Un dragon sur les sentiers
Le dragon Gilbert Rozon va s’aventurer sur les sentiers du Québec.
Il investira 100 000 $ dans le site internet et l’application mobile Hikster, qui offre de l’information sur les sentiers de randonnée du Québec et sur les services d’hébergement et de restauration qu’on peut trouver à proximité.
Lundi soir dernier, la fondatrice d’Hikster, Claire Deguelle, a présenté son projet à l’émission de télévision Dans l’œil du dragon, à la recherche de financement et de mentorat.
La participation de Gilbert Rozon aidera Mme Deguelle à atteindre son objectif : offrir un outil pour s’informer sur tous les sentiers de randonnée pédestre au Québec et dans le Nord-Est américain et, éventuellement, sur les circuits de raquette, de ski de fond, de vélo et de canot.
« On veut devenir le TripAdvisor du plein air. » — Claire Deguelle
Cette adepte de plein air a eu l’idée d’un tel outil il y a quelques années, lorsqu’elle s’est mise à la recherche d’informations pour faire de la longue randonnée sur le Sentier international des Appalaches, en Gaspésie.
« C’était super compliqué, il fallait que je cherche partout. Je me suis demandé pourquoi il n’y avait pas une plateforme qui référencerait toute l’information et qui permettrait de planifier plus facilement ses sorties. »
Mme Deguelle avait déjà une expérience professionnelle avec les entreprises en démarrage et les lancements de projets.
« Ça me trottait dans la tête : chaque fois que je lançais un projet pour les autres, je me disais qu’il faudrait bien que je lance un projet pour moi. »
Le décollage
Hikster a vraiment décollé il y a un peu plus d’un an lorsque la petite entreprise a conclu une entente avec la fédération québécoise de la marche, Rando Québec, pour faire migrer sur sa plateforme le répertoire de sentiers BaliseQC de la fédération.
Hikster a franchi une autre étape importante l’hiver dernier lorsqu’elle a acquis le site internet alexhike.com, qui regorge d’informations sur les sentiers pédestres de l’État de New York, du Vermont, du New Hampshire et du Maine.
« Alex Hike, c’est le blogue de référence dans le domaine de la randonnée, indique Mme Deguelle. Mais Alex [Alexandre Lauzon] a eu un bébé et il voulait se concentrer sur sa vie de famille. On lui a dit qu’on pouvait prendre la relève. »
Hikster devrait compléter la migration des données d’Alex Hike sur sa plateforme d’ici la fin du mois de juin. Les utilisateurs n’auront pas à payer pour accéder aux informations sur les sentiers.
« Nous voulons démocratiser le plein air, assure Mme Deguelle. C’est important que les gens aient accès à toute l’information gratuitement. »
Qui paiera donc pour cette plateforme ? Les municipalités régionales de comté (MRC), les associations touristiques régionales (ATR) et des acteurs de l’industrie touristique, comme des hôteliers et des restaurateurs, qui pourront faire connaître leur emplacement sur le site et l’application.
Un outil stratégique
« Le tourisme de plein air est stratégique, indique Mme Deguelle. Les MRC n’ont pas les ressources pour développer des outils à l’interne. Certaines municipalités l’ont fait mais c’est de manière locale, ça ne marche pas : les gens ne veulent pas aller sur plein de sites différents, d’applications différentes. »
Hikster est ainsi capable de proposer aux MRC et aux ATR un outil stratégique qui, selon Mme Deguelle, leur coûtera de 10 à 20 fois moins cher qu’un outil qu’elles pourraient développer à l’interne.
La fondatrice d’Hikster s’est inspirée d’un modèle suisse, SuisseMobile, pour concevoir son projet. Ce site internet et cette application mobile offrent des informations sur des circuits de randonnée pédestre, de vélo et de canot.
« On a remarqué que c’était devenu tellement facile de planifier ses sorties que les gens sortaient plus souvent et plus longtemps, affirme Mme Deguelle. Au lieu de faire un simple aller-retour dans la journée, les gens passent une fin de semaine complète. On a estimé la plus-value annuelle à 1 milliard de dollars pour l’industrie touristique. »
« Si on a le même succès que la Suisse, on pourrait apporter 500 millions de dollars par an à l’industrie touristique au Québec. »
C’est l’aspect touristique du projet qui a intéressé Gilbert Rozon. « Le tourisme, c’est une de mes passions, a-t-il lancé lors de l’émission de lundi. Je fais du bénévolat pour aider l’industrie à se structurer. »
Pour Mme Deguelle, ce n’est pas seulement le financement qui sera apprécié, mais le mentorat dont elle pourra bénéficier.
« C’est quelqu’un qui pourra me faire grandir en tant qu’entrepreneur, qui pourra partager ses expériences, qui pourra me dire : attention à ce piège-là. Pour moi, c’est tout aussi important qu’une participation en argent. »