Pipeline Énergie Est

Les choix de TransCanada

TransCanada doit renoncer à une « traversée standard » pour sept rivières de la rive gauche du Saint-Laurent, selon le rapport de son consultant Golder.

Selon Tim Duboyce, porte-parole de TransCanada, des forages horizontaux directionnels pourraient être réalisés dans leur cas. « Dans une traversée standard, on fait une tranchée au fond de la rivière, on met le pipeline dans le fond et on recouvre », dit-il.

« Pour un forage horizontal directionnel, on fore sous les berges et sous le lit de la rivière et on insère le pipeline déjà assemblé dedans. »

Les forages directionnels prennent naissance à au moins 50 mètres de la berge.

De plus, des vannes de sectionnement sont placées « stratégiquement des deux côtés des cours d’eau principaux » pour intervenir en cas de rupture.

Dans le cas du Saint-Maurice, il y aura une valve à environ trois kilomètres en amont et une autre à 750 mètres en aval.

Il faut savoir qu’un tronçon du pipeline long d’un kilomètre contiendra 880 000 litres de pétrole. C’est l’équivalent de 6,7 wagons-citernes standard.

Dans ce contexte, les valves ne permettent pas d’éviter tout déversement.

TEMPS DE RÉACTION

Par ailleurs, l’efficacité des valves dépend de la rapidité du système de détection de fuites.

Dans une étude réalisée pour la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), le consultant Savaria Expert Conseil a estimé que le temps de réaction serait de 13 minutes, selon le scénario le plus optimiste.

Pendant ce délai, estime-t-on, 1,15 million de litres supplémentaires de pétrole se déverseraient. Si on ajoute la quantité en place dans le tuyau, on arrive à 4 millions de litres.

De son côté, M. Duboyce vante le parcours de l’entreprise. « TransCanada n’a jamais connu de déversements en dehors des postes de pompage, dit-il. Notre pipeline Keystone a connu 14 incidents durant sa première année d’exploitation en 2010, tous dans des postes de pompage et pour des quantités de 100 litres ou moins. Il n’y a eu aucun rejet dans l’environnement hors de nos propriétés. »

« Le but principal est de ne pas avoir de problème. Un déversement ou une fuite est la dernière chose qu’on veut avoir. »

— Tim Duboyce, porte-parole de TransCanada

Selon le professeur Vincenzo Silvestri, spécialiste de géotechnique à Polytechnique Montréal, il ne suffit pas de faire un forage.

« Un glissement de terrain peut emporter la conduite, dit-il. Il faut protéger les berges en plus. Ils seront peut-être obligés de faire des protections en blocs de pierre ou des gabions. »

Ce type d’ouvrage peut tenir le coup, estime-t-il. « On en a fait pour les routes et les autoroutes et après 30 ou 40 ans, ils sont encore là. »

En revanche, paradoxalement, ces chantiers peuvent faire augmenter les risques de glissement de terrain, explique le professeur Silvestri. « Certaines traversées sont dans des zones où les glissements sont actifs. Quand ils vont faire les travaux, ça va empirer. »

Un tunnel sous le fleuve

Franchir le Saint-Laurent pose des défis encore plus délicats à TransCanada. Le fleuve est lui aussi coté à risque hydrotechnique élevé. Toutefois, un forage horizontal est impossible. « Sous les cours d’eau les plus vastes, dans les cas où les distances sont trop grandes pour un forage, il faut creuser un tunnel, explique M. Duboyce. C’est le cas pour la traversée du fleuve Saint-Laurent, qui couvre une distance de 4,4 kilomètres. Dans ce cas, nous serons à 40 mètres sous le lit du fleuve. Un gazoduc de TQM est juste à côté, dans un autre tunnel. »

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