Vélos de ville nouveau genre

Un vélo de ville qu’on peut laisser presque n’importe où, sans chercher une borne de stationnement… Trop beau pour être vrai ? Pas si vous habitez Singapour ou certaines villes chinoises, américaines, néerlandaises et anglaises : on y trouve des vélos qu’on peut déverrouiller avec un code QR, enfourcher pour la durée désirée et abandonner dans un lieu public approprié, sans tracas.

À Singapour, ces vélos sont aisément repérables avec leur touche de jaune canari. L’entreprise oBike fait partie des principaux acteurs qui se partagent le marché. « Comme le gouvernement singapourien veut développer une société avec moins de voitures, on trouvait que c’était un bon moment pour offrir un transport alternatif, explique le président d’oBike Asia, Edward Chun. Et un système sans bornes est particulièrement intéressant ici en raison des contraintes d’espace et de la quantité de personnes qui veulent franchir de courtes distances. »

Afin de prévenir le vol de ces vélos laissés un peu partout, un système GPS est intégré à chaque monture.

« Aussi, nos vélos sont faits sur mesure, précise-t-il. Même si quelqu’un en vole un et le démonte pour vendre ses parties, il n’y aura pas de marché pour ça. Et les lois singapouriennes sont très strictes en ce qui concerne la vente de pièces usagées. »

Interpellé sur le succès potentiel d’un tel système, le responsable des transports de la Ville de Montréal, Aref Salem, exprime plusieurs doutes sur l’entretien des vélos et leur accès. « Avec BIXI, on propose une offre équitable aux citoyens des 95 km2 qu’on dessert, avec des stations à moins de 300 m les unes des autres. »

Il ajoute qu’il serait malvenu de retrouver 10 000 vélos laissés en bloc au même endroit, au cours d’un événement rassembleur. « D’une part, ça pénaliserait des citoyens du reste de la ville, mais il faut se questionner sur qui prendra en charge les vélos en cas de pluie, si tout ce monde retourne en métro. C’est un modèle anarchique. »

À ces interrogations, le président d’oBike répond d’abord qu’une équipe d’inspection fait le tour de Singapour pour vérifier le statut de tous les vélos. « Ils vérifient les freins, s’assurent que les guidons sont stables et que les vélos sont en bonne condition, dit-il. On encourage aussi les usagers à nous contacter s’ils voient un vélo abîmé, pour que notre équipe se rende sur place pour le réparer. » Le principe est semblable si une foule de vélos se retrouve au même endroit « Nous envoyons des conducteurs pour récupérer les vélos et les redéployer dans les espaces publics les plus proches où l’on peut laisser nos vélos. »

Que dirait la Ville de Montréal si une entreprise voulait concurrencer BIXI ? « Les besoins montréalais sont déjà comblés, affirme M. Salem. On peut certainement bonifier notre système, mais on a déjà investi beaucoup d’argent. Avant d’accepter qu’une autre entreprise fasse compétition à BIXI, j’ai beaucoup de questions à poser. On ne peut pas improviser une chose pareille. »

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