Trouvailles

Chiner pour une bonne cause

À moins d’habiter ou de fréquenter la rue de Saint-Vallier, juste au sud de la rue Beaubien, nul ne peut soupçonner l’existence de ce lieu, dont les discrets murs de brique couleur sable ont abrité les Petites Franciscaines de Marie jusqu’à la fin de 2015.

L’édifice est pourtant remarquable à plus d’un titre. À l’intérieur, hauts plafonds, planchers vernis, riches boiseries, meubles encastrés témoignent du soin qu’on a apporté à sa construction, en 1930. Et il vient de recevoir une nouvelle vocation que les Petites Franciscaines, lesquelles vouaient leur vie à l’amour du prochain et au don de soi, ne renieraient pas. Les Compagnons de Montréal, organisme qui se consacre à l’accompagnement d’adultes atteints de déficience intellectuelle ou de troubles envahissants du développement, s’y sont installés en janvier dernier. Une trentaine de leurs protégés logent désormais dans l’ancien couvent. Le réfectoire a repris du service. La cuisine bourdonne d’activité.

Au troisième étage de l’imposant immeuble se cache l’ancienne chapelle des bonnes sœurs. C’est là que les Compagnons ont installé L’Annexe, un magasin de « jolies trouvailles », comme ils le disent avec justesse. Le lieu, magnifique, lumineux, joyeux, est sans aucun doute la plus belle friperie de Montréal.

Le confessionnal a été transformé en cabines d’essayage et un vélo peint en blanc a remplacé le crucifix qui surplombait le chœur de la chapelle. Vêtements, vaisselle ancienne, vases rétro, beaux objets, meubles divers, jusqu’à un superbe fauteuil restauré par des protégés des Compagnons sous la supervision de l’artisane Anne-Marie Dion, tout est soigneusement trié, nettoyé, réparé, présenté avec goût et vendu à des prix dérisoires.

En tout, L’Annexe emploie 16 personnes qui, toutes, vivent avec une « différence » intellectuelle (on préfère ça au mot « déficience »). 

C’est pour elles l’occasion de s’acclimater à un milieu de travail, d’acquérir de l’autonomie et de retrouver dignité et fierté, en plus de bonifier un peu leurs prestations d’aide sociale.

Les profits de L’Annexe servent à financer les activités des Compagnons, qui veulent notamment aménager un atelier de réparation de meubles et un autre de couture à l’intention de leurs pensionnaires.

L’Annexe, 6365, rue de Saint-Vallier, 514 727-4444. Ouvert du lundi au vendredi, de 10 h à 16 h 30 (on espère pouvoir ouvrir le samedi éventuellement) ; bazar le premier mardi de chaque mois de 10 h à 15 h.

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