Produits naturels

Le vinaigre de cidre

Apaiser les troubles digestifs, renforcer son système immunitaire, avoir plus d’énergie. Voilà quelques-unes des promesses faites par les fabricants de certains produits naturels. Mais qu’en est-il vraiment ? Pendant cinq semaines, des spécialistes testent l’efficacité de ces produits pour Pause. Aujourd’hui, le vinaigre de cidre.

Ce qu’on en dit

Le vinaigre de cidre est reconnu par ses adeptes pour ses pouvoirs antibactériens et antiseptiques. En phytothérapie, on lui confère d’autres vertus, telles que la capacité de baisser les taux de sucre et de cholestérol dans le sang, de rééquilibrer la flore intestinale et d’apaiser les troubles digestifs. Certains avancent même que le vinaigre de cidre pourrait arrêter un hoquet, décongestionner le nez, contrer les crampes, atténuer l’acné, blanchir les dents et aider à perdre du poids. Mais qu’en est-il vraiment ? 

L’avis de Loïc Ternisien, naturopathe et ingénieur maître en prévention des risques environnementaux 

« Le vinaigre de cidre fait partie des aliments de base qui sont thérapeutiques. C’est du cidre de pomme qui a été fermenté, sous l’action de certaines bactéries ou de certaines levures. Quand le vinaigre de cidre est produit de manière artisanale, donc vieilli une dizaine de mois, on y retrouve de nombreuses substances actives qui vont travailler sur différents aspects du corps humain. On retrouve énormément d’éléments minéraux et de bactéries. Ces bactéries vont pouvoir s’installer dans notre système digestif, ce qui aide à renouveler et à avoir un équilibre de la flore intestinale, donc aider à la digestion. Si, par exemple, on a la diarrhée, on perd beaucoup de liquide, donc de minéraux. Le vinaigre de cidre en contient plein. De plus, ses bactéries vont pouvoir remplacer celles qu’on a perdues. Donc, en cas de diarrhée, le vinaigre de cidre est vraiment intéressant.

« Le vinaigre de cidre est un bactéricide doux et un reminéralisant. “Bactéricide” pouvant se résumer au pouvoir de tuer les mauvaises bactéries et les remplacer par des bonnes. Finalement, il y a des études qui montrent qu’en consommant quelques millilitres par jour de vinaigre de cidre dans les repas, ça aide à moduler la réponse de la glycémie.

« Je mets un petit bémol ici. Pour que le vinaigre de cidre ait ces propriétés, il doit être biologique, donc sans produits chimiques à l’intérieur ni agents antibactériens [sinon, ces agents tuent les bactéries que contient le vinaigre de cidre, qui ne sert donc plus à rien]. Il ne doit pas non plus avoir été pasteurisé, il doit rester le plus neutre possible.

« En naturopathie, on utilise aussi le vinaigre de cidre de façon antiseptique. On peut le prendre pour lutter contre les maux de gorge, comme gargarisme par exemple [toujours en le diluant un peu]. Dilué avec un peu d’eau et mis sur les cheveux, ça permet de décoller les pellicules, et le pH du cidre de pommes permet de rééquilibrer le pH du cuir chevelu.

« Le vinaigre de cidre a un pH très alcalin, proche de celui de la peau, donc il peut aider avec les démangeaisons cutanées, les piqûres de moustiques, etc.

« Par rapport à tout ce qu’on lit et entend sur le vinaigre de cidre, comme ses effets positifs sur la mémoire, je n’irais pas jusque-là. Pour moi, ce sont des effets collatéraux. Si le microbiote intestinal n’est pas à son meilleur, ça aura un impact sur le système nerveux et ça pourrait avoir un impact final sur la mémoire. Donc, c’est possible et ça a du sens, mais ce n’est pas quelque chose qui est prouvé. Ça nécessiterait de voir l’analyse complète de ce qu’il y a dans le vinaigre, qui pourrait agir sur les neurotransmetteurs du cerveau. »

Prix : Le vinaigre de cidre biologique est vendu dans la plupart des épiceries au coût de 3,99 $ pour un format de 355 ml.

L’avis de David Gauthier, pharmacien

« Le vinaigre de cidre n’est pas vendu en pharmacie, mais bien en épicerie. Donc, le problème avec ce produit-là, c’est qu’il sera bien difficile de trouver des études assez probantes pour que je me sente à l’aise de traiter un patient avec ça. J’ai effectivement déjà entendu que ça pouvait avoir certains bienfaits, mais je n’ai jamais rien vu de concret à cet effet. Il y a des choses de relatées dans les livres de phytothérapie, mais ils nous mettent toujours en garde que rien n’est sûr par rapport aux produits naturels. Si mon patient trouve quelque chose qui l’aide, je vais être le premier content. Mais vu le manque d’études probantes, je ne serais pas à l’aise de conseiller ça à qui que ce soit. Aussi, les gens ont tendance à penser que parce que c’est naturel, il n’y a pas de problème, ni aucune interaction avec des médicaments, mais c’est complètement faux. Donc, avant de recommander ça à un patient, il faut l’évaluer dans son ensemble et avoir accès au dossier pharmacologique du patient. »

Les réponses de Loïc Ternisien et de David Gauthier ont été éditées.

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