Harvey retrouve son sprint

Alex Harvey avait les poumons en feu, les pulsations dans le plafond et les jambes en béton hier midi en Allemagne. D’excellentes nouvelles pour celui qui peinait à se mettre « dans le rouge » lors des épreuves de sprint depuis le début de la saison.

Le fondeur canadien a renoué avec joie avec ces sensations douloureuses au terme des qualifications de la quatrième étape du Tour de ski, hier, un sprint classique de 1,5 km présenté à Oberstdorf, en Bavière. Treizième de l’exercice, il accédait ainsi aux rondes éliminatoires pour la première fois depuis sa médaille d’argent aux Championnats du monde de Falun, le 19 février.

« C’est un signe que tu as de la vitesse, a-t-il noté quelques heures plus tard au téléphone. Les premiers sprints de l’année, j’arrivais à la ligne et je n’étais pas capable de me faire mal sur un deux-trois minutes. Ce matin, j’ai été capable de me faire mal sur deux minutes et demie. J’étais content que ça revienne. »

Il lui faudra cependant encore un peu de temps avant de retrouver tous ses repères sur le plan tactique. Harvey s’est arrêté dès les quarts de finale, terminant troisième de sa vague. Il s’en voulait d’avoir laissé le champ libre à Petter Northug fils, qui s’est projeté dans sa trace en début de série. Il a recollé au Norvégien avant le sommet de la dernière montée, mais le champion mondial l’a aussitôt éjecté.

« J’ai été un peu trop passif », a analysé l’athlète de Saint-Ferréol-les-Neiges, qui s’est senti « rouillé » et pas assez « agressif ». « Northug a ralenti quand je suis revenu dans ses skis et il a donné un coup juste avant de descendre. C’est un pro pour faire ce genre de changement de vitesse. Ça a créé un écart juste assez grand pour que je ne puisse pas revenir. »

HUITIÈME AU CLASSEMENT GÉNÉRAL

Sans être parfaite, cette journée a permis à Harvey de consolider sa place au classement général à mi-parcours de ce 10e Tour. Quinzième de l’étape remportée par le Norvégien Emil Iversen, il a surpassé le Suisse Dario Cologna pour s’installer au huitième rang.

La possibilité de terminer sur le podium, son objectif de début de Tour, s’est cependant éloignée. Son retard par rapport à la troisième place est passé de 50 secondes à un peu moins d’une minute et demie. Son exclusion des séries éliminatoires lors du sprint d’ouverture à Lenzerheide, le 1er janvier, lui coûte cher.

Sur papier, les quatre dernières étapes, toutes de distance, devraient lui sourire. Il espère que des rivaux comme le Russe Ustiugov (3e), le Norvégien Krogh (4e) ou le Kazakh Poltoranin (5e) auront laissé de l’énergie en participant à la finale d'hier.

« Tout n’est pas en mon contrôle, mais je reste quand même optimiste. À ce stade-ci du tour, il y en a qui prennent parfois un gros coup de fatigue. […] J’ai encore confiance. Je me sens bien. »

— Alex Harvey

La qualité de ses skis pour le sprint lui permet aussi d’anticiper le mieux pour le 14 km départ groupé d’aujourd’hui, toujours en classique. Il visera alors d’empocher un maximum de secondes en bonification lors des deux sprints intermédiaires. Le Tour de ski se terminera dimanche en Italie avec la traditionnelle montée de l’Alpe Cermis, à laquelle Harvey s’attaquera pour la première fois depuis 2012, “gracieuseté” de ses opérations aux artères iliaques subies le printemps dernier.

Valjas le revenant

Pour une rare fois, Alex Harvey n’a pas été le premier Canadien hier. Presque invisible depuis une opération à un genou, Len Valjas a enregistré son meilleur résultat en trois ans en prenant le 10e rang du sprint d’Oberstdorf. « C’est un gros résultat pour moi, a confié le Torontois de 27 ans à Ski de fond Canada. J’étais si proche les deux dernières années. Je skie bien et c’est agréable d’enfin passer la qualification. Je suis heureux d’avoir accédé aux rondes suivantes. Je dois continuer à bien m’entraîner. Je veux revenir au niveau où j’étais il y a trois ans. » Athlète au talent immense, auteur de cinq podiums en Coupe du monde, Valjas n’est pas un modèle d’assiduité à l’entraînement, selon ceux qui l’ont côtoyé. Il sera intéressant de voir si cette prestation le relancera. Pour l’heure, le longiligne sprinter met un terme à son Tour de ski pour participer à une Coupe d’Europe cette fin de semaine en Slovénie.

SKI ALPIN

Gagnon revient parmi les meilleures

En ski alpin, Marie-Michèle Gagnon a décroché son meilleur résultat de la saison en terminant septième du slalom de la Coupe du monde de Santa Caterina, en Italie. « Les choses s’en vont dans la bonne direction, a-t-elle déclaré aux collègues de Sportcom. Au niveau où je suis rendue, c’est le côté mental qu’il faut que j’améliore. Je dois tout donner dans mes courses, attaquer le parcours. » Opérée à une épaule au printemps, celle qui vient du mont Orignal cherche encore à retrouver le niveau qui lui avait permis d’atteindre le sixième rang mondial en 2014.