Une combattante

La nouvelle ministre du Revenu national, la Gaspésienne Diane Lebouthillier, représente l'un des coins de pays les plus pauvres du Canada. C’est ce qui explique sa combativité et son leadership, croient ceux qui la côtoient.

« On ne se fait pas d’illusion. Diane ne fera pas de miracle. Mais quand t’as la palme des plus pauvres, quand tu pars sous zéro pour n’importe quel projet, avoir quelqu’un comme elle qui transporte nos préoccupations au Conseil des ministres, c’est rassurant », a affirmé hier le maire de Percé, André Boudreau.

Ce dernier connaît Diane Lebouthillier depuis des décennies. Ils ont travaillé ensemble au CLSC alors qu’elle était travailleuse sociale, spécialisée en santé mentale et lui, infirmier. Par la suite, M. Boudreau a été responsable du recrutement de médecins pour la région. C’est ainsi qu’il a convaincu le Dr Jacques St-Hilaire, psychiatre dans les Cantons-de-l’Est, de travailler à l’hôpital de Chandler.

Le Dr St-Hilaire est devenu le conjoint de Mme Lebouthillier. Ensemble, ils ont une petite pourvoirie avec sept chalets « regardant la mer ».

« On sent le changement au sein du nouveau gouvernement avec une volonté de prendre en compte les régions. Que Mme Lebouthillier y soit associée, on est très contents. »

— André Boudreau, maire de Percé

Depuis 2010, André Boudreau et Mme Lebouthillier sont redevenus des collègues de travail dans le milieu municipal, Mme Lebouthillier ayant été élue préfète de la MRC du Rocher-Percé. M. Boudreau souligne l’ouverture d’esprit de Mme Lebouthillier, mais aussi son acharnement dans la défense de ses dossiers. « On ne peut pas lui passer n’importe quoi », a-t-il précisé. M. Boudreau la décrit comme une femme rompue aux débats difficiles et à la solidarité comme moteur de développement.

« On était en réunion à la MRC. On a fait une pause pour regarder son assermentation à la télé. Tout le monde était ému pour elle », a-t-il souligné.

COMMENTAIRES ÉLOGIEUX

Il faut remonter à 1984 pour trouver la dernière fois que la Gaspésie a été représentée au Conseil des ministres. Rémi Bujold avait occupé des fonctions ministérielles seulement quelques mois avant la vague bleue de Brian Mulroney. Avant M. Bujold, il y a eu Pierre de Bané, ministre libéral entre 1978 et 1984.

Trente et un ans plus tard, la nomination de Mme Lebouthillier ne suscite que des commentaires élogieux. Dans les nombreux organismes qui ont bénéficié de son engagement (insertion des handicapés au marché du travail, maison d’hébergement pour femmes victimes de violence, transport adapté, développement de la fibre optique, action chômage), on souligne son charisme et on vante son dynamisme.

Le directeur général du Cégep de la Gaspésie et des Îles, Yves Galipeau, qui a travaillé avec Mme Lebouthillier au conseil d’administration de l’établissement, salue la clarté de ses idées.

« Mme Lebouthillier a des points de vue très affirmés. Ce n’est pas quelqu’un qui navigue au gré du vent. Je ne doute pas qu’elle va prendre à bras-le-corps les responsabilités nationales qui lui sont confiées. Elle est ministre pour tous les Canadiens, mais son cœur de Gaspésienne va la guider. Les gens n’oublient pas d’où ils viennent », croit-il.

Chantal Duguay, PDG du Centre intégré de santé et des services sociaux (CISSS) de la Gaspésie, renchérit en parlant du grand sentiment de fierté des Gaspésiens. « C’est la fête ! », s’est exclamée celle qui a embauché Diane Lebouthillier lorsque cette dernière a décroché son diplôme de travailleuse sociale aux débuts des années 80.

« Avoir une femme comme Diane Lebouthillier au sein de l’équipe ministérielle, c’est une valeur ajoutée pour le gouvernement, les Gaspésiens et tous les Canadiens. »

— Chantal Duguay, PDG du CISSS de la Gaspésie

« Elle était déjà une femme déterminée avec beaucoup de courage. Rien ne l’arrêtait dans l’organisation communautaire », se rappelle Mme Duguay. Selon elle, Mme Lebouthillier n’a rien perdu de son élan. « Diane a beaucoup d’envergure et elle n’a pas peur de prendre des risques. Partout où elle passe, les choses marchent parce qu’elle réussit toujours à rassembler les gens. »

Mme Lebouthillier est la mère de trois garçons aujourd’hui adultes. Elle est aussi grand-mère.