Opinion : XVIIe Sommet de la Francophonie 

Le Canada et le Québec jouent gros

L’actuelle secrétaire générale de la Francophonie sollicite un deuxième mandat pour, nous dit-on, consolider les progrès réalisés dans la mise en œuvre des recommandations de la feuille de route qui lui a été assignée à Dakar.

Dès son arrivée en fonction, Michaëlle Jean dit avoir pris à bras le corps les stratégies économiques et numériques à développer. Elle les a fusionnées en mettant l’accent sur la création et la mise en place de dispositifs en faveur du soutien à l’entrepreneuriat comme moteur de croissance économique et d’innovation au bénéfice de milliers de femmes et de jeunes notamment.

Nous sommes retournés voir sur le site internet privé de Michaëlle Jean son plaidoyer de 2014 pour la Francophonie. 

Force est de constater l’engagement, la vision avec lesquels elle a su rallier les chefs d’État et de gouvernement au Sommet de Dakar, gagner leur confiance, et combien elle a su garder le cap sur chacune de ses promesses.

Dans un rapport qu’elle soumettra aux chefs d’État et de gouvernement à Erevan, Michaëlle Jean dresse un état des lieux des innovations qu’elle a apportées au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), tout en s’efforçant de mettre en lumière les réalités particulières et les besoins réels de cette organisation, dans une démarche prospectiviste.

Implication de la jeunesse francophone

L’on doit à l’OIF, sous l’impulsion de Michaëlle Jean, des programmes audacieux construits de manière transversale avec le souci constant d’intégration et d’inclusion de la jeunesse dans toutes les stratégies élaborées par l’Organisation. Elle a donné une impulsion plus forte à la question de la jeunesse au sein de la Francophonie.

Le mouvement « Libres ensemble », né le 10 mars 2016, de la volonté de Michaëlle Jean d’apporter une réponse concrète et positive après la vague d’attentats qu’ont connus les pays de l’espace francophone, est devenu un réel mouvement citoyen qui vise à promouvoir la paix comme un droit inaliénable, la diversité comme une richesse à chérir, la solidarité et le vivre « Libres ensemble » comme un choix irrévocable.

Plus de 2 millions de jeunes francophones ont été touchés par les réseaux sociaux ainsi qu’à l’aide des projets concrets sur le terrain, dans tout l’espace francophone et dans tous les secteurs d’activités. Partout, des jeunes s’engagent à tisser des liens et à porter un message d’unité et de solidarité, en résistance à la tentation du repli sur soi, de la radicalisation et de la barbarie.

Michaëlle Jean s’est impliquée également à créer les conditions pour favoriser une éducation inclusive et de qualité pour tous au sein de l’espace francophone et a mis tout en œuvre pour concrétiser la décision du Sommet de Dakar de créer l’Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation (IFEF) – une autre priorité de son mandat –, qui se positionne comme une institution francophone spécialisée, avec une grande valeur ajoutée qui est celle de fournir l’appui aux États membres pour la réalisation de l’Agenda pour l’éducation 2030.

Des centaines de milliers de jeunes à travers l’espace francophone ont déjà bénéficié de l’apport de l’IFEF en matière de formation professionnelle. Et Michaëlle Jean veut intensifier les actions pour répondre à une plus forte demande d’enseignement massif du français et en langue française, en contexte multilingue et de diversité culturelle.

Plusieurs observateurs sont d’avis que l’action de l’OIF à destination de la jeunesse compte parmi les meilleures réussites de Michaëlle Jean.

Jamais, avant elle, la Francophonie n’a su rejoindre et impliquer aussi massivement les jeunes de tout l’espace francophone sur les cinq continents.

Que dire de l’action politique et diplomatique ?

Ce qui rend la Francophonie attractive, ce sont les liens de coopération, la mutualisation des efforts face aux urgences mondiales qui se multiplient. Cette capacité de travailler en amont et sur le long terme, à la recherche des solutions aux lourds défis sécuritaires et de maintien de la paix, à la consolidation des économies pour plus de stabilité et mieux lutter contre la pauvreté, affronter les effets dévastateurs des changements climatiques, etc.

Sur tous les sujets de préoccupations planétaires, Michaëlle Jean est mieux outillée pour faire le plaidoyer en faveur de pays de l’espace francophone.

Elle a su positionner l’OIF sur l’échiquier multilatéral avec des plaidoyers vigoureux entendus jusqu’au Conseil de sécurité de l’ONU et au Parlement européen, sur notamment les opérations de maintien de la paix et les questions migratoires.

Conformément à l’article 1er de la Charte de la Francophonie qui voudrait que l’Organisation puisse accompagner les États membres à l’instauration et au développement de la démocratie, à la prévention et au règlement des conflits, et au soutien à l’État de droit et aux droits de la personne, Michaëlle Jean a su assumer avec conviction cet engagement en déployant plus de 150 missions d’accompagnement de processus électoraux et de médiation dans une trentaine de pays.

Si à Erevan, il n’y a que deux choix, comme c’est le cas présentement, nous osons croire que les chefs d’État et de gouvernement sauront, dans leur grande sagesse, privilégier l’option de la consolidation des acquis réalisés jusqu’ici, avec l’actuelle secrétaire générale, plutôt que de se projeter dans un terrain inconnu et incertain pour l’avenir même de la Francophonie. Et nous ne doutons pas non plus qu’Emmanuel Macron et Justin Trudeau y mettront un peu du leur, en trouvant un terrain d’entente, au nom de l’intérêt supérieur de l’Organisation.

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