La voix

Geneviève Jodoin, belle et bonne !

Après 12 semaines de compétition, l’épisode final de la septième saison de La voix de TVA a couronné hier soir Geneviève Jodoin, 41 ans, de l’équipe de Lara Fabian. Retour sur cette ultime émission de plus de 2 h 30 min, qui a ressuscité Michael Bolton, braqué les projecteurs sur le rappeur Loud et ramené la trop discrète Julie Masse dans nos téléviseurs.

La meilleure a gagné

Geneviève Jodoin a surclassé ses adversaires hier soir grâce à son interprétation nuancée de Pendant que de Gilles Vigneault. Elle a été impeccable. Sa voix cristalline a conquis le public, qui a voté à 47 % pour elle. À 41 ans, l’ex-choriste de Belle et Bum, qui habite à L’Isle-aux-Coudres, est devenue la championne la plus âgée de l’histoire de La voix. Personne au-dessus de 30 ans n’avait encore gagné ce concours. Non loin derrière Geneviève, la seule à avoir poussé la note en français, Colin Moore, 40 ans, de Pointe-Claire, a récolté 28 % d’appuis. Sa version de Crazy d’Aerosmith cadrait parfaitement dans l’univers rock, rauque et graveleux de son coach Éric Lapointe.

Des choix douteux

Avec respectivement 19 % et 6 % des suffrages, Rafaëlle Roy, 25 ans, et Vincent Chouinard, 22 ans, ont terminé en troisième et quatrième place. Rafaëlle aurait probablement marqué plus de points en choisissant une pièce plus connue que Golden Slumbers/Carry That Weight des Beatles. Les passages dans les notes aiguës n’ont pas été réussis. Vincent a revisité I Can’t Make You Love Me, version Bon Iver, qui, soyons honnête, n’était pas l’idée du siècle pour une émission aussi grand public.

Fini les compositions

Pour la première fois en sept éditions, les quatre finalistes de La voix n’ont pas entonné hier soir une pièce originale composée sur mesure par leur coach. Souvent, ces morceaux neufs ne servaient pas bien leurs interprètes et ça débouchait sur des performances moyennes. De mémoire, seul l’extrait À fleur de peau de Valérie Carpentier – écrit par Ariane Moffatt et Daniel Bélanger en 2013 – est devenu un gros succès. Les autres titres ont sombré dans l’oubli. Sur papier, c’était une bonne idée que de permettre aux concurrents de déterminer la chanson avec laquelle ils se sentaient le plus à l’aise.

En français, s’il vous plaît !

Par contre, de nombreux fans ont dénoncé hier sur les réseaux sociaux que trois des quatre aspirants à la couronne l’ont fait « in English only ». Après une émission 100 % francophone la semaine dernière, ça détonnait, effectivement. Idéalement, le carré d’as aurait opté pour le français, mais en modifiant les règles, il fallait s’attendre à cette possibilité.

Lara vole les cœurs

Avec l’étoile Marc Dupré, Lara Fabian a été l’une des coachs les plus intéressantes à suivre cet hiver. Chaleureuse, drôle, enseignante crédible et moins sirupeuse dans ses commentaires, elle a brillé de tous ses feux. À l’autre bout du spectre, Alex Nevsky a été éteint pendant presque toute la compétition. Même hier, nous ne l’avons pratiquement pas vu. Allô ?

Leçon de showbiz

Robert Charlebois, le Garou original, a donné une classe de maître en showbiz en enfilant ses succès dans une forme splendide et avec une voix qui n’a pas vieilli. Une vraie bête de scène. À 74 ans, on voudrait tous avoir la santé de fer et la vivacité de Robert Charlebois. Corey Hart, 57 ans, a également offert un numéro bien compact, mené rondement et truffé de bombes nostalgiques. Autre artiste chouchou : la rayonnante Julie Masse, dont le passage a été trop court. Les idées noires, Billy, Prends bien garde et C’est zéro, il ne manquait que Là-bas en duo avec son mari !

Plus personne ne bouge !

Quel moment bizarre, surréel. Michael Bolton n’a pas bougé – comme s’il avait le dos barré – ni exprimé la moindre émotion sur la scène des studios Mel’s. Regard vide, sans expression, et mâchoire crispée, le crooner de 66 ans fixait un point devant lui, probablement son télésouffleur. Peu généreux, il regardait à peine ses partenaires de chant. Heureusement, Lara Fabian a compensé avec son enthousiasme contagieux. Aux côtés de la momie américaine (ou de son hologramme ?), les candidats surexcités avaient tous l’air d’avoir sniffé du napalm.

Adieu, les membres honoraires

Honnêtement, quelqu’un a-t-il compris leur utilité dans le télé-crochet de TVA ? C’était extrêmement confus, tout ça. Et pas du tout nécessaire. D’ailleurs, le chanteur écossais de 22 ans Lewis Capaldi devait se joindre à l’équipe de Marc Dupré et apparaître dans la finale d’hier, mais il a brillé par son absence. Aucune information n’a été communiquée à ce sujet. Quant à Alex Nevsky, nous n’avons jamais su qui l’épaulerait. Vraiment, un ajout inutile.

Pénible retour

Yama Laurent, lauréate de La voix 6, a été discrète dans les médias depuis son triomphe. Elle a récemment lancé son premier disque, et ce n’est pas son passage d’hier qui lui fera vendre des tonnes d’autres exemplaires. Était-elle malade ? Seigneur. Aucune note ne sortait correctement et ça ne sonnait pas bien dans nos salons. Heureusement, le rappeur Loud a rehaussé le volet jeunesse de La voix avec Fallait y aller et son irrésistible tube Toutes les femmes savent danser. Elles savent aussi chanter, comme nous l’a prouvé Geneviève Jodoin.

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