Le Port de Montréal annoncera aujourd’hui les grandes lignes d’un projet de 650 millions pour la construction d’un nouveau terminal à conteneurs sur ses terrains de Contrecœur, sur la Rive-Sud, à environ 40 kilomètres de ses installations actuelles.
La construction du nouveau terminal, qui durera quatre ans, créera à elle seule 5000 emplois-année dans les domaines de la construction et de l’ingénierie, dont 90 % au Québec. La mise en exploitation du terminal à conteneurs, prévue entre 2023 et 2025, devrait quant à elle créer 1000 emplois permanents.
Le 18 janvier dernier, l’Agence canadienne d’évaluation environnementale (ACEE) a officiellement lancé un processus public d’évaluation environnementale fédéral, préalable à l’autorisation du projet. À compter de mercredi prochain, l’ACEE tiendra quatre séances publiques d’information, s’échelonnant jusqu’au 1er mars, à Contrecœur.
L’ACEE a aussi rendu publique la volumineuse étude d’impact environnemental du projet, qui totalise plus de 5000 pages de documents avec les cartes et annexes – un résumé est aussi présenté. La Presse en a tiré quelques faits saillants.
Pourquoi le Port de Montréal a-t-il besoin d’un nouveau terminal à conteneurs ?
Selon des prévisions de trafics conteneurisés, le nombre de conteneurs à manutentionner à Montréal va augmenter de plus de 70 % d’ici 2030, pour passer d’environ 1,5 million de conteneurs par année à près de 2,5 millions. Actuellement, le port dispose d’une capacité d’environ 1,9 million de conteneurs. Le réaménagement des terminaux existants pourrait permettre d’élever cette capacité maximale à 2,5 millions de conteneurs vers 2022.
Ne serait-ce pas suffisant ?
Non, parce que les besoins opérationnels d’un port font en sorte que la notion de « capacité maximale » est assez théorique. En général, un terminal maritime approche de la saturation lorsque son taux d’utilisation est à 85 %. Ce taux d’utilisation, même avec les nouveaux aménagements prévus dans les prochaines années, sera atteint, dans le port de Montréal, dès 2022. L’espace deviendra alors très difficile à trouver pour faire face à toute croissance du trafic maritime.
Le projet de Contrecœur répondra-t-il à la demande future ?
Le projet de 650 millions, annoncé aujourd’hui, n’est que la première phase d’un plus grand projet, qui pourrait tripler la capacité du nouveau terminal. Cette phase 1 fournira au port de Montréal une capacité additionnelle de 1,15 million de conteneurs par année. Celle-ci pourrait passer à 3,5 millions de conteneurs, si les phases subséquentes sont nécessaires. Elles sont actuellement projetées pour 2035 et 2045, respectivement.
Pourquoi à Contrecœur ?
L’étude d’impact environnemental indique que plusieurs autres lieux ont été évalués, de Bécancour jusqu’à Varennes en passant par Tracy, Lanoraie et Lavaltrie. Les avantages du site de Contrecœur sont importants. L’Administration portuaire de Montréal (APM) y dispose déjà d’une réserve foncière de plus de 460 hectares – presque cinq fois la superficie des plaines d’Abraham. La phase 1 du nouveau terminal en occupera à peine le quart. Ils sont presque totalement vierges de tout développement. Il y aura peu ou pas d’infrastructures publiques à déplacer. Les terrains sont situés dans un secteur déjà industrialisé, relativement loin des plus proches habitations. Le réseau ferroviaire du CN longe toute la propriété d’APM, et il y a une autoroute (la 30) à proximité.
Les impacts seront donc réduits ?
Non. On parle tout de même d’un port, d’une gare de triage ferroviaire, d’un véritable aimant à camions et d’activités industrielles bruyantes et potentiellement polluantes. En fait, l’étude d’impact du projet Contrecœur met en relief des impacts environnementaux très importants. Le dragage dans le fleuve Saint-Laurent, les modifications permanentes à l’habitat des poissons, la présence d’espèces rares menacées d’extinction, comme la rainette faux-grillon de l’Ouest, et la gestion d’une circulation quotidienne de 2000 camions par jour dans une petite municipalité de 8000 résidants représentent tous des enjeux majeurs, qui font partie de l’évaluation environnementale du projet. Le promoteur propose diverses mesures pour en réduire les impacts, mais ces mesures sont encore ouvertes à la discussion.
Le public est-il consulté dans ce processus ?
Oui. Mais le processus de consultation environnemental fédéral n’a rien à voir avec une enquête en bonne et due forme du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).
Toutes les études environnementales déposées en préparation du projet de 650 millions peuvent être consultées sur le site internet de l’ACEE.
Le 7 février, l’ACEE tiendra une séance publique d’information portant sur le processus fédéral de consultation, à Contrecœur.
Les 27 et 28 février ainsi que le 1er mars, une journée « portes ouvertes » suivie de deux séances publiques d’échanges et de questions-réponses (avec modérateur) sont aussi prévues, toujours à Contrecœur.
Toute personne peut adresser des commentaires écrits sur le projet de terminal du Port de Montréal à l’ACEE jusqu’au 9 mars prochain.