Sommet Trump-Kim

Kim s’impose, Trump consent

Les spécialistes de la Corée du Nord sont unanimes : le sommet de Singapour a servi à asseoir le pouvoir de Kim Jong-un. En lui parlant d’égal à égal, le président des États-Unis a accordé à son régime une reconnaissance inespérée.

Décryptage

La consécration de Kim Jong-un

Sa première apparition publique remarquée date du 28 décembre 2011, à l’occasion des funérailles de son père, Kim Jong-il.

Kim Jong-un avait tout juste 27 ans. Son visage poupin et son air boudeur le faisaient paraître comme un successeur accidentel, prêt à se faire dévorer tout rond par ses nombreux mentors.

Mais il a suffi de quelques mois de purges, d’arrestations et d’exécutions pour qu’il s’affirme comme le véritable leader de la Corée du Nord. Et hier, à Singapour, il a achevé sa fulgurante ascension en s’affichant comme un chef d’État assez puissant pour parler d’égal à égal avec le président des États-Unis, et lui arracher quelques concessions en prime.

Son père et son grand-père, Kim Il-sung, n’auraient jamais rêvé d’une telle reconnaissance internationale.

Les spécialistes qui suivent ce qu’on appelait il n’y a pas longtemps « le royaume ermite » sont unanimes : le sommet de Singapour a tourné à l’avantage de Kim Jong-un. Dans leur déclaration commune signée à l’issue de la rencontre, hier, le président Donald Trump s’engage à « donner des garanties de sécurité » à la Corée du Nord, tandis que le dirigeant Kim Jong-Un « réaffirme son engagement ferme et indéfectible pour la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne. »

« Un despote qui pourrait être poursuivi pour crimes contre l’humanité vient de réussir à faire reconnaître la légitimité et la sécurité de son régime, c’est absolument fantastique. »

— Gérard Hervouet, directeur du Centre d’études et de recherches sur l’Asie contemporaine de l’Université Laval

La déclaration commune signée par Kim Jong-un et Donald Trump vient aussi « légitimer la Corée du Nord comme puissance nucléaire », ajoute Jean-François Bélanger, chercheur étudiant au Centre d’études sur la paix et la sécurité internationale de l’Université McGill.

Le fait même que le sommet ait eu lieu constitue déjà une victoire symbolique et une consécration pour le leader nord-coréen qui a mené une « offensive de charme » internationale depuis le début de l’année, fait valoir Benoît Hardy-Chartrand, professeur à l’université japonaise Temple, affilié à la Chaire Raould-Dandurand de l’Université du Québec à Montréal.

« L’hôtel, les drapeaux, la poignée de main et la déclaration conjointe, le sommet Kim-Trump avait tout l’air d’un sommet entre deux pays entretenant de bonnes relations », note Benoît Hardy-Chartrand.

Bref, du gâteau pour celui que le président Donald Trump désignait il n’y a pas si longtemps par le terme condescendant « Little Rocket Man ».

Concessions

Le petit homme-fusée a beaucoup grandi en quelques mois. D’autant plus que la déclaration finale qu’il cosigne avec son homologue américain contient plusieurs concessions américaines – sans contreparties de la part de Pyongyang.

Globalement, la déclaration ne contient pas grand-chose de neuf comparativement à ce que Kim Jong-un a déjà laissé entendre au cours de ces derniers mois passés en mode séduction. Le principe de base de la déclaration consiste à garantir la sécurité de la Corée du Nord en échange de sa dénucléarisation. « En gros, on leur dit : débarrassez-vous de vos armes, puisque vous n’en aurez plus besoin », résume Gérard Hervouet.

Mais le diable est dans les détails, et ceux-ci brillent par leur absence dans la déclaration de Singapour.

Quel sera le rythme de la dénucléarisation ? En quoi consistera-t-elle au juste ? Y aura-t-il un mécanisme de vérification ? Autant de questions cruciales qui, pour l’instant, restent en plan.

Ces silences sont significatifs. L’administration Trump a toujours exigé que l’éventuel programme de dénucléarisation nord-coréen soit « vérifiable » et « irréversible », rappelle Benoît Hardy-Chartrand. La déclaration commune marque un recul américain sur cette double exigence.

Donald Trump a aussi mis de l’eau dans son vin en évoquant la possibilité de mettre un terme aux exercices nucléaires communs avec la Corée du Sud et d’un retrait des troupes américaines de la Corée du Sud. Là aussi, Washington semble jeter du lest et donner avantage à Pyongyang, constate M. Hardy-Chartrand.

Le Pentagone a d’ailleurs été pris au dépourvu par cette annonce, qui risque de faire des vagues à Séoul.

Les analystes notent aussi que la déclaration définitive fait référence à la « péninsule coréenne », au lieu de cibler uniquement la Corée du Nord. Autre gain pour Pyongyang, qui implique implicitement un processus de désarmement incluant le Nord et le Sud.

Washington n’aurait donc rien obtenu en échange ? Si : la possibilité de rapatrier les restes des soldats américains morts pendant la guerre de Corée. Une mesure symboliquement importante, note Gérard Hervouet. Mais qui n’aura pas d’impact sur l’éventuel apaisement géopolitique de la région.

« Qu’est-ce qu’il a donné, Kim Jong-un, sinon une douzaine d’heures de son temps ? »

— Jean-François Bélanger, chercheur étudiant au Centre d’études sur la paix et la sécurité internationale de l’Université McGill

Petit pas vers la paix

De là à décrire le sommet de Singapour comme une pure perte de temps, il y a un fossé que les analystes se gardent bien de franchir.

L’automne dernier, la planète semblait au bord d’une confrontation nucléaire. La tension a beaucoup baissé depuis. Deux ennemis jurés se sont parlé et ont signé conjointement une déclaration de bonne volonté. C’est déjà ça, dans la mesure où leur signature vaut quelque chose…

En fait, c’est lors des prochaines rencontres entre représentants nord-coréens et américains que l’on pourra vraiment mesurer les avancées de Singapour. Est-ce que la Corée du Nord acceptera de discuter du nombre de missiles et de leur portée ? Sera-t-elle d’accord pour laisser entrer des inspecteurs nucléaires sur son territoire ?

Kim Jong-un, qui rêve de développement économique, jugera-t-il que sa stratégie nucléaire lui a donné suffisamment de pouvoir de persuasion pour se permettre de réduire de façon significative son arsenal ? Avec une possible levée des sanctions à la clé ? Ou, au contraire, continuera-t-il de fourbir ses missiles pour obtenir d’autres concessions ?

« La rencontre de Singapour a été historique, mais est-ce que la suite sera historique ? », demande Gérard Hervouet.

À suivre, donc.

Principaux points de la déclaration de Singapour

• Les États-Unis et la Corée du Nord s’engagent à établir de nouvelles relations conformément au désir de leurs peuples respectifs en faveur de la paix et de la prospérité.

• Washington et Pyongyang s’engagent à « réunir leurs efforts pour construire un régime de paix stable et durable dans la péninsule coréenne ».

• La déclaration se réfère à la déclaration de Panmunjom signée le 27 avril entre les deux Corées, et réitère l’engagement de la Corée du Nord en faveur d’une « dénucléarisation complète ».

• Les deux pays s’engagent à entreprendre des négociations aussi rapidement que possible. Le secrétaire d’État Mike Pompeo représentera Washington dans ces négociations.

Invitations mutuelles acceptées

Donald Trump devrait se rendre à Pyongyang et Kim Jong-un à Washington, le président américain et son homologue nord-coréen ayant tous deux accepté une invitation réciproque lors de leur sommet historique de Singapour, a annoncé l’agence officielle nord-coréenne. Dans son premier compte rendu du sommet de Singapour, l’agence KCNA a estimé que cette rencontre sans précédent ouvrait la voie à « un tournant radical » dans des relations entre Pyongyang et Washington marquées jusque-là par une hostilité mutuelle. « Kim Jong-un a invité Trump à effectuer une visite à Pyongyang à un moment opportun, et Trump a invité Kim Jong-un à venir aux États-Unis », a rapporté KCNA. « Les deux dirigeants ont accepté avec plaisir leurs invitations réciproques, convaincus que cela constituera une nouvelle occasion importante pour une amélioration des relations » entre Washington et Pyongyang, a déclaré l’agence officielle. — Agence France-Presse

Une possible catastrophe s’éloigne, dit Trump

La rencontre sans précédent à Singapour avec le leader nord-coréen Kim Jong-un a contribué à éviter « une catastrophe nucléaire », s’est félicité le président américain Donald Trump dans un tweet hier. « Le monde s’est considérablement écarté d’une potentielle catastrophe nucléaire ! », a écrit M. Trump. « Plus de tirs de missiles, de tests ou de recherche nucléaire ! Les otages sont de retour à la maison avec leurs familles. Merci au président Kim, notre journée ensemble a été historique ! », s’est-il réjoui.

— Agence France-Presse

Le Pentagone pris au dépourvu

Donald Trump a pris le Pentagone au dépourvu hier en annonçant qu’il allait mettre fin aux manœuvres américano-coréennes. « Nous allons arrêter les manœuvres militaires, ce qui va nous faire économiser beaucoup d’argent, sauf si nous constatons que les futures négociations ne se passent pas comme elles le devraient », a déclaré le président américain à Singapour. Cette promesse ne figure pas dans la déclaration commune des deux dirigeants. Le commandement des Forces américaines en Corée du Sud (USFK) « n’a reçu aucune instruction sur la mise en œuvre ou l’arrêt des manœuvres, y compris l’exercice Ulchi Freedom Guardian » prévu à la fin de l’été, a indiqué un porte-parole de l’USFK dans un communiqué. « Nous maintiendrons notre position militaire tant que nous n’aurons pas reçu de nouvelles instructions du ministère de la Défense ou du commandement Indo-Pacifique (IndoPacom) », précise le communiqué. Quelque 17 500 militaires américains ont participé l’an dernier aux manœuvres américano-sud-coréennes Ulchi Freedom Guardian.

— Agence France-Presse

Dénucléarisation

« On nage dans l’hypocrisie »

Une rencontre diplomatique, c’est bien, de vrais gestes pour dénucléariser le monde, notamment de la part des États-Unis, ce serait beaucoup mieux. Voilà la position de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), lauréate du prix Nobel de la paix en 2017, après la rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un. Entrevue avec la Canadienne Ray Acheson, membre d’ICAN qui milite contre les armes nucléaires depuis 15 ans.

Que retenez-vous de la rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un ?

J’en retiens que la diplomatie est toujours mieux que la guerre. C’est difficile de savoir cependant ce qui s’en vient, étant donné la nature imprévisible des deux acteurs en présence. Mais tous les pas vers un traité de paix sont les bienvenus. Par contre, ça doit être accompagné par de véritables actions, des deux côtés, et tout spécialement du côté américain. Mettre un terme aux exercices militaires communs avec la Corée du Sud, éliminer leurs propres armes nucléaires, ce serait des actions importantes pour démontrer que les États-Unis sont de bonne foi dans ce dossier.

Les États-Unis ne semblent pourtant pas prêts à se débarrasser de leur arsenal. Donald Trump a même récemment annoncé la modernisation de l’arsenal et l’élaboration de nouvelles armes. Quel est l’impact de ces politiques sur les négociations avec la Corée du Nord ?

« C’est incroyablement hypocrite de demander à des pays comme la Corée du Nord de se débarrasser de leurs armes nucléaires tout en affirmant que la sécurité des États-Unis dépend de son propre arsenal nucléaire. En ce moment, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie et l’Inde dépensent des milliards pour moderniser leur arsenal. En concordance avec leurs engagements internationaux, ces pays doivent plutôt entamer un processus pour éliminer leurs armes nucléaires. Sinon, on nage en pleine hypocrisie. »

En ce moment, comment se compare l’arsenal américain à celui de la Corée du Nord ?

« Il y a un décalage énorme entre les capacités nucléaires des deux pays. En Corée du Nord, nous savons qu’ils ont des engins nucléaires, mais nous ne savons pas combien ils ont d’ogives nucléaires. Nous savons seulement que c’est un petit nombre. Ils ont aussi des missiles intercontinentaux, mais leurs tests n’ont pas eu beaucoup de succès. Les États-Unis, pour leur part, ont 5000 armes nucléaires. Elles peuvent être déployées 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Certaines sont montées sur des sous-marins, certaines sont en Europe. La force nucléaire américaine est grande et peut être utilisée à tout moment. »

Que doit-il se passer pour que ce début de dialogue tienne la route ?

« Les Nations unies devraient être impliquées dans le processus de dénucléarisation. Les États-Unis et les Corées du Nord et du Sud doivent négocier un traité de paix. Il est important que des femmes fassent partie de ces négociations. Aujourd’hui, lors du sommet Trump-Kim, il y avait une seule femme dans la pièce, et elle était interprète. Il est prouvé que les ententes de paix ont plus de chances de succès à long terme quand les femmes sont présentes », note Mme Acheson qui, en plus de militer contre les armes nucléaires, travaille au sein de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté. « Il faut aussi continuer à mettre de la pression sur la Russie et les États-Unis pour qu’ils éliminent leurs arsenaux respectifs », poursuit-elle.

Quel rôle peut jouer le Canada dans ce dossier ?

J’espère que la période difficile que traverse le Canada dans ses relations avec les États-Unis sonnera l’heure du réveil canadien sur les questions nucléaires. Il n’y a pas eu de changement de politique entre Stephen Harper et Justin Trudeau. Le Canada a longtemps tout fait pour ne pas froisser les États-Unis. Depuis la querelle avec Donald Trump, ce sera peut-être moins une inquiétude. Nous sommes complices de la machine de guerre américaine. Si nous voulons vraiment avoir une politique étrangère féministe, il faudra revoir notre position sur la militarisation et les armes nucléaires. »

Qu’est-ce que la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires ?

Coalition d’individus et d’organisations des quatre coins du monde, la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires, mieux connue sous le sigle d’ICAN, a réussi l’an dernier à faire adopter à l’Assemblée générale des Nations unies un traité interdisant les armes nucléaires, et ce, même si les grandes puissances et leurs alliés, dont le Canada, s’y sont opposés ou ont boycotté le vote. C’est ce traité qui a valu à cette grande coalition internationale le prix Nobel de la paix.

Sommet Kim-Trump

Une omission « honteuse »

Human Rights Watch s'indigne du silence de Donald Trump sur les violations des droits de la personne en Corée du Nord.

L’absence d’attention accordée à la question des droits de la personne par le président américain Donald Trump lors du sommet tenu à Singapour avec le dictateur nord-coréen Kim Jong-un est « honteuse » et témoigne du caractère largement « spectaculaire » de l’événement, juge Human Rights Watch.

« On ne peut pas faire comme si de rien n’était lorsqu’on traite avec un dirigeant qui bafoue aussi horriblement les droits de l’homme », a souligné en entrevue le directeur adjoint pour la division Asie de l’organisation, Phil Robertson, qui assimile la rencontre entre les deux dirigeants à un nouvel épisode de « l’émission de téléréalité Trump ». « Il voulait être le centre de l’attention et pouvoir dire qu’il a fait ce qu’aucun président américain n’a fait avant lui », déplore le militant.

Même si le régime nord-coréen a été accusé il y a quelques années par les Nations unies de commettre des « crimes contre l’humanité » dans le pays, l’administration américaine n’a jamais eu l’intention d’en faire un enjeu, souligne M. Robertson, qui déplore l’absence de référence à la question dans la déclaration finale.

« Ce sera très difficile d’engager la conversation sur ce sujet plus tard dans le processus. »

— Phil Robertson, directeur adjoint pour la division Asie de Human Rights Watch

Le régime nord-coréen fera sûrement grand usage de son côté des images marquantes du sommet pour consolider au sein du pays l’image du jeune dirigeant et donner l’impression qu’il marche « dans les pas de son père et de son grand-père ». L’épisode va renforcer son pouvoir sans pour autant l’inciter à changer ses façons de faire, relève le représentant de Human Rights Watch, qui est agacé par le fait que le président américain a décrit les personnes détenues dans les prisons politiques du régime comme des « gagnants » du sommet. « Ils n’ont rien gagné du tout », dit-il.

éloges surprenants

Mark Kingwell, qui enseigne la philosophie à l’Université de Toronto, pense que Donald Trump a montré à plusieurs reprises son attachement pour les dirigeants autoritaires. Ses commentaires élogieux à l’égard de Kim Jong-un paraissaient encore plus surprenants du fait qu’ils survenaient quelques jours après que le dirigeant américain eut fustigé ses homologues du G7, relève le chercheur.

Le politicien, souligne M. Kingwell, réussit « instinctivement à créer des situations qu’il peut transformer en spectacle » et n’hésite pas, dans le processus, à faire abstraction de faits potentiellement embarrassants, comme le caractère répressif du régime de son vis-à-vis.

« Après la poignée de main devant les drapeaux, il a levé les pouces comme pour dire “mission accomplie”, mais je ne suis pas convaincu qu’ils ont accompli grand-chose. »

— Mark Kingwell, professeur de philosophie à l’Université de Toronto

Camps de détention

Dans un rapport paru en 2014, une commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme des Nations unies avait fustigé le régime nord-coréen en relevant que « la gravité, l’étendue et la nature » des violations des droits de la personne dans le pays en faisaient un État totalitaire « sans parallèle dans le monde contemporain ».

Le rapport indiquait notamment que des « centaines de milliers » de ressortissants nord-coréens sont morts dans des camps de détention politiques sur une période de 50 ans. Une part importante des détenus – aujourd’hui situés entre 80 000 et 120 000 – ont été « éliminés » en recourant à la torture, aux exécutions, au travail forcé et à la privation de nourriture.

À plus large échelle, le régime n’hésite pas à utiliser l’accès à la nourriture comme moyen pour faire pression sur la population, en favorisant les personnes qui sont jugées essentielles à la survie du régime. En pleine famine, des mesures ont été prises pour empêcher de l’aide humanitaire provenant de l’étranger de se rendre dans les zones plus touchées.

Les citoyens sont soumis, dès leur naissance, à un système élaboré d’endoctrinement qui vise à créer un culte de la personnalité autour de Kim Jong-un, tout en favorisant l’obéissance complète de la population. La surveillance étatique est omniprésente et vise à empêcher toute critique du système politique et de ses dirigeants. La délation est fortement encouragée.

Les Nord-Coréens, relèvent les Nations unies, ne disposent de pratiquement aucune liberté de mouvement et se font dire par le régime où ils peuvent vivre et travailler. Il est pratiquement impossible pour eux de quitter le pays. Ceux qui tentent de le faire en fuyant, surtout vers la Chine, sont « systématiquement » soumis à la torture et à la détention arbitraire. Les exécutions sommaires ne sont pas rares. Pékin favorise cette persécution en retournant à Pyongyang tout ressortissant nord-coréen qui se trouve illégalement sur son territoire.

Comme au cinéma

Juste avant la conférence de presse du président Trump, les journalistes ont eu droit à la présentation d’une vidéo de quatre minutes en coréen et en anglais. Appuyée par un montage typique d’une bande-annonce d’une superproduction américaine, une voix hors champ décrit un leader nord-coréen face à son destin. « Est-ce que ce leader choisira de faire progresser son pays ? Est-ce qu’il serrera la main de la paix et profitera d’une prospérité jamais vue ? Quelle voie empruntera-t-il ? » Éberlués, les journalistes présents ont d’abord pensé qu’il s’agissait d’une vidéo de propagande de la Corée du Nord… avant de comprendre qu’elle avait été réalisée par la Maison-Blanche et qu’elle avait été présentée à Kim Jong-un par Donald Trump. « J’espère que vous l’avez aimée », a dit M. Trump aux journalistes. « J’ai pensé que c’était assez intéressant pour la montrer. Et je pense qu’il l’a aimée. » 

— D’après BBC et Washington Post

Réactions internationales

Entre optimisme et prudence

La poignée de main historique et l’accord sur une dénucléarisation de la péninsule coréenne conclu entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à Singapour a suscité hier dans le monde des réactions positives, mais souvent prudentes.

Corée du Sud

« Un événement historique »

« L’accord de Sentosa du 12 juin restera dans l’Histoire mondiale comme un événement ayant mis fin à la guerre froide », s’est enthousiasmé le président sud-coréen Moon Jae-in, faisant référence à l’île de Sentosa, à Singapour, où les deux dirigeants se sont rencontrés. Il a rendu hommage à Kim Jong-un et à Donald Trump pour leur « courage et leur résolution ».

Chine

« Le début d’une nouvelle histoire »

« Le fait que les plus hauts dirigeants des deux pays soient assis côte à côte pour des pourparlers d’égal à égal a un sens important et constitue le début d’une nouvelle histoire », a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi. « La Chine s’en félicite et apporte son soutien », a ajouté le ministre. « Il s’agit d’un objectif que nous avons espéré et pour lequel nous avons travaillé. » Pour la principale alliée de la Corée du Nord, il faut une « dénucléarisation totale », comme le réclament les États-Unis, mais « en même temps, il faut qu’il y ait un processus de paix pour la péninsule [coréenne] afin de résoudre les préoccupations raisonnables de la Corée du Nord en matière de sécurité », a souligné le ministre.

Japon

Un « premier pas »

L’intention de Kim Jong-un « de voir une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne a été confirmée par écrit. Je soutiens ce premier pas vers une résolution d’ensemble des questions concernant la Corée du Nord », a déclaré le premier ministre japonais Shinzo Abe.

ONU

Une « occasion historique »

Le sommet était « une étape importante », a salué le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, appelant toutes les parties « à saisir cette occasion historique ».

Israël

« Une position offensive » contre le nucléaire iranien

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a félicité Donald Trump pour ce sommet et estimé que la politique des États-Unis portait aussi ses fruits sur le nucléaire iranien. « Le président Trump a également adopté une position offensive contre la tentative de l’Iran de se doter de l’arme nucléaire et son agressivité au Moyen-Orient, ce qui a déjà affecté l’économie iranienne », a affirmé M. Nétanyahou dans une brève intervention à la télévision.

— D'après l'Agence France-Presse

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