CHIFFRES

6,2 sur 1000 

Risque d’une personne d’avoir un diagnostic de maladie auto-immune durant une année donnée.

8,1 sur 1000 

Risque d’une personne ayant des frères, sœurs ou parents ayant eu une maladie auto-immune d’avoir un diagnostic de maladie auto-immune durant une année donnée.

9,1 sur 1000 

Risque d’une personne ayant eu un diagnostic psychiatrique lié au stress d’avoir un diagnostic de maladie auto-immune durant une année donnée.

Source : JAMA

maladies auto-immunes

La liste des troubles causés par le stress s’allonge

Le stress augmente le risque de maladies auto-immunes, ont découvert des chercheurs scandinaves. Mais certains antidépresseurs tempèrent ce risque. Ces médicaments, actuellement utilisés pour le syndrome de stress post-traumatique, pourraient être prescrits plus largement aux grands stressés.

Le contexte

« Plusieurs études sur les animaux et quelques études sur des humains ont suscité l’hypothèse que le stress prédispose le corps à contracter une maladie auto-immune, quand le système immunitaire du patient l’attaque sans raison », explique Huan Song, épidémiologiste à l’Université d’Islande, qui est l’auteur principal de l’étude publiée à la mi-juin dans le Journal of the American Medical Association (JAMA). « Mais les quelques études importantes ont été faites sur des vétérans de l’armée américaine pour d’autres raisons et avaient donc des lacunes épidémiologiques. »

La genèse

L’équipe du Dr Song a publié depuis une demi-douzaine d’années plusieurs études exposant le mécanisme possible du lien entre stress et santé physique. « Le bon fonctionnement du système nerveux autonome est enrayé, ce qui cause une inflammation chronique. De plus, on a vu chez les patients atteints du syndrome de stress post-traumatique (SSPT) des niveaux faibles de cortisol, une hormone antistress, ce qui mène à une suractivation et à un vieillissement accéléré du système immunitaire. Nous avons voulu voir s’il était possible de voir ces effets dans une grande population. » L’échantillon était composé de 100 000 Suédois qui ont eu un diagnostic psychiatrique lié au stress entre 1981 et 2013, de 126 000 frères et sœurs de ces patients stressés et de 1 million d’autres Suédois complétant le groupe témoin.

Ce que révèle l’étude

Le stress augmentait de 50 % le risque de maladie auto-immune durant la période de suivi (10 ans en moyenne). Le risque d’avoir plusieurs maladies auto-immunes, lui, augmentait de 130 %. Cela signifie que le stress est particulièrement dommageable pour les gens plus sensibles ou lorsque le niveau de stress est élevé, par exemple avec le SSPT, selon le Dr Song. « Nous avons également vu que les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, une classe d’antidépresseurs, sont particulièrement efficaces pour interrompre le passage du stress aux maladies auto-immunes. Ils sont prescrits contre le SSPT. Le stress à un jeune âge est aussi plus dommageable. »

Et maintenant ?

« Il faut mieux comprendre pourquoi les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine diminuent le risque que le stress mène aux maladies auto-immunes, dit l’épidémiologiste islandais d’origine coréenne. Il faut aussi voir si les mécanismes qui augmentent le risque de maladies auto-immunes chez ceux qui ont un diagnostic psychiatrique en général sont les mêmes que ceux du stress. »

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