièce Paramour du Cirque du Soleil (maintenant retirée) ; ou encore le duo formé des Suédoises Klara Mossberg et Régina Baumann, qui feront un numéro à la corde lisse. La compagnie guinéenne Kalabanté, menée par Yamoussa Bangoura, sera également représentée par cinq acrobates qui mêleront acrobaties, portés, pyramides et musique africaine.

— Jean Siag, La Presse

Théâtre

Le retour de Louise Pitre 

The Times They Are a Changin’

Au Centre Segal, du 1er au 22 mars

En collaboration avec la Harold Green Jewish Theatre Company, le Segal accueille à nouveau Louise Pitre à Montréal. Cette grande interprète canadienne a été nommée aux Tony et a reçu quatre fois le prix Dora. Sous la direction d’Avery Saltzman, Mme Pitre joue dans The Times They Are a Changin’ aux côtés de W. Joseph Matheson, avec qui elle avait déjà partagé la scène dans The Angel and the Sparrow, il y a deux ans. Les deux artistes se réunissent cette fois pour un concert célébrant les artistes musicaux juifs des années 60. Parmi eux, Bob Dylan, Leonard Cohen, Carole King, Arlo Guthrie, Simon & Garfunkel, entre autres légendes. 

— Luc Boulanger, La Presse

Reprise

Solo non binaire

GENDERF*CKER

À Espace Libre, du 26 au 29 février

Pascale Drevillon reprend GENDERF*CKER, son solo créé au printemps dernier au FTA, sous la direction du directeur artistique d’Espace Libre Geoffrey Gaquère. Par l’entremise de son expérience personnelle de transidentité, la performeuse et militante interroge notre vision binaire du monde. Invité à se déplacer sur la scène, à tout moment, afin de mieux observer la performance, le public assiste aux métamorphoses de l’artiste qui fait exploser la constellation des genres. « Les identités trans et queers deviennent ici une puissante odyssée de l’âme et du genre humain », explique Pascale Drevillon dans le communiqué du spectacle. 

— Luc Boulanger, La Presse

En tournée

Trois nouveaux Hardings

Les Hardings

Du 30 septembre 2020 au 20 février 2021

Après avoir été créée en 2018 au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, puis reprise à la Bordée et chez Duceppe la saison suivante, Les Hardings, une pièce écrite et mise en scène par Alexia Bürger, fera une tournée dans plus de 30 villes au Canada. Pour l’occasion, les trois personnages de Thomas Harding seront incarnés par une nouvelle distribution : Paul Ahmarani, Normand D’Amour et Rémy Girard.

— Luc Boulanger, La Presse

À Québec

Hypo de retour

Hypo

Au Périscope, du 25 février au 7 mars

Trois ans après sa création, Hypo est de retour au Périscope dès mardi prochain, avec les interprètes Nicola-Frank Vachon et Mary-Lee Picknell. Ce « road trip » en terre islandaise se joue de la mort et nous invite dans un périple théâtral. Hypo a été saluée pour son originalité, tant par la critique que par le public, lors de son passage à Premier Acte en 2017. « Le Périscope se réjouit de lui ouvrir ses portes pour y déployer l’évolution de son ingénieuse scénographie et faire de nouvelles rencontres », peut-on lire sur le site du théâtre de Québec. 

— Luc Boulanger, La Presse

La Presse a vu…/Danse

Winterreise

À la Cinquième Salle de la Place des Arts, jusqu’au 22 février 

L’hiver de José Navas

Pas de doute, José Navas est un artiste et interprète d’exception. Au fil de sa longue et prolifique carrière, il a donné à voir des œuvres finement ciselées et émouvantes dans la pureté de leur geste (Anatomies, une pièce de groupe créée il y a plus de 10 ans, reste pour nous une œuvre d’exception, touchant au sublime). Depuis des années, il se consacre surtout aux solos, son corps vieillissant et malade (il souffre d’arthrose et de polyarthrite rhumatoïde, une maladie dégénérative) présenté sur scène telle une offrande.

Winterreise serait-il son chant du cygne ? Nul ne le sait. Mais cette marche vers la mort – un écho à ce poème de Müller et à la musique de Schubert dans la pièce du même nom – que Navas entreprend sur scène dans une série de tableaux généralement lents et introspectifs nous montre l’interprète dans toute sa fragilité et sa vulnérabilité. Et ce, même s’il reste plutôt enfermé en lui-même, évanescent, s’offrant et se dérobant à l’œil du public en jouant avec les clairs-obscurs que crée pour lui Marc Parent, l’un de ses fidèles collaborateurs.

La lumière, d’ailleurs, est l’un des seuls éléments scéniques qui habillent l’espace, à l’exception d’une chaise, de quelques costumes et de la présence, côté jardin, d’un piano et pianiste (Francis Perron) et du ténor Jacques-Olivier Chartier – à l’interprétation très sentie et tout en modulations, qu’on aurait aimé voir davantage interagir avec Navas. On retrouve dans Winterreise plusieurs obsessions de Navas : une scène à l’épure extrême, presque austère dans son dépouillement, des changements de costumes à vue, l’absence de coulisses, la tête qui vient se couvrir (par trois fois) d’un morceau de tissu, altérant l’identité. Le mouvement, parfois hésitant, témoigne d’un corps qui se raidit et se rebelle, mais Navas hypnotise toujours avec sa grande musicalité, ses mains et bras graciles, qui se meuvent comme des volutes de fumée autour de son corps.

Cela dit, malgré quelques tableaux d’une grande beauté (dont la finale, à donner des frissons), la pièce manque de corps, souffre de redondance, revient encore et encore aux mêmes motifs. Navas, à la présence presque fantomatique, est dans une bulle, et semble parfois s’y complaire, virevoltant dans l’hiver de sa vie.

 – Iris Gagnon-Paradis, La Presse

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