Crise des migrants

La Méditerranée, un cimetière en 2016

Le tragique destin du petit Aylan, retrouvé mort sur une plage turque le 2 septembre 2015, n’a rien changé au cours des choses. L’année s’achève sur le plus lourd bilan jamais enregistré sur la Méditerranée. En moyenne, plus de 13 migrants ou réfugiés y ont trouvé la mort chaque jour en 2016.

Crise des migrants

4910 morts en un an

Le chiffre, comptabilisé par l’Organisation internationale pour les migrations, dépasse l’entendement. Au total, en 2016, 4910 migrants ont perdu la vie dans la Méditerranée en tentant de fuir la guerre ou la misère dans leur pays d’origine. Quelque 4400 décès sont survenus au large de l’Italie, environ 400 au large de la Grèce ou de Chypre, et 69 près de l’Espagne. La presque totalité de ces décès est consécutive à des noyades, mais 124 personnes sont mortes d’asphyxie, et 8 autres ont péri à la suite d’un incendie à bord de leur embarcation de fortune.

Crise des migrants

Moins de migrants… plus de morts

Si le nombre de victimes sur la Méditerranée a atteint un sommet en 2016, le nombre de migrants qui ont tenté la dangereuse traversée, lui, a pourtant été plus de deux fois et demie moindre cette année. En 2015, plus d’un million de migrants avaient tenté de gagner l’Europe par la Méditerranée. En 2016, ils ont été 358 000 à tenter leur chance. Alors qu’en 2015 la grande majorité des migrants tentaient le coup par la Grèce, en 2016, la porte d’entrée de l’Europe a été principalement l’Italie, qui a reçu 179 523 personnes. À noter qu’un accord signé avec Ankara en mars prévoit que tous les exilés qui arrivent en Grèce, y compris les Syriens, soient renvoyés en Turquie, ce qui a découragé les candidats à l’exil d’entrer par là.

Crise des migrants

Des passeurs toujours sans scrupule

En conférence de presse avant Noël, William Spindler, un porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés cité par l’Agence France-Presse, relevait qu’à l’évidence, « l’augmentation alarmante des décès cette année […] semble liée à l’utilisation par les passeurs de bateaux de moins bonne qualité, aux aléas de la météo et aux tactiques utilisées par les passeurs pour éviter d’être détectés par les autorités ». L’envoi par les passeurs d’un grand nombre d’embarcations en même temps, a-t-il aussi dit, complique par exemple le travail des sauveteurs.

Crise des migrants

L’Italie sous pression

Face à l’afflux de migrants et de réfugiés, l’Italie craint d’atteindre un point de rupture. Au cours de l’année, ses centres d’accueil ont été débordés, et les Italiens affichent de plus en plus leur ras-le-bol. Les policiers sont sur les dents et leurs méthodes, contestées. En novembre, Amnistie internationale a soutenu que des policiers avaient eu recours à des « pratiques assimilables à de la torture » pour obtenir les empreintes digitales des réfugiés et des migrants. Amnistie internationale n’a pas dénoncé que l’Italie, mais toute l’Union européenne qui, en cours d’année, a pris des mesures pour que ses pays membres sécurisent leurs frontières.

Crise des migrants

Origines des migrants

D’où viennent les 358 000 personnes qui ont tenté d’entrer en Europe par la mer en 2016 ? Celles qui mettent le cap vers la Grèce sont majoritairement d’origine syrienne (79 000 personnes), afghane (41 198), irakienne, pakistanaise ou iranienne. Les migrants qui entrent par l’Italie viennent beaucoup d’Afrique, essentiellement du Nigeria et de l’Érythrée, mais aussi de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, de la Gambie, du Sénégal, du Mali et du Soudan. Notons que de plus en plus de Libyens tentent aussi ces temps-ci de fuir le chaos dans leur pays.

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