Petites bêtes

Devenir famille d’accueil pour écureuils

Pour de nombreux citadins, ce sont des animaux nuisibles. Pour d’autres, de petites bêtes attachantes qu’il faut sauver à tout prix. Les écureuils sont au cœur des préoccupations des membres du réseau Écureuil Land, un regroupement de citoyens qui s’entraident par l’entremise des réseaux sociaux pour venir en aide aux bébés écureuils qu’ils trouvent sur leur chemin.

Il y a maintenant six ans qu’Iwonka Ciombor et le vétérinaire Charles Rochette ont mis sur pied Écureuil Land. Depuis, une trentaine de bons Samaritains se sont greffés à leur réseau pour donner une seconde chance à des bébés écureuils orphelins. « Ma fille est vétérinaire et elle a travaillé à la SPCA. Quand elle m’a dit que les écureuils étaient systématiquement euthanasiés, j’ai commencé à recueillir des bébés abandonnés. J’ai beaucoup lu sur un forum américain très bien organisé. Nous sommes surtout présents sur les réseaux sociaux et, depuis deux ans, je me concentre surtout à aider les familles d’accueil et les gens qui trouvent des bébés écureuils afin de les aider à les sauver », explique Iwonka Ciombor, qui peut également compter sur les conseils et la générosité de quelques vétérinaires partenaires.

L’objectif des bénévoles est clair : permettre aux petits écureuils de reprendre des forces avant de retourner dans leur habitat naturel. Écureuil Land est d’ailleurs férocement contre la domestication des petits rongeurs.

« L’écureuil est un animal sauvage. Le garder de manière permanente à la maison ne fonctionne jamais », précise Mme Ciombor.

« Le jardinier de nos arbres »

À 12 semaines, les écureuils sont en effet entièrement autonomes et prêts à retourner dans la nature. Être famille d’accueil est donc une expérience à court terme, et les rongeurs sont presque toujours relâchés loin de la ville.

« L’écureuil est un peu le jardinier de nos arbres, il mange des champignons nocifs pour les arbres », explique Iwonka Ciombor, qui ne considère pas les petits rongeurs comme des animaux nuisibles, bien au contraire. Les écureuils gris de l’Est, qu’on retrouve à Montréal, contribuent en effet au reboisement. « L’habitude qu’ils ont d’enterrer des noix qui finissent souvent par germer contribue au rétablissement des forêts de feuillus, dont l’étendue a été grandement réduite par les humains », précise la cofondatrice d’Écureuil Land. La gestation des mamans écureuils dure de 40 à 44 jours et, en moyenne, il naît trois petits, les portées pouvant cependant en compter de un à six. L’espèce connaît deux périodes de reproduction par an, la première en janvier et février, et la seconde en juin et juillet. « Généralement, quand la maman abandonne les petits, ils sont encore tout roses et elle sait que quelque chose ne va pas avec sa portée. La plupart du temps, la mère a été tuée par une voiture ou un chat », explique Mme Ciombor.

Que faire quand on trouve un bébé écureuil ?

« La première chose à faire quand on trouve un bébé, c’est d’essayer de retrouver sa maman. Si elle n’est pas revenue après 24 heures, il faut garder le bébé écureuil au chaud en utilisant un petit sac magique. Le lendemain, on essaie de retourner au même endroit où on l’a trouvé pour le mettre dans une petite boîte au pied d’un arbre. Il y a des chances que la maman revienne, précise Iwonka Ciombor. Si les bébés sont blessés ou déshydratés, cela veut dire que la maman est partie depuis longtemps. Il ne faut pas les nourrir, mais les hydrater avec du Pedialyte », ajoute-t-elle.

Quand la fille de Martine Lewis a trouvé pour la première fois un bébé écureuil, cette dernière n’a pu s’empêcher de lui venir en aide et de profiter de l’occasion pour faire une véritable expérience familiale.

« Ç’a été magique pour les enfants, qui étaient heureux de sauver une vie. On s’est relayés pour lui donner à manger. Il avait trois semaines et on devait le nourrir toutes les 4 heures, même la nuit. »

— Martine Lewis, dont la famille a accueilli des écureuils 

« Il était malade, alors on a aussi dû lui donner des antibiotiques pour la pneumonie des écureuils. On a investi dans une petite couverture chauffante et une cage », se rappelle Mme Lewis.

« Au début, il était seul et était très proche de nous. Il dormait dans ma manche ou se blottissait contre moi pour garder la chaleur. Les enfants l’ont appelé “Wali”. On a dit dès le début aux enfants qu’il allait retrouver ses amis dehors pour refaire sa propre maison. Au moment de le relâcher, tout a bien été », ajoute-t-elle.

La famille d’accueil a rapidement accueilli un second petit rongeur pour que Wali se sente moins seul. « Les écureuils grandissent en socialisant ensemble. Le nôtre était seul, alors il s’identifiait à la personne qui le soignait. Alors, on a accueilli un autre petit bébé trouvé presque au même moment. On les a mis ensemble dans la cage à l’extérieur pour qu’ils s’habituent aux bruits ambiants », se rappelle Martine Lewis, qui est prête à répéter l’expérience à tout moment.

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