Chronique

Sortez-la des griffes du Monstre !

Visionner la poignante minisérie Le monstre procure le même sentiment d’impuissance que celui ressenti pendant l’écoute de Fugueuse. Une brillante jeune femme, élevée dans une famille aimante et aisée, sombre sous nos yeux. Et il n’y a rien à faire pour stopper la vrille infernale de la victime.

Voyons, Sophie, n’épouse pas ce manipulateur fini ! Bien non, ne pars pas en voyage seule avec lui ! Sérieux, Sophie, ne vois-tu pas tous les drapeaux rouges qui se lèvent devant tes yeux ?

Le monstre, dont les six épisodes adaptés du livre éponyme se faufileront demain matin sur l’Extra de Tou.tv, vous attrapera immédiatement dans ses filets avec ses scènes de violence explicite et ses moments de tendresse entre les deux personnages principaux, un couple d’étudiants qui vivent une passion dévorante.

Comme un vrai manipulateur qui traque sa proie, Le monstre alterne entre la séduction et la répulsion pour raconter l’épouvantable drame conjugal de la comédienne Ingrid Falaise, qui a vécu deux ans et demi sous l’emprise d’un pervers narcissique.

C’est impossible de rester de glace devant cette histoire bouleversante ayant failli coûter la vie à Ingrid Falaise, qui s’appelle Sophie (excellente Rose-Marie Perreault) dans la minisérie.

Le premier épisode du Monstre démarre avec la fin tragique de la relation entre Sophie et M. (Mehdi Meskar), l’étudiant étranger qui l’a charmée et lui a fait vivre l’enfer.

Battue, humiliée et isolée, Sophie est jetée sur un tas d’ordures, puis ligotée. Avec l’énergie du désespoir, elle réussit à fuir son bourreau et se réfugie chez ses parents, joués par Macha Limonchik et Jean-François Pichette. Ces scènes brisent le cœur. Et c’est difficile à regarder.

Heureusement, c’est bien dosé par la scénariste Chantal Cadieux (Une autre histoire) et le réalisateur Patrice Sauvé (Victor Lessard). Car six heures de télé pendant lesquelles une femme subit les pires assauts, ç’aurait été intolérable.

Déconstruit, le récit valse entre les pires moments du couple et les plus beaux. Ceux qui ont été piégés par un manipulateur professionnel le confirmeront : ça commence toujours comme une comédie romantique, pour finir en film d’horreur.

La religion a été abordée avec les précautions nécessaires dans Le Monstre. Le personnage principal est musulman, mais ses croyances ne l’amènent pas à poser des gestes odieux. C’est un fou furieux, point à la ligne. Sa mère ne porte pas le voile, sa sœur non plus. Et lui-même boit de l’alcool et fume des cigarettes. Mettons que M., dont le prénom n’est jamais mentionné, n’entre pas dans la catégorie des intégristes. Ce n’est pas l’islam qui l’a construit.

En entrevue, Ingrid Falaise n’a jamais révélé dans quelle partie de l’Afrique elle avait été séquestrée par son époux psychopathe. Ce n’est pas précisé dans la télésérie non plus, mais une partie du Monstre a été tournée en Tunisie.

L’équipe de Pixcom a passé 82 comédiens en audition pour le rôle de M., qui a finalement été confié à Mehdi Meskar, 23 ans, un acteur parisien d’origine italo-marocaine. Il est très bon. On croit autant à son pouvoir d’attraction que de destruction.

Au deuxième épisode, on comprend comment le charismatique M. a lentement enserré Sophie de ses griffes. Vous vous identifierez probablement – comme moi – à la grande sœur de Sophie, Victoria (Maude Demers-Rivard), une des rares à exprimer de la colère envers Sophie, qui a menti à répétition à sa famille et qui est retournée systématiquement dans les bras de son agresseur malgré les avertissements de son entourage.

Vous allez voir, c’est limite enrageant. Ça va lui prendre quoi, à Sophie, pour allumer, hein ?

Ingrid Falaise, qui fait elle-même la narration du Monstre, n’a-t-elle pas peur que la sortie de la série ramène M. dans sa vie ? « J’ai fait une déposition, et il n’a pas le droit de venir au Canada », assure-t-elle.

Tout le monde baisse

Légère baisse d’audience de La voix à TVA, qui a retenu l’attention de 1 812 000 téléspectateurs dimanche soir, en comparaison des 2 036 000 qui ont suivi la première émission. La chute a été pas mal plus brutale pour Tout le monde en parle, à Radio-Canada, qui est passé de 949 000 à 678 000 fidèles dimanche soir. Il faut le dire, ce ne fut pas le meilleur épisode de Guy A. Lepage et Dany Turcotte. À TVA, Vlog a été vue par 915 000 curieux.

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