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MONTRÉAL 

La progression des îlots de chaleur semble s’être arrêtée dans l’île de Montréal. « Le problème était évident à Montréal, on a donc beaucoup travaillé à reverdir là où on avait mis du béton », signale Jean-François Girard, avocat spécialiste en droit de l’environnement. « C’est regrettable de voir que le phénomène s’étend maintenant à la banlieue, c’est même inquiétant », ajoute cependant Christian Savard, directeur général de l’organisme Vivre en ville.

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BROSSARD

Selon Christian Savard, DG de Vivre en ville, le problème des îlots de chaleur en banlieue a deux visages : commercial et résidentiel. Il estime que le Quartier DIX30 à Brossard est un parfait exemple où l’on retrouve beaucoup de « surfaces plates et foncées ». « L’urbanisation n’est pas très brillante en banlieue. On reproduit un peu partout le même modèle avec beaucoup d’asphalte », affirme le Dr Pierre Gosselin, responsable scientifique à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

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MASCOUCHE

À Mascouche, plusieurs projets immobiliers ont vu le jour près des autoroutes 25 et 640. On y retrouve aussi depuis 2014 une gare de train de banlieue et son stationnement de 505 places. « C’est clair que la pression de développement est maintenant dans les banlieues », signale Vincent Moreau, directeur du Conseil régional de l’environnement de la Montérégie. « Les villes pourraient néanmoins faire des simulations, ajoute Christian Savard, DG de Vivre en ville. Si on construit de telle façon, qu’est-ce que ça va donner en matière d’îlots de chaleur ? »

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MONT-SAINT-HILAIRE

Le principal îlot de chaleur qui est apparu à Mont-Saint-Hilaire se situe près la gare de train de banlieue, où l’on trouve aussi un stationnement incitatif de 837 places. Un quartier TOD (Transit Oriented Development) a vu le jour au cours des dernières années avec un millier de ménages. « C’est très bien que le transport en commun se développe jusque dans la banlieue, affirme l’urbaniste Sophie Paquin, également professeure associée à l’UQAM. Mais il faut éviter de construire des projets TOD là où retrouve une banlieue classique. Des mesures correctrices peuvent être apportées par la suite, mais ce serait encore mieux d’avoir une approche globale. »

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COMMENT LIRE LA CARTE ? 

La carte de la région de Montréal utilisée par La Presse a été préparée par Philippe Martin, agent de recherche à Environnement Canada. Il a superposé dans Google Earth deux types de cartes incluant des données sur les îlots de chaleur. Cette carte montre l’évolution de la situation entre les années 2005 et 2013. Les points rouges indiquent des zones qui se sont réchauffées, les points bleus, celles qui se sont refroidies. Le jaune indique une situation qui est restée relativement stable.

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QU’EST-CE QU’UN ÎLOT DE CHALEUR ? 

On fait face à un îlot de chaleur quand l’asphalte et différentes constructions prennent la place de la végétation. Passé un certain seuil, les différences de température peuvent être considérables. Cet écart de température peut atteindre jusqu’à 20 oC entre deux zones proches géographiquement. Plusieurs grandes villes ont décidé de s’attaquer au problème, d’autant que ses effets sur la santé sont maintenant bien documentés.

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LES ÎLOTS DE CHALEUR FRAPPENT LA BANLIEUE

Les îlots de chaleur se répandent en banlieue depuis quelques années. Une carte préparée par Environnement Canada pour La Presse montre que de 2005 à 2013, le phénomène était en nette hausse dans plusieurs villes de la couronne nord et sur la Rive-Sud, tandis qu’il s’est stabilisé dans l’île de Montréal. Zoom sur six villes pour mieux comprendre la situation.

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REPENTIGNY

Les problèmes des îlots de chaleur sont bien connus, tout comme les solutions, mais on continue d’en créer, comme près de l’école Félix-Leclerc à Repentigny, signale Jean-François Girard. On y a construit un terrain de soccer en gazon synthétique et un skatepark. « Le discours de plusieurs villes, c’est qu’il ne faut pas mettre de bâtons dans les roues des promoteurs. Heureusement, le ministère de l’Environnement oblige maintenant les villes à caractériser leur territoire avant de le développer. Maintenant, c’est aux villes de décider, pas aux promoteurs. Les municipalités ont tous les outils pour décider de l’aménagement de leur territoire. »

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La Prairie

La carte d’Environnement Canada montre de nouveaux îlots de chaleur à La Prairie. Des lotissements ont été créés dans plusieurs secteurs de la ville près de l’autoroute 30 au cours des dernières années et de nouveaux quartiers sont aussi en train de naître. « Le vieux modèle de développement de la banlieue est encore omniprésent, martèle Christian Savard. On rase tout et on construit de nouveaux quartiers où l’on plante de nouveaux arbres. Il faudrait au moins planter des arbres matures. Mais le mieux, c’est de conserver la canopée le plus possible. » Selon lui, un quartier mal conçu, même à côté d’un milieu naturel, ne règle pas les problèmes d’îlots de chaleur.

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