« Nous sommes très sensibles à ce que nos alliés pensent »

Le ministre de la Sécurité publique pourrait interdire l’implantation du réseau 5G de Huawei

Ottawa — La mise en garde servie par les autorités américaines lundi contre le géant chinois Huawei pourrait bien avoir du poids dans la décision d’Ottawa d’autoriser l’entreprise de télécoms à implanter son fameux réseau 5G au pays.

« Nous sommes évidemment très sensibles à ce que nos alliés pensent et croient, et nous pesons ces opinions très attentivement », a laissé savoir hier le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale. « Notre travail est d’agir dans l’intérêt supérieur des Canadiens et nous veillerons à ce que leur sécurité soit assurée », a-t-il ajouté.

Lors du dépôt de 23 accusations de nature criminelle contre l’entreprise Huawei et sa directrice financière, Meng Wanzhou, lundi à New York, le directeur du FBI n’a pas été tendre envers le leader de la téléphonie, affirmant que « des entreprises comme Huawei représentent une double menace pour la sécurité économique et la sécurité nationale ».

Les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, trois partenaires canadiens membres du « Five Eyes », ont par ailleurs déjà interdit l’utilisation des produits Huawei dans le développement du réseau 5G de leur pays. « Nous sommes très attentifs pour nous assurer que tous les enjeux seront pris en compte », a précisé Ralph Goodale.

Impossible pour l’heure de savoir à quel moment le Canada tranchera par rapport au sort de Huawei sur son territoire. « Ça prendra le temps qu’il faudra pour nous assurer de prendre une décision dans l’intérêt national », a indiqué le ministre de l’Innovation, Navdeep Bains, qui a invité les acteurs de l’industrie, citant Nokia et Ericsson, qui veulent offrir la technologie 5G au pays « à plus de concurrence ».

Appel à libérer Meng Wanzhou

Malgré le dépôt d’accusations des États-Unis contre Meng Wanzhou, la Chine a une fois de plus pressé Ottawa de libérer immédiatement la haute dirigeante de Huawei et « d’arrêter de mettre en péril ses propres intérêts au bénéfice » des Américains. Mais ce nouvel appel à la libération de Mme Meng n’a pas semblé avoir d’effets jusqu’à Ottawa.

« Je reste à l’extérieur du processus [d’extradition] », a affirmé le ministre de la Justice, David Lametti, devant la presse parlementaire. « On a un système judiciaire qui est excellent – l’un des meilleurs au monde – basé sur la primauté du droit. On a confiance en ce système et l’on va suivre le processus [d’extradition] jusqu’à la fin », a-t-il dit.

Pour sa part, la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a réitéré sa confiance envers son équipe diplomatique présente en Chine et n’a pas voulu s’avancer sur le successeur de John McCallum, limogé samedi dernier. « C’est important de bien le choisir et c’est ce que le gouvernement fera », a-t-elle assuré.

Sols contaminés

Saint-André-d’Argenteuil interpelle Québec

Les municipalités devraient posséder un pouvoir habilitant d’intervention afin d’établir un meilleur contrôle de la disposition des sols contaminés, plaide la municipalité de Saint-André-d’Argenteuil, qui interpelle ainsi le gouvernement du Québec afin qu’il prenne des mesures pour remédier concrètement au problème des déversements illégaux.

La Presse a révélé dans un article publié samedi dernier que des sols excavés contaminés avaient été déversés en pleine nature, à l’automne 2018, dans un secteur rural de Saint-André-d’Argenteuil. 

À la suite de la publication de ce reportage, la députée provinciale d’Argenteuil, Agnès Grondin, le maire suppléant de la municipalité, Michel Saint-Jacques, et le préfet de la MRC d’Argenteuil, Scott Pearce, se sont réunis d’urgence lundi pour se concerter sur cette situation.

Des membres des équipes professionnelles de la municipalité et de la MRC ont également pris part à la rencontre, où il a été décidé de « demander la mise en place de mesures d’intervention et de contrôle pour remédier à cette problématique fort préoccupante », expliquent les deux instances dans un communiqué publié hier. 

Le gouvernement du Québec doit réviser les lois encadrant la disposition de ces éléments polluants et mettre en place une « procédure claire de gestion des sols contaminés » afin d’empêcher les déversements en pleine nature, martèle la municipalité de Saint-André-d’Argenteuil, qui qualifie les déversements de ces éléments nocifs en pleine nature d’« inadmissible[s] » d’un point de vue environnemental et sanitaire.

« Pouvoir habilitant »

Exigeant du gouvernement québécois qu’une procédure claire de gestion des sols contaminés soit établie, Saint-André-d’Argenteuil souhaite également une plus grande autorité municipale afin d’être en mesure d’intervenir dans ces dossiers. 

« En vertu des lois actuelles, le palier municipal ne détient pas le pouvoir habilitant qui lui permettrait d’effectuer un contrôle efficace de la disposition de sols contaminés », soutient la municipalité.

Les autorités municipales demandaient déjà depuis le mois de septembre dernier que le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques s’attarde à la question du dépôt de matériaux de remblais sur son territoire, « dont la nature […] ne respecte pas la réglementation applicable », selon elles. 

La Presse a expliqué la semaine dernière que le Ministère avait augmenté de 50 % le nombre de ses inspections cette année, afin d’épingler les acteurs de l’industrie procédant à des déversements illégaux de sols contaminés. Au cours des dernières années, les mesures entreprises pour sanctionner les contrevenants ont souvent été infructueuses.

Étude de l’Institut de cardiologie de Montréal

Un médicament peu coûteux susceptible de prévenir la récidive après une crise cardiaque 

L’Institut de cardiologie de Montréal dirige une étude internationale regroupant 5000 patients de 12 pays sur la colchicine, un médicament utilisé pour traiter la goutte et la péricardite qui pourrait prévenir la récidive après une crise cardiaque. Les résultats pourront être appliqués en clinique immédiatement s’ils sont positifs, parce que la colchicine est peu coûteuse et a peu d’effets secondaires.

Propriétés anti-inflammatoires

Dérivée d’une plante poussant en Europe, le colchique d’automne, la colchicine est utilisée contre la goutte depuis l’Antiquité. « Elle a des propriétés anti-inflammatoires », explique Jean-Claude Tardif, directeur de recherche à l’Institut de cardiologie de Montréal, qui dirige l’étude internationale Colcot (Essai de la colchicine sur les résultats cardiovasculaires). « La colchicine est aussi utilisée depuis un certain temps pour traiter l’inflammation de l’enveloppe du cœur, la péricardite. Des résultats sur les animaux ont montré qu’elle pouvait réduire l’athérosclérose, une inflammation qui est responsable de la grande majorité des crises cardiaques. Une petite étude australienne a aussi donné des résultats intéressants. » L’étude australienne Lodoco (colchicine à faible dose), qui portait sur 500 patients, a montré que le risque de récidive diminuait de 67 % après une crise cardiaque avec la colchicine.

1000 patients québécois

Une centaine d’hôpitaux participent à Colcot, notamment 200 patients à l’Institut de cardiologie et plus d’un millier au Québec. Un peu plus du quart des patients, dont la moyenne d’âge dépasse 60 ans, sont des femmes, ce qui reflète le risque accru d’athérosclérose des hommes. Le recrutement – les patients devaient avoir eu une crise cardiaque dans le mois ayant précédé leur inclusion dans l’étude – a commencé au début de 2016 et le suivi terminera à la fin de 2019. « Normalement, sur deux ans, deux ans et demi, on s’attend à ce que 10 % des patients ayant eu une crise cardiaque aient un autre événement », dit le DTardif. Quatre types d’événements cardiaques seront suivis : une autre crise cardiaque, un accident vasculocérébral, une hospitalisation en cardiologie et une angine instable devant être traitée par pontage ou dilatation. La Fondation J. Armand Bombardier annonce ce matin une contribution de 1 million à Colcot.

Prévention

Si les résultats de Colcot sont concluants, la colchicine pourra être testée en prévention, chez des gens qui font de l’athérosclérose ou ont des facteurs de risque pour cette inflammation des artères ou pour les crises cardiaques. « Au sens strict, Colcot ne peut mener qu’à une utilisation pour prévenir une récidive de crise cardiaque, dit le DTardif. Mais on compte bien pouvoir faire une autre étude clinique pour aider les patients à éviter la crise cardiaque. »

Concurrents

D’autres anti-inflammatoires sont en étude clinique, mais ils sont souvent très coûteux. « On parle d’injections et parfois de coûts de 5000 $ à 10 000 $ par année, dit le DTardif. La colchicine coûte moins de 50 cents par jour. Et elle est utilisée en ce moment, ce qui va accélérer son approbation par les autorités réglementaires pour une utilisation clinique. » A-t-elle des effets secondaires ou des interactions ? « Il y en a peu et ils ne sont pas très graves. Entre 5 % et 7 % des patients ont de la diarrhée et il y a des interactions faibles avec certains antibiotiques. »

Stages étudiants

La menace de grève plane toujours

Le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge a promis de se pencher sur la question de la compensation des stages dans les mois à venir, mais certaines associations étudiantes n’ont pas l’intention d’attendre qu’il mène à bien cet exercice pour demander à leurs membres des mandats de grève générale illimitée.

Le Comité unitaire sur le travail étudiant (CUTE), qui a mené le mouvement de grève de l’automne dernier, considère qu’il a été écarté de la discussion avec le ministre, à la faveur de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et de l’Union étudiante du Québec (UEQ), qui ont rencontré Jean-François Roberge à huis clos à la mi-janvier.

« Quand ils ont décidé d’aller parler avec le ministre, nous n’avons pas été consultés. Le dialogue se fait séparément, ils ont leurs propres revendications sur la compensation des stages et ça ne correspond pas à ce qu’on veut », explique Camille Parent-Montpetit, militante au CUTE du cégep de Saint-Laurent, à Montréal.

Depuis cet automne, les étudiants en enseignement qui prennent en charge un groupe d’élèves dans le cadre de leur dernier stage reçoivent une compensation de 3900 $. Ce n’est pas un modèle à suivre, affirme le Comité unitaire sur le travail étudiant, qui souhaite plutôt obtenir un salaire en bonne et due forme pour chaque heure passée en stage, quel que soit le domaine d’études.

Les résultats doivent venir « rapidement »

Bien qu’elle ait participé à une rencontre avec le ministre récemment, l’Union étudiante du Québec ne se dissocie pas du mouvement de grève générale illimitée.

« Il y a une mouvance de grève dans certaines associations départementales partout en province qui est assez symbolique du ras-le-bol qu’on nous rapporte sur les campus. On n’écarte aucun moyen, les résultats du chantier vont devoir se faire sentir très rapidement », dit Guillaume Lecorps, président de l’UEQ.

Certains domaines d’études doivent être considérés en priorité pour la compensation des stages, notamment les domaines traditionnellement occupés par des femmes, par exemple en psychoéducation ou en travail social, illustre-t-il.

« Il y a une nécessité de trouver des solutions à la précarité financière des stagiaires et d’améliorer leurs conditions. On est capables d’offrir des protections minimales aux stagiaires en modifiant la Loi sur les normes du travail rapidement », dit Guillaume Lecorps, qui a espoir de voir des mesures concrètes dans le premier budget du gouvernement Legault.

Pour le Comité unitaire sur le travail étudiant, qui porte les revendications depuis deux ans, la volonté politique n’y est tout simplement pas.

Le plan d’action adopté par diverses associations étudiantes de cégep et d’université prévoit donc une « escalade » de moyens allant jusqu’à la grève générale illimitée en cas de « défaut du gouvernement d’implanter la rémunération de tous les stages à tous les niveaux ».

Au plus fort de la mobilisation l’automne dernier, plus de 60 000 étudiants québécois étaient en grève.

Toronto

Un tueur en série plaide coupable à huit chefs d’accusation

Le tueur en série qui s’en est pris pendant des années à des hommes du Village gai de Toronto a agressé sexuellement un grand nombre de ses victimes et a conservé certains de leurs biens après s’être débarrassé de leurs restes, ont révélé hier des procureurs, alors que l’accusé venait de plaider coupable à huit chefs de meurtre au premier degré. Bruce McArthur, qui devait être jugé l’an prochain, a finalement plaidé coupable lors d’une audience hier matin. Le paysagiste de 67 ans avait été arrêté en janvier 2018. Selon l’enquête policière, le meurtrier aurait fait huit victimes : Selim Esen, Andrew Kinsman, Majeed Kayhan, Dean Lisowick, Soroush Mahmudi, Skandaraj Navaratnam, Abdulbasir Faizi et Kirushna Kanagaratnam. Tous ces hommes avaient été portés disparus dans le quartier gai de Toronto entre 2010 et 2017. Les policiers affirment avoir retrouvé les restes de sept hommes dans de grands bacs à fleurs d’une propriété torontoise où McArthur a travaillé comme paysagiste. Les restes de la huitième victime ont été retrouvés dans un ravin à proximité. — La Presse canadienne

Tragédie des Broncos

Le chauffeur n’aurait pas dû être sur la route, selon un rapport

Un rapport du gouvernement de la Saskatchewan indique que le conducteur du semi-remorque n’aurait pas dû être sur la route le jour où il a dépassé un panneau d’arrêt obligatoire sans s’immobiliser à un carrefour et provoqué un accident impliquant l’autocar de l’équipe de hockey des Broncos de Humboldt. Le rapport déposé cette semaine lors de l’audience de détermination de la peine de Jaskirat Singh Sidhu fait état de 70 infractions aux règlements fédéraux et provinciaux sur le camionnage et aux règles d’inspection. Cela inclut les 11 jours qui ont précédé l’accident du 6 avril 2018 à une intersection rurale qui a tué 16 personnes et en a blessé 13 autres. « Si Jaskirat Singh Sidhu avait été arrêté et inspecté avant l’accident le 6 avril 2018, il aurait été soumis à une déclaration de mise hors service de 72 heures […] l’empêchant de conduire un véhicule utilitaire », indique le rapport. — La Presse canadienne

Tragédie de Lac-Mégantic et Netflix

Ottawa demande le retrait des images et une compensation

La Chambre des communes a adopté hier une motion exhortant Netflix à retirer les images de la tragédie de Lac-Mégantic de ses productions et à verser un dédommagement financier à la communauté. Les députés ont approuvé la motion présentée par le néo-démocrate Pierre Nantel concernant ces séquences vidéo que l’on voit notamment dans le très populaire film Bird Box. Elle stipule notamment que la Chambre demande que Netflix « retire de son catalogue de fiction toute image de la tragédie de Lac-Mégantic » et « compense financièrement la communauté de Lac-Mégantic pour avoir utilisé ces images à des fins de divertissement ». Au bureau du ministre du Patrimoine canadien Pablo Rodriguez, on a affirmé hier soir que l’on comprenait « parfaitement la consternation des Méganticois face à l’utilisation des images de la tragédie ». L’utilisation des images de la catastrophe ferroviaire survenue en juillet 2013 a suscité l’indignation, notamment celle de la ministre de la Culture du Québec, Nathalie Roy. — La Presse canadienne

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