L’exercice de l’acteur
S’il n’en tenait qu’à lui, Olivier Gourmet tournerait 365 jours par année.
« Avec quand même un jour de relâche de temps en temps, glisse-t-il, sourire aux lèvres. J’aime ce métier et j’ai envie d’y aller tous les jours. Ce qui me nourrit ? Un seul mot : le plaisir. J’ai la chance de recevoir, de temps en temps, des scénarios qui m’interpellent et me touchent. Sans quoi je ne le ferais pas. Il faut avoir quelque chose à se mettre sous la dent. »
Ces scénarios qui lui plaisent, Olivier Gourmet les cueille davantage dans le cinéma indépendant, au sein d’œuvres avec des caractères forts ou avec des histoires se démarquant par leur originalité et leur puissance d’évocation.
Et quand il aime, il ne regarde pas à quel rang est son nom dans le générique. Il ne minute pas combien de temps on le verra à l’écran.
C’est le cas, justement, avec L’échange des princesses de Marc Dugain, un des quatre films dans lesquels il joue et qu’il vient présenter au festival. Même s’il n’y donne que quelques répliques, il considère que cette histoire, inspirée d’un fait réel, valait la peine d’être portée au cinéma. « Un sujet à la fois profondément humain et terrible », dit-il.
Cette recherche de films porteurs, Olivier Gourmet l’applique à l’ensemble de la Francophonie. Une réalité qui a incité les organisateurs de Cinemania à lui proposer ce titre d’invité d’honneur.
« Notre porte-flambeau, c’est la défense du cinéma d’expression française. Et Olivier Gourmet est un très grand artisan de la Francophonie. »
— Guilhem Caillard, directeur général de Cinemania
« Il joue autant dans les films suisses, belges, québécois [Congorama de Philippe Falardeau qui lui a valu, en compagnie de Paul Ahmarani, le Jutra du meilleur acteur au gala de 2007] que français, poursuit-il. Dans cette optique, c’est le meilleur invité d’honneur auquel on pouvait penser. »
Lauréat de plusieurs prix d’interprétation, dont celui du Festival de Cannes en 2002 pour Le fils des frères Jean-Pierre et Luc Dardenne, Olivier Gourmet a bien dit ci-haut recevoir « de temps en temps » des scénarios accrocheurs. Est-ce donc si complexe ?
« Oui, répond-il. Les bonnes propositions sont de plus en plus difficiles à financer. C’est la croix et la bannière. Les chaînes télé ont pris le pouvoir, du moins en France, en matière de distribution et de financement du cinéma. Et elles cherchent des films plus commerciaux et grand public qui peuvent passer à 20 h. Alors, le cinéma indépendant a plus de mal à se financer. Et je ne suis pas le seul à le dire ! »
Pourquoi ne pas les écrire lui-même ? « Pour la simple raison que je ne suis pas certain d’être capable de le faire. L’écriture est un métier qui se pratique et se travaille. Je ne le fais pas. Comme je suis assez exigeant avec moi-même, je ne serais peut-être pas satisfait de moi. C’est sans doute ce qui me pousse à ne pas y aller. »
Mais, attention, l’idée germe dans son esprit. « Parfois, ça me travaille un peu, dit-il. Souvent, les scénarios que je reçois ne sont pas assez aboutis ou travaillés. Je me dis alors que c’est peut-être le moment d’écrire des choses. J’ai quelques idées. Mais pour écrire, je devrai avoir l’envie vitale de le faire. Vitale dans le sens où, le matin, j’aurai l’énergie de le faire comme j’ai l’énergie nécessaire pour aller jouer. »
Et jouer, on le rappelle, Olivier Gourmet pourrait faire ça 365 jours par année.
Cinemania commence aujourd’hui et se poursuivra jusqu’au 11 novembre