L’Impact

L’ascendant mental

Ce sera serré. Crispé même, comme le sont souvent les matchs d’une rivalité.

Les joueurs sont habiles pour vivre dans le présent, mais quelque part dans leur tête, il y a cette place en finale de la Coupe MLS à l’enjeu. Une bataille mentale, c’est à ça que ça se résume en attendant le prochain coup d’envoi. Ce n’est pas un cadeau, mais ils y sont habitués. N’empêche que la nervosité ne fait qu’augmenter dans le cœur du partisan montréalais – ainsi que dans le for intérieur de l’ex-joueur devenu commentateur.

À ce rythme, le père Noël a intérêt à glisser une nouvelle balle anti-stress au lieu d’une orange dans un des bas qu’on était censé accrocher le week-end dernier au manteau de cheminée. En réalité, l’Impact nous garde trop occupés, ainsi qu’un brin trop énervés, pour qu’on puisse se focaliser sur les décorations de la période des Fêtes. De toute façon, la maison n’a même pas de foyer. Bref, ici, les enfants ont bien compris qu’ils devront attendre à jeudi avant de mentionner que le sapin est toujours rangé...

Énervés ? Oui. Parce que l’avance est précaire. Et aussi parce que Toronto s’est emparé de l’ascendant en marquant ses deux buts à l’étranger. Pas le temps de paniquer, il faut se le rappeler, mais il devient angoissant de revoir ces séquences où Hernán Bernardello rampe par terre pour empêcher Steven Beitashour de centrer, ou bien celle où Victor Cabrera se fait « enfarger » par-derrière avant le tir bien placé de Michael Bradley. Il y a aussi de quoi être ébranlé quand on repense à la mine déconfite de Dominic Oduro en fin de soirée et à cet adieu à Didier Drogba empreint de morosité. De là le besoin de se changer les idées avant la reprise des hostilités.

Giovinco, Bradley, Altidore...

Même les joueurs l’ont encore en travers de la gorge : « Les deux goals [de Toronto], on doit jamais les prendre », estimait hier après l’entraînement Laurent Ciman. Sur le plan tactique, le Belge va droit au but : l’Impact doit couper le lien entre Sebastian Giovinco et Bradley. Or, ça, les coéquipiers du Liégeois le savaient déjà. En fait, outre leurs routines respectives à la salle de musculation, il y a peu de choses que les joueurs des deux équipes ne connaissent pas les uns des autres.

C’est entre les deux oreilles des 22 joueurs sur le terrain que le duel le plus significatif sera disputé. L’Impact, ne l’oublions pas, a toujours l’avance au tableau indicateur. Mais d’un point de vue mental, on a du mal à chasser l’impression que Toronto a repris les devants. Or, on n’est jamais à l’abri d’un nouveau renversement.

Ainsi, même si on nous raconte assez souvent que c’est quelque chose qu’ils ne contrôlent pas, on constate de part et d’autre une tentative d’influencer l’état d’esprit des officiels. Ce n’est pas en vain qu’un Hassoun Camara prend la peine de déclarer qu’il a l’impression de devoir se battre contre un traitement privilégié quand il est question d’un joueur comme Giovinco ou d’un colosse comme Jozy Altidore. Aurait-on tiré une leçon des complaintes médiatisées de la part de certains rivaux à l’égard de Drogba ?

« Je pense qu’on a vu qu’il y avait faute », jugeait quant à lui Ciman à propos du geste d’Altidore contre Cabrera sur le deuxième but torontois. « Il devrait lever plus de poids pour pouvoir rester sur ses pieds », argumentait de son côté l’attaquant américain. « Cabrera va répondre sur le terrain », a tranché Mauro Biello, suspendant du coup cette guerre de mots sans ressortir son credo sur la fameuse maîtrise des émotions.

Répondre sur le terrain, ce serait quand même le meilleur moyen de faire oublier le relâchement collectif du onze montréalais lorsqu’il avait une avance de trois buts à zéro au Stade olympique. Certes, Greg Vanney a eu la main heureuse avec ses changements lors du match aller, effaçant en partie un début de match pitoyable. 

La fatigue physique était en cause du côté des hôtes. Pourtant, c’est surtout psychologiquement que l’Impact a fléchi et que les dégâts doivent être réparés.

Si la solution pourrait bien venir du banc, comme l’écrivait hier le collègue Pascal Milano, il reste que c’est avec son onze partant que Biello a franchi les étapes menant son équipe à un match de la finale. Une finale pour laquelle on met déjà des billets en vente à Toronto, en plus de consulter les prévisions de la météo... Quelque chose me dit qu’on perdrait notre temps à leur rappeler que ce onze partant excelle quand on ne donne pas cher de sa peau.

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