Opinion : Start-ups 

Place au travail en réseau 

« Il faut travailler ensemble. » Voilà les mots prononcés par Béatrice Couture, directrice de l’incubateur InnoCité Montréal, la semaine dernière à l’occasion du Demo Day Montréal, une soirée marquante pour l’écosystème start-up (entreprise en démarrage).

La soirée, un succès à guichets fermés pour sa première édition, présentait 21 jeunes start-up issues de cinq accélérateurs et incubateurs montréalais : InnoCité, District 3 (Concordia), Centech (ETS), Tandem Launch et Founder Institute.

Ce qui rend cette soirée remarquable, c’est qu’elle aurait été impensable jusqu’à tout récemment.

Il y a cinq ans, un des premiers accélérateurs montréalais, Founder Fuel, est né à la Maison Notman, le cœur du web à Montréal. Depuis, celui-ci a diplômé 73 entreprises, dont des start-up prometteuses comme Crew et Flatbook.

Plus que tout, Founder Fuel a eu un impact déterminant dans l’écosystème en consolidant les liens entre entrepreneurs, mentors et investisseurs.

Notre écosystème entrepreneurial est très important pour l’avenir de Montréal, car il fait émerger les prochaines entreprises à forte croissance qui établiront des sièges sociaux ici et créeront des milliers d’emplois.

En cinq ans, la ville a connu une véritable explosion de ressources pour entrepreneurs.

Des nouveaux fonds de capital de risque. Plusieurs nouveaux espaces collaboratifs. Des dizaines d’accélérateurs. Des centaines d’événements. Si on se fie à la quantité de ressources accessibles, il n’y a jamais eu un meilleur moment pour devenir entrepreneur.

Cependant, une nouvelle réalité s’impose aujourd’hui. L’innovation est maintenant beaucoup plus distribuée.

SPÉCIALISATION

De la maturité grandissante de l’écosystème découlent aussi une fragmentation et une spécialisation de l’offre. Là où il y avait un accélérateur pour toute la ville, il y a maintenant l’accélérateur EntrePrism à HEC Montréal pour les immigrants, le défi Technovation initiant les filles de 10 à 13 ans à la technologie et l’entrepreneuriat, ou encore l’initiative Hacking Health pour les entrepreneurs en santé.

Comme l’innovation se produit maintenant au-delà des frontières d’une organisation ou d’un lieu, une nouvelle manière de penser émerge de ces changements pour les acteurs de l’écosystème : la collaboration et le travail en réseau pour mieux servir nos entrepreneurs.

Les collaborations fusent présentement dans la ville. La Ville de Montréal a lancé la semaine dernière Capital Intelligent, une initiative de 100 millions pour financer les entreprises de type « ville intelligente », ralliant ainsi 23 firmes de capital de risque. La Caisse de dépôt vient de lancer son Espace CDPQ qui héberge des acteurs comme Anges Québec et l’École d’entrepreneurship de Beauce. Le fonds iNovia a créé un parcours consacré aux entrepreneurs au sein de C2 Montréal. L’initiative Innobahn marie des entreprises comme Ubisoft et L’Oréal avec des jeunes pousses qui ont des réponses à leurs défis d’affaires.

Les start-up aussi sont plus métissées. Au printemps, Goowi a participé aux accélérateurs InnoCité Montréal et Founder Institute en même temps. Après un passage au Founder Institute, la start-up Heddoko a été hébergée à District 3, tout en recevant un appui de la Fondation Montréal Inc. Cette pollinisation crée de nouvelles espèces de start-up qui croîtront de plus en plus rapidement.

En 2016, les concepts de start-up, capital de risque, mentorat et accélération se sont propagés et sont mieux connus du grand public. Montréal produit plus d’entrepreneurs que jamais. Une étude sur l’écosystème parrainée par le ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, la Ville de Montréal et la chambre de commerce du Montréal métropolitain est en cours pour mesurer le tout précisément.

C’est pour cela que ce fameux Demo Day Montréal a été si important.

Pour la première fois, notre écosystème possède une masse critique pour qu’un tel événement puisse exister.

Plusieurs leaders de la communauté start-up ont travaillé en étroite collaboration pour sa réalisation, ce qui n’est jamais facile, mais si important. C’est un fier moment pour Montréal. Il sera intéressant de voir comment l’écosystème continuera d’évoluer dans les cinq prochaines années.

Comme le soulignait Denis Coderre lors de l’ouverture de l’événement : « Tout seul on va plus vite. Ensemble on va plus loin. » En effet, avec l’écosystème qui travaille ensemble, nos entrepreneurs iront plus loin.

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