MATHIEU DURAND

Diversifier l’entraînement

Pour Mathieu Durand, la haute montagne, c’est comme un sport de haut niveau. Il faut s’entraîner en conséquence.

Le jeune homme de 32 ans s’est donné comme objectif de gravir les sommets de chacun des continents. Il en a déjà quatre à son tableau de chasse : le Kilimandjaro, l’Elbrouz, la Pyramide de Carstensz, en Océanie, et le massif de Vinson, en Antarctique. Il vient de décoller en direction de l’Argentine pour s’attaquer à l’Aconcagua et prévoit se mesurer au Denali au printemps. Si tout va bien, l’Everest pourrait suivre en 2017.

À la base, Mathieu Durand fait du vélo de route (de 5000 à 6000 km par année), de la randonnée et de l’escalade. « Ça maintient la forme, mais ça ne va pas me faire monter des montagnes », raconte-t-il.

Le centre d’escalade qu’il fréquente, Allez Up, s’est intéressé à ses projets et lui a donné accès à des ressources : une salle d’entraînement avec des poids libres et un kinésiologue. « Ils m’ont fait un programme de mise en forme pour augmenter ma masse musculaire, indique-t-il. Je fais des enchaînements différents parce que c’est ennuyant de faire les mêmes exercices. »

Il peut choisir l’enchaînement selon les besoins du moment. Ainsi, s’il a les jambes fatiguées, il peut choisir un enchaînement qui fait davantage travailler les épaules. Après une heure et demie de musculature, il se permet une heure d’escalade, pour le plaisir. « Mais ça me permet quand même de continuer à travailler les épaules, le dos et les abdominaux. »

En parallèle, Mathieu Durand, qui travaille chez Xerox Canada, fréquente le centre Premiere Performance pour suivre des séances de PowerWatts, un programme qui utilise des vélos stationnaires pour permettre à un groupe de personnes de s’entraîner ensemble, mais à des intensités individuelles. « J’ai augmenté la puissance de mes jambes de 30 % depuis que je suis avec eux, s’enthousiasme l’alpiniste. En plus, c’est très cardio. »

Lorsqu’une expédition approche, il multiplie les séances d’entraînement pour arriver à six par semaine, alternant entre la musculation chez Allez Up et les séances de PowerWatts.

« C’est dur physiquement, mais je veux habituer mon corps à la fatigue musculaire. En montagne, tu ne peux pas prendre une pause quand tu veux. Tu n’as pas le choix, tu dois continuer. »

— Mathieu Durand

Pour certaines expéditions, notamment le massif Vinson et le Denali, il faut porter un lourd sac à dos et tirer un traîneau. Cela nécessite un entraînement particulier.

Il met ainsi du poids dans un pneu qu’il place à plat, le relie à son sac à dos avec une longe et le traîne sur la piste cyclable le long du canal de Lachine. Évidemment, il ne passe pas inaperçu.

« Il ne faut pas que tu t’arrêtes à ce que les gens pensent de toi, souligne-t-il. Il faut que tu fasses ce que tu as à faire pour atteindre ton objectif. »

Il grimpe également sans relâche de longues séries d’escaliers, comme ceux du mont Royal ou ceux de l’oratoire Saint-Joseph, avec un gros sac à dos et ses bottes de haute montagne. Encore là, il attire l’attention.

« Tu as beau faire 25 heures par semaine en gym, si tu ne vas pas jouer dehors et recréer ce que tu vas faire comme exercice en montagne, ça ne donnera rien », lance-t-il.

Il cherche à éviter le surentraînement en se mettant à l’écoute de son corps. Toutefois, pas question de sauter une séance.

« Si je me sens fatigué, pas très bien, j’y vais quand même, mais je fais un effort beaucoup moins soutenu. J’obtiens ainsi un entraînement sans me surentraîner. »

Il compte également sur le yoga pour demeurer le plus flexible possible. « J’aime mieux être trop préparé que pas assez, soutient Mathieu Durand. C’est mieux que d’arriver là et de trouver ça super difficile parce que je ne suis pas en forme. »

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