Musée des beaux-arts

Quand autiste rime avec artiste

C’était il y a cinq ans. Dans un cours d’informatique. Maxwell Bitton, un adolescent autiste qui n’avait jusqu’alors jamais manifesté le moindre intérêt pour l’art, a barbouillé un Pinocchio sur un iPad. Ces jours-ci, il expose ses œuvres au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM).

« C’est là qu’on a découvert son incroyable talent », confirme son père, Charles Bitton, rencontré cette semaine au musée. L’exposition, baptisée L’Art d’être unique, est la toute première de l’Atelier international d’éducation et d’art-thérapie du MBAM.

À l’époque, le garçon avait 19 ans. Voyant l’échéance de ses 21 ans approcher à grands pas, son père a sauté sur l’occasion et inscrit Maxwell à un cours d’art avec l’artiste Lucie Chicoine. « Les jeunes autistes n’ont plus de services après 21 ans, alors moi, comme père, je me suis dit : qu’est-ce qu’on va faire ? »

Visiblement, le père a vu juste. Pas peu fier, il nous fait voir les œuvres de son fils, aujourd’hui âgé de 24 ans, des peintures à l’acrylique toutes plus colorées et joyeuses les unes que les autres. On y trouve beaucoup d’autoportraits, des animaux, une toile inspirée de Riopelle et même une chaise de Napoléon Bonaparte.

« Il est plus heureux ! Il est plus attentif, et ça se voit qu’il est fier. Pour lui, l’art est devenu sa façon de s’exprimer. »

— Charles Bitton, le père de l’artiste

Après son cours, Maxwell a été contacté par le MBAM, qui l’a invité en résidence pour sept semaines, dans le cadre de son programme d’art-thérapie et mieux-être. C’est là que le garçon a pu découvrir de nouvelles inspirations artistiques, et surtout explorer de nouvelles techniques. Plusieurs de ses œuvres réalisées en résidence sont ici exposées.

ART ET MIEUX-ÊTRE

Le programme du MBAM n’est pas de l’art-thérapie à proprement parler. Il s’agit plutôt de « mieux-être », nuance Louise Giroux, la responsable du programme éducatif. « L’art procure du bien-être, dit-elle. C’est un lieu d’apaisement. »

Elle raconte d’ailleurs que Maxwell, pendant sa résidence, manifestait un bonheur et un plaisir manifestes. « Il a eu de grands moments de joie. Il sautait de joie, littéralement ! »

Le MBAM espère d’ailleurs que par cette exposition, d’autres familles d’autistes et artistes en herbe seront tentées par l’expérience de la résidence, qui est gratuite.

Des chercheurs de l’Université Concordia et de l’Université du Québec à Trois-Rivières prévoient aussi se pencher sur les impacts de l’art sur l’expression artistique des personnes autistes.

Pour la famille de Maxwell, les effets ne font aucun doute : « C’est merveilleux ! s’enthousiasme Charles Bitton. Maxwell a quelque chose qui peut le tenir occupé, une passion dans laquelle s’exprimer et être heureux. Il a un but tous les jours. Et il a un avenir ! Son art va se promener, j’espère, et les gens vont comprendre que les autistes peuvent faire des choses que la société apprécie ! »

L’Art d’être unique, jusqu’au 27 mars prochain, au MBAM

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