Personnalité de la semaine

Erik Guay

Mercredi, le skieur Erik Guay est monté sur la plus haute marche du podium au Championnat du monde de super-G à Saint-Moritz, en Suisse. Un exploit qui lui vaut d’être la Personnalité de la semaine.

Au moment d’écrire ces lignes, on ne sait pas encore si l’athlète de Mont-Tremblant sera à nouveau sacré champion du monde à Saint-Moritz – cette fois en descente –, ni même quand il en aura l’occasion.

La finale devait avoir lieu hier. Sauf qu’il y avait trop de brouillard pour laisser ces bolides humains descendre les pentes à des vitesses pouvant atteindre 130 km/h ! La course a donc été reportée.

Par contre, ce que l’on sait, c’est que Guay a gagné la médaille d’or du super-G, discipline où il avait remporté l’or il y a six ans déjà, à Garmisch-Partenkirchen.

Mercredi, il a montré que l’entraînement et la persévérance portent leurs fruits.

« C’est sûr que la descente, c’est ma spécialité, mais je vise le podium dans toutes les disciplines », a expliqué le skieur de Mont-Tremblant en entrevue téléphonique jeudi, alors qu’il était encore en Suisse, en attente de sa dernière course. Mais était-ce une surprise, cette victoire devant le Norvégien Kjetil Jansrud, champion olympique et favori ? Pas vraiment, a répondu le skieur. « J’avais fait de belles courses toute la semaine. »

Et celle de mercredi a juste été la plus délicieuse. Comme si la spectaculaire chute et l’hématome d’il y a 10 jours n’avaient laissé aucune trace.

Durant les entrevues qui ont suivi sa consécration, Guay a confié à plusieurs journalistes que cette nouvelle victoire, là où il avait skié la première fois au Championnat du monde en 2003, lui avait tiré des larmes. Et qu’il était bien caché derrière ses lunettes de ski !

Autre fait touchant. En entrevue au Globe and Mail, le skieur canadien Manuel Osborne-Paradis, qui a gagné la médaille de bronze à cette même épreuve, a confié que c’est un coup de téléphone de Guay, après sa propre course, mais quatre minutes avant celle d’Osborne-Paradis, qui a totalement motivé le skieur de Colombie-Britannique. Son confrère québécois lui a parlé du parcours et de ce qui l’attendait.

« Sans ce coup de téléphone et sans qu’il m’inspire, il n’y avait pas de chance, a confié Osborne-Paradis au quotidien torontois. Le super-G n’est pas ma spécialité. J’ai trouvé quelque chose à l’intérieur de moi pour accomplir ça. Ce sport est très individuel, mais il a fait ça pour moi. Et j’aurais pu le battre, mais c’est comme ça que ça marche. Il faut être une équipe pour gagner individuellement, et c’est exactement ce qui s’est passé. »

À 35 ans, Guay est non seulement le skieur canadien le plus médaillé de l’histoire du pays – il a fini 21 fois sur le podium en Coupe du monde, en plus d’avoir gagné la Coupe en 2010, en super-G –, mais mercredi, il est devenu en plus le premier skieur à gagner une médaille d’or en super-G au Championnat du monde à 35 ans. « Il est désormais le plus vieux champion du monde de l’histoire », écrivait jeudi la Tribune de Genève, titrant : « C’est encore un champion du monde que l’on n’attendait pas ! »

Bref, un vétéran qui poursuit ses conquêtes. Et à court terme, Guay n’a pas l’intention de mettre fin à la course. Pour lui, les Jeux d’hiver à Pyeongchang, en 2018, c’est demain matin.

sur skis de père en filles

Guay prévoyait être aujourd’hui dans l’avion en route vers Tremblant où l’attendent ses trois filles de 8 ans, 4 ans et 2 ans, qui sont déjà toutes les trois sur des skis.

« J’aurais aimé qu’elles choisissent un autre sport », dit-il, expliquant que ça lui aurait plu de découvrir de nouveaux univers. « Mais elles sont déjà compétitives », ajoute-t-il, précisant que celle de 8 ans, particulièrement, suivait déjà activement les traces de son père. La première fois que Guay a coursé, il avait 5 ans.

Contrairement à Alex Harvey, le skieur de fond québécois qui collectionne aussi les honneurs mais doit passer tous ses hivers en voyage, Guay revient au Québec le plus possible. Il s’entraîne à Tremblant, avec son frère. Il n’est pas possible de s’y entraîner pour la descente, mais pour le reste, c’est parfait. 

« Comme j’ai trois jeunes enfants, je veux être chez nous autant que je peux. » — Erik Guay

A-t-il des conseils pour les skieurs amateurs qu’il croise à la station de ski ? « Choisissez votre journée ! Pas quand il fait - 30 °C et venteux. Il faut que ce soit amusant. »

Impossible de faire dire à Guay ce qu’il pourrait faire une fois sa carrière de ski compétitif terminée. Pour le moment, tout son temps est consacré au ski, à ses proches et au maintien de sa forme physique. En été, il fait du soccer, du vélo de montagne, du tennis, en plus de s’entraîner au gym. Pendant la saison, en plus du ski, il fait du yoga, pour la souplesse, « pas pour la méditation ! ».

Il trouve aussi du temps pour encourager un événement de charité : le 24 h de Tremblant, un week-end d’activités de marche, de course et de ski pour amasser de l’argent pour diverses fondations aidant les enfants malades.

Donc, après, que fera-t-il ? Entraîneur ? Pas question, justement parce qu’il veut rester près des siens et ne pas voyager. Pour le reste, tout est ouvert.

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