MODE

Deux Montréalais dans la « courte liste » du prix LVMH

Depuis cinq ans, le prestigieux concours LVMH récompense la créativité et l’innovation chez les jeunes designers de mode du monde entier. Deux créateurs d’ici, Emeric Tchatchoua, de 3.Paradis, et Marie-Ève Lecavalier, ont vu leur candidature retenue dans la courte liste des 20 demi-finalistes cette année.

Lancé en 2014, le prix LVMH s’est vite démarqué, et les yeux de la planète mode tout entière y sont tournés à l’occasion de la sixième présentation. Plus de 1700 participants de 100 pays ont tenté de se démarquer cette année ; parmi eux, seulement 20 designers ont été invités à présenter leur travail lors des demi-finales, au début de mars, à Paris. Parmi eux, deux Montréalais : Emeric Tchatchoua et Marie-Ève Lecavalier. Le jury, composé de 63 experts en mode, en retiendra huit, qui verront une sélection de leurs pièces commercialisées, alors que le gagnant verra toute sa collection produite grâce à un prix de 300 000 euros, en plus de recevoir un mentorat d’un an par l’équipe de LVMH.

3.Paradis par Emeric Tchatchoua

Qui est-il ? 

Né à Paris de parents camerounais, Emeric Tchatchoua a découvert Montréal en 2001, quand son père y est venu pour ouvrir le bureau de l’UNESCO. Il a ensuite vécu entre Paris et Montréal, se posant finalement ici en 2010 afin d’étudier à l’École supérieure de mode de l’UQAM. « J’aime vivre à Montréal, c’est vraiment chez moi ici », explique celui qui se considère malgré tout davantage comme un citoyen du monde.

Son parcours

Esprit créatif et passionné de mode, il fonde 3.Paradis avec des amis, en 2013. « À la base, le projet, c’était de créer des vêtements pour nous », explique le designer. Rapidement, 3.Paradis se fait remarquer à l’international ; la marque présente ses collections à Londres, Toronto, Paris, et fait parler d’elle dans le magazine Vogue, qui titre « 3.Paradis, le label québécois à connaître d’urgence », louant son style où « s’entrechoquent pop culture et streetwear, sous l’influence des contre-cultures juvéniles ».

Sa signature

Emeric Tchatchoua, qui fait désormais cavalier seul – 3.Paradis, c’est lui, entouré d’une équipe solide –, croit qu’il doit son succès au fait que sa marque n’est « pas à la mode ». « Nous sommes des outsiders, mais en même temps, on représente beaucoup de gens qui ne sont pas représentés en mode. » Hors tendances, ses collections sont nourries par ses réflexions et explorations d’intérêts récurrents, comme « le rêve comme remède contre la dure réalité », qui a inspiré sa collection printanière Son of the Morning, ou encore la nostalgie, thème de prédilection de sa nouvelle collection automne-hiver 2019, Calaviñas, qui parle du « bonheur d’être triste et de la destruction du présent ».

Son actualité

Le créateur part cette semaine à Houston, au Texas, où il exposera l’été prochain sa nouvelle collection de meubles, en collaboration avec l’artiste Joyce Lin, qui explore des idées autour « du rêve et de la réalité, l’ancien et le nouveau, le conscient et l’inconscient ». Puis, il s’envolera prochainement au Nigeria, à l’invitation de Naomi Campbell, pour défiler à la semaine de mode locale.

Marie-Ève Lecavalier

Qui est-elle ?

Née en banlieue de Montréal, à Saint-Hubert, Marie-Ève Lecavalier a appris à coudre jeune grâce à une grand-mère couturière. Elle utilise tôt le vêtement comme moyen d’expression, et explore la réutilisation de matières dans une approche très « DIY ». Avec un intérêt poussé pour le fait main, le raffinement et le haut de gamme, elle étudie en mode au cégep Marie-Victorin, puis à l’École supérieure de mode de l’UQAM, avant de poursuivre sa maîtrise à Genève, en Suisse.

Son parcours

Depuis qu’elle a terminé sa maîtrise en 2017, Marie-Ève Lecavalier s’est vite imposée parmi les jeunes designers à suivre. C’est que la jeune femme s’est démarquée en mai dernier au très prestigieux Festival d’Hyères avec sa collection Come get trippy with us, qui lui a valu le prix Chloé, ainsi qu’une mention spéciale du jury. Une couverture médiatique internationale a suivi. Encouragée par Ssense, elle vient de lancer sa marque, Lecavalier, et sa première collection printemps-été.

Sa signature

Celle qui dit avoir toujours eu une fascination pour les « déformations, les hallucinations » tout en étant « extrêmement perfectionniste » s’est inspirée de son enfance et de la musique de Frank Zappa (que son père musicien lui a fait découvrir) pour sa première collection aux imprimés néo-psychédéliques, mais aux lignes raffinées, qui met de l’avant des codes vestimentaires qu’elle affectionne, comme la chemise et le jeans. « J’aime aussi explorer l’upcycling, soit partir de matières rejetées pour en faire des pièces luxueuses », explique celle qui a mis au point sa propre technique de tricot en cuir, où elle réutilise des retailles de cuir.

Ses actualités

En plus d’avoir lancé sa propre marque (offerte chez Ssense), Marie-Ève Lecavalier fait actuellement du travail à la pièce pour une entreprise haut de gamme à Paris. Elle vient également de sortir, en collaboration avec Simons, Poolside, une collection capsule ; on peut aussi voir son travail dans l’exposition Montréal Couture, à l’affiche au Musée des beaux-arts de Montréal.

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