Médecine
Une sexualité bien vivante
La Presse
Depuis cinq ans, Émilie Robitaille travaille avec des familles d’autistes. L’infirmière de l’Outaouais se faisait régulièrement demander par les parents : comment dois-je parler de sexualité à mon enfant ?
« C’est encore tabou », explique M
Robitaille, qui a décidé de consacrer au sujet une maîtrise qu’elle a présentée la semaine dernière au congrès de l’ACFAS. « La majorité des gens considèrent qu’une personne ayant un handicap n’a pas de sexualité. Les autistes ont des besoins particuliers parce qu’il est difficile pour eux de décoder ce que l’autre personne veut, le non-verbal. Ils peuvent aussi avoir une hyper ou une hypo-sensibilité qui leur donne un inconfort avec une relation sexuelle. »Quelle proportion des autistes a une vie sexuelle ? « Tout être humain a une sexualité », répond l’étudiante de l’Université du Québec en Outaouais.
« Évidemment, il y a la clientèle non verbale avec une déficience intellectuelle qui a plus de misère à exprimer sa sexualité. »
— Émilie Robitaille, infirmière
M
Robitaille a par la suite envoyé à une étude européenne publiée l’an dernier dans le , qui rapportait que la plupart des adolescents autistes de haut niveau (qui vont à l’école et ont une intelligence moyenne à supérieure) sont presque aussi actifs sexuellement que les autres adolescents, contrairement à des études américaines montrant que les autistes ont plus souvent une sexualité solitaire. L’étude européenne rapportait également un taux légèrement plus élevé d’homosexualité, tout comme les études américaines.« La plupart des études sur le sujet sont parties des témoignages des parents, explique M
Robitaille. Je veux plutôt me baser sur ceux des personnes qui ont eu un diagnostic d’autisme. »L’autisme a-t-il des conséquences physiques sur la sexualité ? « Il peut y avoir une accumulation de sperme dans les testicules qui peut amener à consulter au niveau médical pour l’inconfort, dit M
Robitaille. Mais on rentre dans l’assistance à la sexualité pour cette clientèle et ce n’est pas mon sujet. »Autistes Moyenne de la population
Utilisation du porno 86 % 88 %
Baiser avec la langue 56 % 66 %
Rendez-vous amoureux 70 % 73 %
Relation orale 22 % 32 %
Relation vaginale 24 % 33 %
Hétérosexualité 88 % 93 %
Légende : Proportion des garçons autistes de haut niveau de 15 à 18 ans qui ont déjà eu certaines pratiques sexuelles, comparée à la moyenne de la population, en Hollande et en Belgique
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