Recueils 

L’art du collectif

De nombreux livres collectifs ont été publiés cet automne. Des animaux domestiques au bonheur, les thématiques sont aussi précises que variées. En voici cinq, qui montrent à quel point l’art du collectif peut être réjouissant et intéressant.

Nouvelles autochtones

C’est l’origine des auteurs qui fait le lien entre les nouvelles de ce recueil dirigé par Michel Jean et justement appelé Amun, mot qui signifie « rassemblement » en innu. Les 10 signataires sont tous autochtones, mais ce qui frappe en cours de lecture, c’est la grande diversité des nations représentées – du wendat Jean Sioui à l’innue Naomi Fontaine, en passant par la métisse crie Virginia Pésémapéo Bordeleau – et des sujets qui sont abordés. De la jeune native en peine d’amour de Natasha Kanapé Fontaine à la fugueuse de Joséphine Bacon, on navigue entre le présent et le passé, la mythologie et le réalisme, l’urbanité et la nature. Le résultat est immensément contemporain et ouvre une porte sur un imaginaire pas aussi figé dans le temps qu’on le croit parfois.

Amun

Dirigé par Michel Jean

Stanké, 168 pages

Le bonheur

Depuis des années, l’organisme Les Impatients vient en aide aux personnes ayant des problèmes de santé mentale en leur donnant accès à l’expression artistique. Un des moyens de financement est la publication de livres, auxquels participent chaque fois plusieurs dizaines d’artistes et de personnalités publiques, mais aussi des Impatients. Ce nouveau recueil, relié par une vis en creux inspirée de l’œuvre de Michel Dallaire et pas toujours facile à manier, nous prouve qu’on peut être heureux à toute heure du jour, n’importe quel jour de la semaine. Avec de petits moments tirés du quotidien ou des réflexions toutes simples, ce livre plein de sagesse et d’émotion se parcourt dans l’ordre ou le désordre et nous rappelle que le bonheur tient parfois à bien peu de choses. 

Le bonheur c’est quand c’est l’heure

Collectif

Éditions Les Impatients

Vers le sud

Le sud dont il est question ici, ce n’est ni Cuba ni la Floride. C’est plutôt ce qu’on appelle la « couronne sud » de Montréal, territoire à « géométrie variable », écrit le directeur du recueil Pierre-Luc Landry dans son introduction, qui recouvre une partie de la Montérégie. Ce recueil, sûrement le plus littéraire du lot, nous promène de lieux plus campagnards, comme dans Le dernier été d’Annie Dulong, où une ado planifie sa fuite de Sainte-Martine, à la banlieue pure, comme dans Auprès des moufettes de Nicholas Dawson, qui se déroule dans un Brossard étouffant. Les cinq nouvelles forment un recueil inquiétant et étrange, peuplé de personnages très bien dessinés et fortement ancré dans ce territoire peu exploré dans notre littérature. Couronne sud est la première partie très réussie d’une série intitulée Cartographies, et on a déjà hâte à la suite.

Cartographies 1 : couronne sud

Dirigé par Pierre-Luc Landry

La Mèche, 192 pages

Amoureux des bêtes

Ce petit recueil, dirigé par Florence Meney, est vraiment sympathique. Les six auteurs qui y ont signé une nouvelle sont tous des amoureux des chiens et des chats, et c’est cette relation particulière entre humains et animaux domestiques qui est au cœur de chacune des histoires. Que ce soit avec l’homme en dépression sauvé par l’empathie de son chien dans Noir de Michel Jean ou une histoire d’amour interrompue à cause d’une allergie aux chats dans Le djihad félin du Petit Champlain de Samuel Larochelle, on est tout à tour ému, intrigué et amusé. La palme revient à Florence Meney elle-même qui, avec son inquiétante chienne vengeresse, propose dans Friture louisianaise une histoire à l’humour noir bien relevé qui nous tient en haleine jusqu’au bout.

Comme chiens et chats

Dirigé par Florence Meney

Stanké, 184 pages

Le goût de lire

Jo Ann Champagne a travaillé dans le monde de l’édition et des communications toute sa vie. C’est en pensant à sa mère analphabète qu’elle a eu l’idée de réunir des textes qui rendent hommage à l’acte de lire. Louise Portal, Hubert Reeves, Antonine Maillet et Fernand Ouellette font partie de ceux qui ont accepté d’écrire un texte sur leur rapport à la lecture, aux livres, aux mots. Un ouvrage dense, philosophique, qui ne se lit pas d’une traite et qui aborde son sujet sous une foule d’angles différents, puisqu’il regroupe parmi ses auteurs autant des camelots de L’Itinéraire qu’un linguiste et une libraire. Parce que le goût de lire doit être donné sans partage.

Une incorrigible passion

Dirigé par Jo Ann Champagne

Fides, 394 pages

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