Industrie de la construction

Les heures de la grève sont comptées

Les députés de l’Assemblée nationale seront appelés à se prononcer sur une loi spéciale demain matin, si les négociations entre l’Alliance syndicale et la partie patronale n’aboutissent pas d’ici là. Québec entend mettre un terme à la grève générale illimitée qui sévit dans le domaine de la construction depuis mercredi dernier.

« J’invite les parties à négocier pour en arriver à une entente », a déclaré la ministre du Travail, Dominique Vien, lors d’un point de presse, hier soir. « Chaque heure de ce conflit représente près de 2 millions de dollars en pertes pour l’économie québécoise. »

La ministre a convoqué les députés à 9 h 45, demain matin, et le processus menant à l’adoption d’une loi spéciale pour forcer le retour au travail des travailleurs de la construction s’enclenchera. La ministre a rappelé que la négociation avait commencé à l’automne dernier et que la grève faisait perdre à la province 45 millions par jour en retombées économiques.

Plainte en justice

Plus dans la journée, l’Alliance syndicale avait annoncé qu’elle déposerait une plainte judiciaire demain matin contre l’Association de la construction du Québec (ACQ) et son négociateur, Dominic Proulx, pour négociation de mauvaise foi.

L’Alliance estime que l’ACQ a déposé une offre « arrogante », vendredi soir, à la table des secteurs tant institutionnel et commercial qu’industriel et clame que ladite offre les « ramène en arrière de plusieurs semaines ».

« L’ACQ a menti aux négociateurs, aux médias et à la population en disant qu’ils retiraient leurs clauses sur la conciliation travail-famille. Le représentant de l’ACQ a dit qu’il allait prendre tous les moyens pour atteindre son but et qu’au pire, il l’atteindrait par une loi spéciale », a expliqué dans un communiqué Michel Trépanier, porte-parole de l’Alliance syndicale.

Surprise de cette sortie publique, l’ACQ « déplore l’attitude de l’Alliance syndicale, qui avait pourtant promis un silence radio pour que tout le monde se concentre sur la négociation ». Le porte-parole de l’ACQ a souligné que l’Alliance pouvait toujours réexaminer l’offre initiale qu’elle lui avait présentée dans la nuit de mardi à mercredi.

« Il y avait dans cette offre des mesures de conciliation travail-famille. Si l’Alliance souhaite reprendre les discussions sur la base de celle-ci, nous n’avons aucune objection, a commenté Éric Côté, porte-parole de l’ACQ. Nous avons fait cette proposition dans l’espoir d’éviter une grève et nous sommes convaincus qu’elle pourrait aussi éviter une loi spéciale. »

Poursuite des négociations

Les parties, qui ont interrompu les discussions en milieu d’après-midi, hier, se sont donné rendez-vous à 10 h pour une ultime tentative de s’entendre avant le recours à une loi spéciale.

« Cette loi spéciale, c’est une boîte à surprise. On nous a garanti que ça ne serait agréable ni pour nous ni pour l’Alliance. Ça nous prend une entente. Chaque heure compte et nous, tant qu’il y aura quelqu’un de l’autre côté de la table, on va être là », a dit M. Côté.

La grève des 175 000 ouvriers de la construction du Québec en est aujourd’hui à sa cinquième journée. Elle concerne les ouvriers des quatre secteurs de l’industrie de la construction : résidentiel ; génie civil et voirie ; institutionnel et commercial ; industriel.

Hier soir, la FTQ-Construction a invité ses membres à manifester contre la loi spéciale avant même qu’elle ne soit adoptée.

« Lundi le 29 mai, mobilisons-nous pour dénoncer haut et fort le dépôt d’une loi spéciale par le gouvernement Couillard. Rendez-vous à midi au parlement de Québec pour une grande manifestation », peut-on lire sur le site internet de l’organisation.

— Avec La Presse canadienne

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