Société

MYTHES ET RÉALITÉS SUR LA TRANSPARENTALITÉ

Un tout nouveau guide pour parents LGBT vient d’arriver en librairie. Conseils d’adoption, de procréation, mythes et surtout réalités, Familles LGBT, le guide, publié aux Éditions du remue-ménage, répond à toutes les questions que peuvent se poser les lesbiennes, gais, bi et surtout trans sur la parentalité. Parce que oui, les trans aussi peuvent être parents. Entrevue avec Mona Greenbaum, la directrice de la publication, pour faire le point sur la question.

PARENTS TRANS : COMBIEN SONT-ILS ?

Impossible de le dire avec certitude, répond la directrice de la Coalition des familles lesbiennes, gaies, bisexuelles et trans. « On ne sait même pas combien il y a de personnes homosexuelles ici ! » Ce que l’on sait, c’est qu’il y a 1400 familles LGBT membres de la Coalition. Du nombre, douze ont un parent trans, soit environ 1 %. « Or, on dit que des dizaines de milliers d’enfants vivent dans des familles homoparentales au Québec. En extrapolant ce 1 %, on pourrait dire que des centaines d’enfants vivent dans des familles transparentales », avance Mona Greenbaum, tout en reconnaissant que ses calculs ne sont pas « scientifiques ».

PLUSIEURS MODÈLES

« Il y a des parents pré-transition et post-transition », précise la militante, qui en a rencontré plusieurs pour son livre. Certains ont eu des enfants dans une relation antérieure, souvent hétérosexuelle. D’autres ont peut-être prévu le coup avant la transition. Par exemple, certains hommes, pré-transition, peuvent avoir congelé leur sperme, puis inséminé leur conjointe après la transition. « Tous les trans n’ont pas non plus eu de traitement médical, souligne-t-elle. Il y a une énorme variabilité ! » À noter, plusieurs parents trans continuent de se faire appeler « maman » ou « papa », même s’ils ne s’identifient plus à ce genre, c’est-à-dire après leur transition. « On fait parfois la différence entre l’identité de genre et le rôle parental. »

ENFANTS MÊLÉS ?

C’est, sans surprise, la question que tout le monde se pose : comment un enfant vit-il la transition de son parent ? De deux choses, l’une. D’abord, plusieurs sont nés après la transition, donc ils n’ont jamais rien connu d’autre. Pour les autres ? « Cela varie selon l’âge. Les plus jeunes sont souvent plus ouverts », signale Mona Greenbaum. Ce que dit la recherche, par contre, c’est qu’il n’y a pas de problèmes « inhérents » à ces familles. « Dans les familles homoparentales ou transparentales, c’est le regard de la société qui change tout. Plus on est ouvert, mieux c’est. Parce qu’à l’interne, nos enfants nous acceptent. »

TOUJOURS TRÈS STIGMATISÉS

Même si les trans sont de plus en plus visibles (notamment à la télé, avec la télésérie Transparent, sans parler de la téléréalité I Am Cait ou du personnage de Laverne Cox dans Orange is the New Black), la transparentalité, elle, demeure très stigmatisée dans notre société. « Les trans sont la cible de beaucoup de préjugés, déplore Mona Greenbaum, même dans la communauté gaie ! » Elle est toutefois très heureuse que son ouvrage, Familles LGBT, consacre trois chapitres entiers aux particularités trans. « Je suis très fière ! Parce qu’il s’est écrit très peu de choses sur ces familles. »

MYTHES TENACES

Que ce soit pour les familles homoparentales en général ou transparentales en particulier, les mythes sont les mêmes, « mais à la puissance 20 pour les trans », résume la militante. « Pourtant, il y a eu des milliers d’études très étoffées sur nos familles depuis les années 70 ! » Faut-il le rappeler, les familles LGBT ne sont ni meilleures ni pires que les autres (à une nuance près : « Nos enfants ne sont pas des accidents »), les couples ne sont ni plus ni moins instables, et non, les enfants ne sont pas mêlés dans leur identité de genre (« les enfants sont entourés de modèles masculins ou féminins »). Enfin, ces enfants ne sont pas non plus davantage à risque d’être victimes d’agressions.

MYTHES À DÉBOULONNER

Ce qui est vrai, par contre, c’est que ces enfants peuvent être victimes d’intimidation à cause de leurs parents, notamment à l’adolescence. Il n’est pas rare qu’un ado cache l’identité de son parent « de peur d’être harcelé ou ridiculisé ». Et ce sont précisément ces préjugés qu’il faut combattre, signale la militante. « Si on veut le meilleur pour nos enfants, la meilleure chose à faire, c’est de défaire ces préjugés. Parce que non, il n’y a pas de problème inhérent à ces familles », répète-t-elle.

LE QUÉBEC À L’AVANT-GARDE

Le Québec a ici belle réputation. « Un endroit merveilleux », écrit Mona Greenbaum. « Le meilleur endroit au monde, répète-t-elle en entrevue, c’est certain. » Au sein de son association, elle voit arriver ici des immigrants qui ont choisi le Québec pour son avant-gardisme. « Notamment des Français, qui viennent fonder une famille ici à cause de nos lois, de nos attitudes », dit-elle. Même s’il reste beaucoup de chemin à faire, notamment pour les familles trans, « on est assez ouverts », se félicite la militante, qui a vu, en moins de 20 ans, les mentalités évoluer, les lois bouger, même les mots changer. Pensez-y : en 1990, le mot « homoparentalité » n’existait même pas !

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