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Édition du 15 octobre 2016,
section PAUSE WEEK-END, écran 11
« J’aime comprendre l’opposition comme la manifestation visible et dérangeante de quelque chose d’autre, qui perturbe l’enfant et qui amène un déséquilibre dans sa dynamique émotionnelle et psychoaffective », écrit le neuropsychologue et auteur de L’opposition – Ces enfants qui vous en font voir de toutes les couleurs (4-12 ans), publié récemment aux Éditions Midi trente. « L’enfant vit quelque chose qui amène un malaise », résume-t-il en entrevue. Quoi ? Un stress à cause de la rentrée scolaire, une compétition sportive, le passage au secondaire ou la séparation de ses parents, par exemple. « Ce sont des moments de vie qui se manifestent par une colère ou une crise », dit-il. D’où l’importance de déchiffrer ce qu’il y a derrière, pour répondre adéquatement aux besoins de l’enfant.
C’est vrai : certains enfants sont naturellement plus difficiles. Ils sont nés « comme ça », comme on dit. Et on le voit souvent dès la toute petite enfance. Contrairement aux autres bambins qui cherchent toujours à plaire, eux vont plutôt être dans l’affrontement. C’est le cas, souvent, des jeunes aux prises avec un trouble déficitaire de l’attention (avec ou sans hyperactivité). Et l’explication est ici neurologique : leur cerveau se développe plus lentement, ce qui les rend du coup plus impulsifs. Il reste que, dans la plupart des cas, l’opposition n’est pas innée, mais plutôt acquise.
On parle d’opposition acquise quand c’est non pas la génétique, mais plutôt l’environnement qui est à l’origine du malaise. « C’est tout ce qui amène l’enfant à ne pas être bien. » Et on s’en doute, les sources sont ici multiples. Que ce soit le style parental des parents (trop permissifs, ou un couple dont l’un est autoritaire et l’autre, permissif, par exemple), le stress de la réussite scolaire ou des tensions parentales diverses, « l’enfant n’est pas bien, et il ressort en colère ». « Cela arrive à tout le monde, à différents degrés et à différents moments. Et il faut travailler la cause de la colère. Parce qu’elle est un symptôme », répète Benoît Hammarrenger.
Benoît Hammarrenger suggère ici une approche dite « positive », car il voit la punition comme ultime recours. Dans son livre, plusieurs chapitres traitent de la réponse empathique (« je comprends que tu aimerais beaucoup ces bonbons, mais… »), de l’importance de passer du temps de qualité avec l’enfant (pour augmenter son estime de soi et tisser ici un lien solide), sans oublier la question du renforcement positif (en félicitant les comportements positifs et en ignorants les négatifs). Pas évident, avec un enfant qui nous affronte ? « Oui, il faut savoir punir quand il le faut [si un enfant frappe ou insulte autrui], mais en dehors de ces moments-là, rappelle l’auteur, il est important de trouver une façon pour dire des choses positives. On veut renverser l’image qu’on a de l’enfant, qu’on véhicule de lui et qu’il se fait de lui-même. »
1
On coupe l’argumentation et on passe à l’action (« tu obéis à trois : un, deux, trois, etc. »).
2
On investit dans du temps de qualité pour être à l’écoute de ce que son enfant vit.
3
On n’oublie jamais de prendre du recul face au comportement d’opposition pour comprendre ce qu’il y a derrière (un nouveau groupe d’amis, des changements à la garderie, une grande fatigue ?).