Samwillie Grey-Scott

D’apprenti mineur à leader pour sa communauté

Atténuer le choc culturel des employés inuits, s’assurer qu’ils se sentent les bienvenus et qu’ils puissent progresser dans leur carrière : voilà des éléments cruciaux du travail de Samwillie Grey-Scott. À seulement 26 ans, il est superviseur-formateur à la mine-école de la mine Raglan. Ces gisements de nickel et de cuivre sont exploités par Glencore dans le Nunavik, à plus de 1800 km de Montréal.

Ce n’est pas un hasard si Samwillie Grey-Scott a été promu à ce poste, il y a deux ans. Il sait mieux que quiconque à travers quoi passent les Inuits qui quittent leur communauté pour travailler à la mine qui compte près de 1000 employés. Il est lui-même parti d’Aupaluk, qui compte environ 200 habitants, pour la mine Raglan en 2010, alors qu’il avait 19 ans.

« Je n’avais jamais eu de vrai emploi auparavant, excepté placer des articles sur les tablettes d’un magasin, et j’avais besoin d’un défi », explique Samwillie Grey-Scott en entrevue téléphonique.

Il a donc suivi les conseils de son cousin qui travaillait à Raglan et qui lui disait toujours de postuler.

Il a commencé comme apprenti mineur dans le programme Tamatumani, « second départ » en inuktitut, qui célèbre son 10e anniversaire cette année. Il a comme objectif de favoriser l’embauche d’employés inuits et leur rétention dans l’entreprise.

Gravir les échelons rapidement

Dès le début de la formation de 2800 heures, qu’on peut réaliser en deux ans, Samwillie Grey-Scott a aimé son travail.

« C’est le fun parce que rapidement, on travaille avec l’équipe de production sous terre, avec les mêmes équipements que les autres mineurs, mais toujours en compagnie de son superviseur », explique celui qui a réussi à terminer le programme en 18 mois.

Il a ensuite commencé comme mineur, puis en 2014, comme on a vu qu’il avait beaucoup de potentiel, il est devenu l’un des premiers participants au programme RIDE (Rapid Inuit Development and Employment). En discutant avec le directeur des ressources humaines, il a envisagé différentes possibilités et il est finalement devenu cadre en formation.

« Comme j’avais été formé récemment, je savais très bien ce qui avait été aidant et ce qu’on pouvait améliorer dans la formation. J’avais envie de ce nouveau défi. » — Samwillie Grey-Scott

Ses compétences linguistiques l’ont aussi grandement aidé. Sa langue maternelle est l’inuktitut, son anglais est excellent et son français s’améliore constamment.

Tendre la main

Alors que la société Mine Raglan souhaitait attirer et retenir davantage la main-d’œuvre inuite, Samwillie Grey-Scott a commencé à s’investir particulièrement auprès d’elle. Il a notamment eu l’idée de créer un programme de compagnonnage de six mois pour permettre aux employés inuits à haut potentiel de gravir rapidement les échelons pour atteindre la plus haute position syndiquée sous terre, soit mineur de développement. Un projet qui a reçu l’appui du syndicat.

« Il a vu l’importance de l’initiative parce qu’il y a vraiment peu d’Inuits dans les plus hauts échelons et c’est important d’en avoir pour attirer et retenir la main-d’œuvre inuite », indique Samwillie, qui vit maintenant en Ontario avec sa femme et ses deux filles pendant ses deux semaines de congé chaque mois.

Quelques employés ont déjà suivi le programme de compagnonnage avec succès, et l’initiative se poursuivra.

La mine Raglan atteint maintenant un record d’employés inuits, avec un total de 215, soit environ 21 % de la main-d’œuvre.

« Nous avons des gens des 14 communautés du Nunavik, nous apprenons à nous connaître, nous mangeons ensemble, nous sommes en train de nous créer une communauté ici. Et elle est toujours en train de croître parce que des amis, des cousins, des frères se joignent à nous. Nous avons du fun à travailler ensemble et je crois que cela explique une grande partie du succès des efforts d’attraction. »

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