En six concepts

L'agriculture hivernale décortiquée

Judo agricole

« Il ne faut pas se battre contre les éléments, mais s’en faire des alliés », dit Eliot Coleman, qui cultive des légumes l’hiver, dans le sol, à peu près sans chauffage. D’abord, dit-il, le froid permet une concentration des sucres dans les plantes, ensuite le gel chasse presque tous les insectes, le manque de lumière endort les mauvaises herbes, et le froid garde les sols humides sans arrosage… « Il y a plein d’avantages à faire de l’agriculture en hiver ! » Oui, parfois, il y a des froids sibériens qui gâchent tout, note le fermier. « Mais en été aussi, il y a des problèmes ! »

Printemps perpétuel

Au mois de février, quand Eliot Coleman sort à 6 h voir ses plantes, elles ne sont pas en pleine forme. S’il fait - 15 °C, les épinards sont gelés et flétris. « Mais quand je reviens à 10 h, ils sont de nouveau bien guillerets, parfaits. Et encore, après toutes ces années, je suis fasciné par ce printemps perpétuel. » Certaines feuilles résistent mieux – épinards, choux frisés, roquette, notamment – au froid et tant que ces plantes sont encore en terre, elles gardent la capacité de reprendre leur forme, après le gel. « Je n’en reviens toujours pas à quel point on finit toujours par s’en sortir », dit le fermier.

Remay

C'est le nom de la fine toile de polyester utilisée pour protéger les plantes à l’intérieur des serres non chauffées, pendant qu’elles poussent au froid. Pour avoir une idée de ce que c’est, pensez aux tissus très fins qu’on met dans les filtres des aspirateurs ou sous les meubles.

44e parallèle

La ferme d’Eliot Coleman est située sur le 44e parallèle. Selon lui, la longitude est le facteur le plus important pour déterminer si on peut faire de l’agriculture d’hiver. En 1996, avec sa femme Barbara, il a fait un voyage le long de ce parallèle en Europe pour voir ce qui y poussait, s’arrêtant de village en village, de ville en ville, pour étudier les potagers. Entre le 44e et le 45parallèle, celui de Montréal, il y a des villes comme Bordeaux, Gênes, Grenoble, Turin… On dit des meilleurs vins qu’ils sont du 45parallèle.

40 %

Une laitue qui pousse dans le Maine en hiver nécessite à peine 40 % de l’énergie qu’il faut pour simplement… la transporter de Californie.

30 cents

Pourquoi chercher des solutions qui coûtent cher quand on peut faire de la prévention à peu de frais ? demande M. Coleman. Par exemple, les pucerons. Ils sont là à cause du nitrogène qui s’accumule quand on n’irrigue pas les sols en hiver. Donc, il n’y a qu’à bien arroser la terre pour qu’ils partent. Le chauffage dans les serres ? Pourquoi utiliser de l’énergie sans cesse pour chauffer si des toiles pas cher gardent la chaleur du sol et laissent passer le soleil ?

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