L’ordre au quotidien

Le printemps nous donne des envies d’ordre et de ménage. La Japonaise Marie Kondo s’est spécialisée dans le rangement chez les autres, véritable mode de vie pour elle. Son livre, Le pouvoir étonnant du rangement, s’est vendu à 3 millions d’exemplaires dans le monde et figure sur la liste des best-sellers pratiques du New York Times.

Marie Kondo, qui vient d’être choisie comme une des 100 personnes les plus influentes dans le monde par le Time Magazine, excelle dans le rangement depuis qu’elle est toute petite. Elle en était même obsédée. Au point d’en avoir fait sa profession, d’avoir monté une entreprise prospère et développé sa propre technique, la méthode KonMari.

Son approche, considérée par les Américains comme « l’art japonais de désencombrer et d’ordonner », s’apparente selon elle à de la « magie ». « Il s’agit d’un guide permettant d’afficher le bon état d’esprit pour créer de l’ordre et devenir une personne ordonnée », écrit-elle.

ODE AU CLASSEMENT

Dominique Loreau, Française expatriée au Japon, a publié de nombreux ouvrages, notamment sur l’art de la simplicité, de l’essentiel et des listes. Elle reconnaît que les Japonais, plus que les gens de toute autre nationalité, vouent un culte à la propreté comme s’il s’agissait d’une question morale. « C’est influencé par le zen. C’est une question de pureté, de propreté, d’intégrité et d’honnêteté. » À son arrivée au pays, elle en a d’ailleurs fait l’expérience dans un temple zen. Elle faisait le ménage cinq à six heures par jour, lavait les plafonds et même les feuilles des arbres. « C’était un ménage de méditation, à la fin on se sent propre, c’est thérapeutique. C’est une façon de vivre ici. On respecte les autres en rangeant, c’est très profond », indique-t-elle en entrevue depuis Kyoto.

JETER L’INUTILE

Et Marie Kondo ne fait pas dans la dentelle. Quand elle range, c’est une razzia. Sa méthode du premier grand tri consiste à ranger par catégories et non par pièces, du facile au plus difficile : les vêtements, les chaussures, les livres, les papiers, les objets, les photographies.

Le mot d’ordre : jeter. Et que jette-t-on ? Ce qui ne nous émeut pas ou ne nous rend pas heureux. Selon sa philosophie, tout ce qui ne nous met pas en joie doit prendre la direction du sac-poubelle. Par exemple, inutile selon elle d’avoir une catégorie de vêtements moins beaux ou passés de mode pour porter « dans la maison », car ils sont justement trop vieux et n’aident en rien l’image que nous avons de nous-mêmes.

Pour arriver à bien jeter, il faut étaler par terre tous ses vêtements, et ceux de toutes les saisons de manière à tout voir ce que l’on possède pour faire un bon tri. Dans le placard, il faut aussi songer à la symétrie des morceaux pour avoir davantage de plaisir à ouvrir notre garde-robe : les vêtements les plus courts à droite et les plus longs à gauche. 

Dans son livre, Marie Kondo explique entre autres comment plier et ranger « debout » au lieu d’empiler, comment ranger les papiers et surtout quels papiers conserver, comment vider son sac à main ou son cartable tous les soirs, comment ranger les petits objets de tous les jours (monnaies, montre, carte d’autobus, stylos, lettres…). Bref comment acquérir pour toujours une philosophie de l’ordre au quotidien.