Donner et recevoir
La première fois que j’ai eu le grand honneur de rencontrer Madame Jacqueline Desmarais, c’était en juin 2012, à la cérémonie de la remise de l’Ordre national du Québec.
À cette époque, La rue des Femmes bénéficiait déjà du soutien de la famille Desmarais. Nous avons été présentées l’une à l’autre. Immédiatement, elle me prit par la main et m’amena vers son mari, Monsieur Paul Desmarais. J’étais tellement intimidée, mais en même temps tout était tellement simple. C’était comme si je faisais partie de la famille. Ce fut une rencontre courte, mais combien chaleureuse. De toute évidence, il y avait là deux personnes aimantes, sensibles et généreuses.
À La rue des Femmes, nous étions alors à travailler sur notre projet d’une troisième maison pour les femmes très blessées, en état d’itinérance. Conjointement avec la famille Velan, la famille Desmarais avait accepté de nous apporter son soutien. Quelque temps après le décès de son conjoint, nous avons demandé à Madame Desmarais si elle accepterait de donner son nom à notre nouvelle maison. Sa réponse fut immédiate : oui !
C’est lors de l’inauguration de la Maison Jacqueline en mai 2015, que j’ai appris le rôle qu’avait joué Madame Desmarais dans le mécénat apporté à notre organisme. Cette grande Dame, une infirmière de profession, avait été sensibilisée à la situation précaire et aux dangers que rencontrent les femmes de la rue par un documentaire à la télévision. Aussi, avait-elle alors incité son mari, déjà très impliqué dans la cause de l’itinérance des hommes, à se préoccuper aussi de l’itinérance des femmes.
C’est donc tout naturellement que, dans la continuité de son mari, elle a poursuivi, avec sa famille et Power Corporation, le mécénat en faveur de La rue des Femmes. Une façon pour cette grande philanthrope de faire une différence et d’avoir un impact positif sur la vie de ces femmes, de leur assurer les soins et les services nécessaires pour se sortir de l’état de profonde détresse qui les garde dans la rue.
C’est ainsi que j’ai découvert une femme d’une grande simplicité, d’une grande curiosité et d’une grande ouverture à comprendre ce qui amène ces femmes dans un état d’itinérance, soit la perte, par trop de traumatismes et de souffrances, de leur capacité vitale d’être en lien avec elles-mêmes et avec les autres, la perte de leur santé relationnelle. Et j’ai également découvert une femme visionnaire, désireuse de connaître aussi le chemin à suivre pour retrouver la santé relationnelle, de façon durable.
Par mon travail, j’ai l’insigne honneur de connaître, dans toute sa profondeur, ce qu’est le cœur, avec sa force, son amour et sa générosité, ainsi que son importance absolue pour la vie et le bonheur. Madame Jacqueline Desmarais nous aura marqués parce qu’elle est de ces personnes profondément humaines qui, par leur grandeur d’âme, nous permettent d’accéder à un tel privilège.
Je garde le souvenir d’une femme rafraîchissante, rajeunissante, toute de sourires, de lumière, de larmes de joie et de bienveillance…
— Léonie Couture, Fondatrice et directrice générale de La rue des Femmes