THÉÂTRE  Mani Soleymanlou et Emmanuel Schwartz

Le roc et le rêveur

MANI SOLEYMANLOU ET EMMANUEL SCHWARTZ

Tout a commencé en 2004 par un rap improvisé dans l’appartement d’un ami commun.

Emmanuel Schwartz venait de terminer sa formation en jeu à Sainte-Thérèse, tandis que Mani Soleymanlou était en première année à l’École nationale de théâtre. Emmanuel se souvient également d’avoir vu Mani dans son spectacle de finissants (L’Orestie, d’Eschyle) en 2008. « Je me souviens d’avoir été impressionné par sa performance », dit-il.

Mais c’est la metteure en scène Alice Ronfard – enseignante à l’École nationale – qui a été au cœur de la rencontre professionnelle des deux auteurs et comédiens. « J’étais déjà assez proche d’Alice, raconte Emmanuel Schwartz, puisqu’elle a relu mes premiers textes qui composaient Chroniques. Un jour, elle m’a parlé de son coup de foudre artistique pour Mani, qui s’était lui aussi rapproché d’elle pendant sa formation à l’École. »

C’est ainsi que Mani Soleymanlou a commencé à jouer dans les Chroniques d’Emmanuel (notamment dans Max, Clichy et Nathan), produites par Wajdi Mouawad, avec qui Schwartz a longuement collaboré – il a notamment joué dans ses pièces Littoral et Forêts. Quand Mani s’est mis à écrire Deux, il a tout de suite pensé à Manu.

« On voulait continuer à créer ensemble, nous dit Mani. Quand on travaille avec Emmanuel, on ne travaille pas juste avec un acteur ou un metteur en scène, mais avec un artiste qui connaît très, très bien le théâtre. Pour moi, c’était très intéressant. »

« C’est facile et motivant de travailler avec quelqu’un en qui on a confiance et avec qui on a l’impression que tout est possible. »

— Mani Soleymanlou

« Moi, ce qui m’a toujours impressionné et qui continue de m’impressionner, rétorque Emmanuel, c’est la force brute de cette pièce d’homme. Je l’avais constaté dans son jeu, mais, peu importe le style de théâtre dans lequel on s’inscrit, Mani est toujours aussi fort et présent. C’est une force maîtrisée qui est très créative. »

Chose certaine, les deux hommes âgés de 32 ans n’ont pas fini de travailler ensemble. La pièce Ils étaient quatre, que Mani Soleymanlou mettra en scène à La Licorne en mars prochain, est le premier volet d’une nouvelle trilogie qui sera suivie de 5 à 7 et de 8. « On raconte une soirée qu’on a passée ensemble : Éric Bruneau, Guillaume Cyr, Jean-Moïse Martin et moi, dit Mani Soleymanlou. Dans le deuxième volet, quatre filles racontent la soirée de leur point de vue, et dans le troisième, c’est la soirée en question, qui se passe chez Emmanuel. »

Mani et Manu, deux anglophiles notoires, aimeraient également faire une virée dans la ville en faillite de Detroit, aux États-Unis, pour y camper l’histoire d’un transgenre (qu’interpréterait Mani). Un texte qu’Emmanuel compte écrire.

EN UNE PHRASE

Emmanuel Schwartz vu par Mani Soleymanlou 

« Manu ? A triple threat ! Six pieds trois pouces et demi d’homme de théâtre redoutable ! Acteur hors pair, auteur unique, être humain formidable. »

Mani Soleymanlou vu par Emmanuel Schwartz

« Haïku de Mani : regard acéré, sa force-démesure, le talent fou. »

LEUR RENTRÉE

Mani Soleymanlou a amorcé sa rentrée cette semaine avec Opening Night au Quat’Sous – une adaptation du film de John Cassavetes mise en scène par Eric Jean.

À partir du 30 septembre, il reprendra sa trilogie Un, Deux et Trois, créée le printemps dernier au FTA, au Théâtre d’Aujourd’hui. L’auteur des trois pièces aborde le thème de l’identité à travers son propre parcours qui l’a mené de Téhéran à Montréal. Il partage la scène avec Emmanuel Schwartz dans Deux et Trois. Dans ce dernier volet, 41 comédiens sont également sur scène.

De son côté, Emmanuel Schwartz sera de la distribution de Nombreux seront nos ennemis, qui puise dans l’œuvre poétique posthume de Geneviève Desrosiers. Ça se passe au Théâtre La Chapelle du 16 au 20 septembre, dans une mise en scène du Libanais Hanna Abd el Nour.

Enfin, les deux comédiens font partie de la distribution de Phèdre, mise en scène par Jérémie Niel, qui sera présentée du 3 au 5 décembre à l’Usine C et au CNA d’Ottawa.

PROJETS COMMUNS

Max qui a les yeux sortis du cœur (2009)

Clichy (2009)

Nathan (2012)

Deux (2012)

Trois (2014)

Phèdre (2014)

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