Réaction des députés provinciaux

Un budget « décevant » et « insultant »

QUÉBEC — Le gouvernement Couillard est « extrêmement déçu » du budget fédéral d’hier, qui reste muet sur les projets d’infrastructures de transports collectifs pour lesquels le Québec attend une contribution financière d’Ottawa.

Le budget déposé hier aux Communes ne souffle mot du Réseau électrique métropolitain (REM), du prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal et du SRB, réseau de bus rapide que l’on envisage pour la ville de Québec. « On est extrêmement déçus, on aurait apprécié plus de clarté », a souligné le président du Conseil du trésor Pierre Moreau, réagissant au budget Morneau avec son collègue des Finances Carlos Leitão. Tout au plus, Ottawa cite le REM comme un exemple. « Mais nous attendions un signal clair qu’on ne retrouve pas », a indiqué M. Moreau, qui espère entendre les 40 députés québécois du Parti libéral du Canada aux Communes sur ces oublis du budget.

La veille, le premier ministre Couillard avait dit espérer des précisions sur toutes ces initiatives. Il voulait en outre une indication sur les intentions d’Ottawa quant au siège social d’une future Banque de l’infrastructure – le budget reste muet sur cette question. Pour M. Leitão, avec l’expertise de la Caisse de dépôt à Montréal, « on comprendrait mal que le gouvernement fédéral ne favorise pas Montréal pour l’implantation de cette banque ».

Selon M. Leitão, force est de constater que le budget contient « très peu de mesures, cela reflète une capacité d’intervenir limitée ». Certains aspects positifs, tout de même : la reconnaissance de l’asymétrie et l’insistance d’Ottawa sur les questions de formation et d’innovation.

Pour M. Moreau, le budget confirme la somme de 81 milliards sur 10 ans pour les infrastructures sociales, une annonce de la mise à jour économique de l’automne dernier. « Mais la réjouissance s’arrête là. Il n’y a pas de détails sur les sommes prévues pour le Québec. Pas davantage de détails sur les infrastructures de transport, d’éducation et de santé, 50 % du programme québécois d’infrastructures. » 

Québec n’a pas d’indications que les priorités d’Ottawa sont arrimées aux siennes.

Du côté du Parti québécois, Nicolas Marceau voit un budget « insultant » pour le Québec. Pas un mot sur les mesures d’aide aux producteurs de fromages fins ou pour tendre une perche à l’industrie du bois d’œuvre, malmenée au Québec. « La seule contribution de ce budget à l’industrie forestière, c’est le papier sur lequel il est imprimé », a soutenu le député Marceau.

En revanche, relève-t-il, Ottawa a senti le besoin d’allonger 100 millions pour aider l’industrie automobile ontarienne.

« Le Québec contribue 60 milliards par année aux coffres fédéraux, et je ne trouve rien dans ce budget pour le Québec », a ajouté M. Marceau.

Pour la Coalition avenir Québec, François Bonnardel a souligné que ce budget « est l’illustration parfaite du manque de leadership du premier ministre Philippe Couillard pour défendre les intérêts des Québécois. Il n’y a absolument rien pour le Québec dans ce budget, parce que M. Couillard n’a pas été en mesure de porter ses demandes avec aplomb ».

Le gouvernement du Québec ne sait toujours pas si Montréal pourra accueillir la Banque de l’infrastructure du Canada, ce qui engendrerait la création d’une centaine d’emplois de qualité, relève aussi le caquiste.

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